Pascale Morin et ses porcelaines émouvantes de naturel

Quand Pascale Morin sculpte, le temps se fige et la nature se sublime. La 8é édition de Seiziem’Art, le week-end prochain, sera pour vous la belle occasion de la découvrir.

Ce sont des fleurs épanouies ou flétries comme la rose de Ronsard avant ou après le poème, des nichoirs qui attendent l’oiseau de conte de fée, des coraux paraissant sortis du lagon ou des coquilles d’oeuf éclos du jour. D’une étonnante finesse, éclatantes de blancheur, jaillissantes, effervescentes, sensuelles ou tourmentées, elles trompent l’oeil et invitent à la caresse autant qu’à la rêverie. Ce sont les sculptures en porcelaine de Pascale Morin.

Pascale est plasticienne, sculpteur, et sans doute un peu plus que ça encore. À contempler ses oeuvres, on se demande si elle n’est pas aussi et tout à la fois l’auteure et l’interprète d’une partition qu’elle aurait pris le temps de composer avec la nature. Un quatre mains impossible et beau comme un miracle. C’est elle, en tout cas, qui l’inspire. Depuis toujours.

« Ce n’est pas seulement la nature, c’est le concept même de la nature qui m’attire. La mer, le vent, le soleil , la pluie, les grains de sable… Quand on est artiste, je pense que chaque moment de la vie est un moment artistique. On peut être inspiré par n’importe quoi. Un instant, une goutte de pluie. Ce qui m’inspire, c’est la fragilité et en même temps cette énorme résistance que j’arrive à reproduire dans mes porcelaines. » 

©Jean-Marie Marion

Au début de son parcours artistique, il y eut d’abord le dessin, sur papier. Ensuite, le volume. C’est en apprenant la céramique que Pascale Morin s’y est initiée. Après encore, est venu le temps du gré au grain plus dense. Au fil des années, elle est revenue à ses premiers motifs, végétaux, minéraux et floraux et a souhaité s’initier à la porcelaine, plus proche de ce qu’elle souhaitait faire, plus en phase avec ce qu’elle avait à coeur de traduire.

« La rencontre avec cette terre a été décisive. Elle est très spécifique, très originale. En même temps, très compliquée à travailler. En fait, il faut qu’elle soit bien lunée ! Comme nous ! (sourire) C’est une terre de caractère. Si elle n’a pas envie d’être travaillée ou si vous la travaillez mal, elle ne vous donnera pas le résultat que vous escomptez. Donc, c’est un échange permanent. Et ça me correspond très très bien. Elle n’a pas bon caractère mais on va dire qu’elle est assez proche de moi !! (rires) C’est une vraie rencontre, voilà ! »  

Du genre fusionnel, la rencontre. Pour une relation quasi exclusive. Pascale a en effet consacré à cette porcelaine exigeante et susceptible ses jours et ses nuits, elle a même mis tous ces autres travaux entre parenthèses. Délaissant gré et papier, elle s’est donnée à la transparence de cette argile métisse, mélange alchimique de quartz, feldspath et kaolin, qui en échange a livré tous ses atours. Matière et sculpteur ont ainsi appris à s’apprivoiser et à dialoguer. De ce dialogue créatif et fécond, sont nées des créations admirables, fortes et fragiles. Épurées. Émouvantes. Uniques.

« Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion du vivant. Où que je sois, j’ai un carnet, un petit crayon. Parce que la création, elle peut arriver à n’importe quel moment de la journée. Je fais une photo, j’écris trois mots, ça débute alors sur une idée. Ou je démarre tout de suite, je trace un croquis, parfois même sur un ticket de métro ! (rires) Des fois, c’est urgent,  je reprends le jour même. Et puis, il y en a d’autres, je mets des formes sur mon carnet et un moment, ça va arriver… c’est la magie de la création. C’est un travail sur l’émotion… Je le sais, quand la pièce partira, elle emportera un peu de moi. »

De ses fugues bretonnes, entre Paimpol et Saint-Brieuc, sa lande natale, Pascale Morin revient souvent chargée de trésors éphémères. Fleurs, tiges, coquillages, autant d’images volées au temps qui fâne et qui viennent par milliers coloniser son smartphone. « Ce qui passe dans les yeux passe dans les mains », elles viendront nourrir aujourd’hui ou demain ses prochaines créations.

Passée il y a dix ans du 11é au 16é, elle a sans doute emporté avec elle une part de l’anticonformisme et de l’irrédentisme qui longtemps furent la signature de cet illustre arrondissement parisien. Ce qui explique, qui sait, qu’elle soit aujourd’hui présidente de l’association Seiziem’Art. Regroupant une cinquantaine de plasticiens, céramistes, photographes, ébénistes, Seiziem’Art  vous ouvre ce week-end les portes de la création.

Vendredi, samedi et dimanche, il vous sera offert d’aller à la rencontre de tous ces artistes, dans leurs ateliers. Le temps d’une déambulation curieuse et singulière, l’occasion de tordre le cou à cette idée bien ancrée qui veut que le 16é ne se résume qu’à sa caste consulaire et à son entre-soi cossu. L’opportunité, surtout, de vous faire du bien en découvrant du beau.

O.D

Demandez le programme, la 8é édition de Seiziem’Art, c’est Ici !!

Et pour découvrir les oeuvres de Pascale Morin, c’est

 

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