Marc Fichel, le Dandy du Carreau

Marc Fichel, le dandy du carreau - Paris Bazaar

L’histoire de Marc Fichel est celle d’un garçon singulier aux talents pluriels, qui partage sa vie entre la pomme de terre et la belle chanson.

On l’avait croisé il y a quelques saisons. Sur d’autres ondes, sous d’autres cieux. C’est l’amie Dominique Cantien, légendaire productrice de télévision et grande dénicheuse de talents, qui nous avait soufflé son nom à l’oreille. On avait partagé son enthousiasme pour ce garçon chanteur portant le chapeau comme personne, à la simplicité presque anachronique en ces temps d’égos tapageurs et hypertrophiés. Marc Fichel nous racontait sa vie aux halles de Rungis, dont il brossait le portrait tendre et poétique, humain et fraternel.

Tout à la fois vendeur professionnel de pommes de terre et artisan de la chanson, il menait déjà deux vies et se distinguait des galériens habituels de la ritournelle. Chez lui, pas de poses convenues ni de colères creuses mais une douceur sans mièvrerie et l’élégance courtoise de ceux qui avancent paisibles, sûrs de leurs chemins. Le temps d’un mini concert, qui avait achevé de nous convaincre, on s’était vaguement donnés rendez-vous. On n’aura finalement pas su attendre dix ans avant de se retrouver. Tant mieux. Ce jour là, Paris broyait du gris et du froid. Marc Fichel nous attendait, solaire comme un printemps précoce. L’occasion ou plutôt la chance de reprendre le fil de l’échange.

« J’ai toujours fait de la chanson. Petitavec mon père, on jouait du piano à quatre mains, voire à six avec mon frère. Tous les week-ends, on faisait des boeufs… mais jamais, je n’aurais pensé en faire un métier comme je le fais aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui, je considère que c’est mon second métier donc j’ai deux métiers dans la vie ! Et j’espère en n’avoir bientôt plus qu’un seul. J’ai vraiment compris que je ne voulais faire que ça. C’est mon oxygène. Faire de la musique pour plus que ma famille et moi-même, c’est juste magique ! Le problème, c’est que c’est de l’adrénaline… quand on commence, on ne peut plus arrêter. On est obligé de remonter sur scène !! »

C’est donc ce qu’il a fait. Assurant, redoutable privilège, les premières parties de Renaud ou d’I Muvrini. Ou plus original encore, en donnant un concert sur ses propres terres, au carreau des halles de Rungis. Un moment incroyable dont sa manageuse, la très efficace Maguy Trojman-Perez, a eu l’idée un peu folle et tout à fait géniale.

©Jean-Marie Marion

Dans ses chansons, Marc Fichel raconte ce qu’il voit, ce qu’il entend. Simplement. Chroniqueur amusé parfois, curieux souvent et toujours sensible de l’ordinaire, il part des images que lui renvoie le théâtre de la vie. Il s’inscrit ainsi dans la belle tradition des auteurs pour qui une chanson est d’abord une histoire. Un plan séquence cinématographique de trois minutes, avec son décor, son ambiance, son intrigue et ses personnages. Viennent ensuite les mélodies qu’il compose sur son piano. Sans jamais les écrire. La musique est chez lui intuitive. D’autres se chargent d’en tracer les partitions.

Lucide sur les contours abrupts et tellement incertains du métier de chanteur, « Quand on est en haut, la seule peur c’est de descendre. Quand on est en bas, c’est de ne jamais arriver en haut », il est tout aussi conscient des fragilités qui font de lui l’homme qu’il est devenu.

« Quand on est artiste, on est angoissé en permanence… étant juif ashkénaze, je suis un double angoissé ! (rires) On dit que c’est souvent la troisième génération qui porte sur ses épaules le poids de la Shoah… c’est pas faux, c’est même très vrai. Je suis même plus angoissé que mes parents. C’est pour ça aussi que je fais beaucoup de choses… Et une anecdote, je me suis rendu récemment en Allemagne pour le plus gros salon au monde des fruits et légumes. Va savoir pourquoi, j’achète à l’aéroport le dernier prix Renaudot, la Disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez. Et je réalise d’un seul coup, voilà, tu es dans l’avion pour Berlin et tu lis la disparition du docteur Mengele  (rires)j’ai rigolé tout seul !!… Mais de toute façon, l’artiste très heureux qui compose, j’y crois pas. C’est quand on est torturé qu’on est au top ! »

Marc Fichel a ainsi la légèreté apparente des hommes complexes et profonds. Ses chansons d’un classicisme de belle facture ne sont pas forcément dans les airs du temps, elle font pourtant de lui un artiste indémodable. L’équipe artistique qui s’est réunie autour du dernier opus de Véronique Sanson vient d’ailleurs d’avoir le gros coup de coeur et lui a proposé de se pencher sur son prochain album. Mais chut, c’est tout frais, encore un peu tôt.

On en déduit seulement qu’on le reverra un jour au l’autre.

Bientôt. Sûrement. Vivement !

O.D

Les chansons de Marc Fichel, vous les découvrez ICI

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