C’est l’évènement rock de cette fin d’année ! The Cure nous revient avec un nouvel album. Comme le bon vin, il a juste pris son temps. Celui d’un grand cru !
Putain, 16 ans ! The Cure n’avait pas sorti d’album depuis 4:13 Dream en 2008 et là, d’un coup, l’album tant attendu par les fans s’intercale dans les bacs et atterrit, sans crier gare, sur nos platines.
On sait que Cure n’a pas chômé durant tout ce temps avec de multiples tournées, avec des concerts qui durent en moyenne trois heures, plusieurs participations et productions de Robert Smith à droite et à gauche, mais bon, plus personne ne croyait à nouvel opus.
Jusqu’à ce jour béni, instant de grâce, où nous avons pu étreindre de nos doigts fébriles Songs Of A Lost World. Avec sa pochette sur laquelle figure « Bagatelle », œuvre de l’artiste slovène Janez Pirnat représentant un visage qui disparait dans la pierre.
Depuis des années, Robert Smith le promettait. C’était même devenu une sorte de blague lors de chaque nouveau morceau interprété durant les différentes tournées du genre « mais ouais, ce sera dans le prochain album, tu sais, celui qui doit sortir euh… un jour ! ».
Robert Smith et ses acolytes ont décidé de prendre leur temps, et bien leur en a pris. Rien qu’à l’écoute d’Alone, morceau qui ouvre l’album, on ne peut que penser à Plainsong ou à Prayers For Rain sur Disintegration, album sorti en 1989.
Il faut dire que le groupe n’avait pas enregistré un disque aussi sombre depuis Bloodflowers en 2000. Une noirceur aussi inspirée par les décès, quasiment coup sur coup, des parents et du frère ainé de Robert Smith. Inspiré aussi par la mort du sculpteur Janez Pirnat, en 2021, dont Robert Smith a hérité de la désormais célèbre sculpture. Tout ça mis bout à bout, c’est du lourd.
C’est sans doute pour cela que Robert Smith s’interroge sur le monde qui nous entoure, sur la mort d’un proche, sur And Nothing is Forever avec sa longue intro renforcée par les nappes de claviers glaciales jouées par l’excellent Roger O’ Donnell, tout juste sorti d’un cancer après onze mois de traitement intensif. Un morceau pas si inconnu puisque joué lors de la dernière tournée mondiale.
Un grand cru
Sur les titres qui composent cet album, il est très difficile d’en sortir particulièrement un, tant la qualité est au rendez-vous. Warsong, dont l’intro n’est pas sans rappeler Untitled, toujours extrait de Disintegration, avec une basse que Simon Gallup martèle, et combat quasiment, avec son médiator dans la main droite, est à la fois agressif et d’une noirceur absolue.
La basse est aussi maltraitée sur Drone:Nodrone. Et là, évidemment, on pense à Fascination Street (toujours sur Disintegration), même si la façon de chanter de Smith, toujours extraordinaire, en est très loin.
Finalement, la chanson qui se retient le plus est peut-être I Can Never Say Goodbye, jouée aussi lors de la dernière tournée et sur laquelle il arrivait parfois au chanteur de lâcher quelques larmes, puisqu’elle décrit simplement la nuit durant laquelle Robert Smith a appris la mort de son frère, Richard, le 13 novembre 2018.
Une histoire incomplète
Cet album a beau être extrêmement sombre, il n’en est pas moins une réussite totale. Huit titres, dont la plupart déjà joués sur scène, moins de cinquante minutes, avec Endsong, morceau fleuve de plus de 10 minutes qui clôture l’album.
The Cure n’a pas sorti un bon album mais plutôt une merveille. Preuve en est, la semaine de sa sortie, le 1er novembre, il s’est classé directement N°1 des ventes en Angleterre. Ce qui n’était pas arrivé depuis 1992 au groupe formé à Crawley, avec l’album Wish.
Songs of A Lost World est aussi arrivé directement à la première place dans de nombreux pays dont l’Autriche, la Belgique, l’Allemagne ou encore chez nous, en France.. si si ! Alors, retour en noir certes, mais retour gagnant ! Il aura juste fallu attendre. Juste un peu.
Et l’histoire n’est pas encore terminée puisque même si Robert Smith a annoncé la fin de Cure en 2029, il aura alors 70 ans, il devrait y avoir encore deux ou trois nouveaux albums d’ici là, ainsi que quelques tournées.
Laurent Borde
Songs of A Lost World, le 14é album studio de The Cure, paru chez Polydor.
Et après le plaisir des yeux, le bonheur des oreilles !
- Alone
- And Nothing Is Forever
- Warsong
- Drone:Nodrone
- I Can Never Say Goodbye
- Endsong