On connaît bien les disques de Bénabar. On le connaît moins sur scène. Passage en revue à l’occasion de la sortie de son nouvel EP.
En novembre 2018, Bénabar montait sur la scène du Grand Rex. À cette occasion, le chanteur enregistrait sa prestation. Disons-le tout de suite, ce disque n’est pas un album à proprement parler. C’est un six titres live avec des morceaux réarrangés.
Évidemment, tout le monde connaît les morceaux de Bénabar. La preuve avec Quatre Murs Et Un Toit, où le public interprète à l’unisson la fin du morceau. Un titre enregistré avec des arrangements quasiment country, qui ne dénaturent aucunement ces paroles d’un réalisme fou. Car oui, ce qui caractérise les morceaux de Bénabar, c’est leur réalisme.
Contrairement à certains pseudo artistes (non je n’ai pas parlé de Stromae), lui n’essaie pas d’imiter qui que ce soit. Bénabar a son propre univers, sa vraie personnalité. Ses textes sont parfois d’un réalisme terrible. Difficile de résister quand il interprête Je Suis De Celles uniquement accompagné d’une guitare sèche. La voix est douce, la guitare discrète. Ici, pas de faux semblant ! On la joue vraie ! Preuve encore avec Chevaliers Sans Armure. Simple piano voix déroutant qui ne peut pas laisser de marbre. Une chanson très noire, sombre. Qui glace le sang et suscite le respect.
Chaque morceau est un scénario. L’Effet Papillon, arrangé version pompe 70’s, est surprenant avec son passage à la clarinette qui va jusqu’à rappeler Higelin. D’ailleurs Bénabar prend alors des intonations de «Crabouif» (surnom d’Higelin au début des années 70). Sa voix devient rauque et s’éraille presque naturellement. Le clin d’oeil est plutôt bien fait.
Deux orchestrations sont plutôt surprenantes. Celles de Feu De Joie et du Dîner. Feu De Joie, qui entame ce mini EP, surprend avec ses quelques bidouillages électroniques et sa fin mâtinée de cuivres, qui semblent très inspirés par Marc-Antoine Charpentier ou Henry Purcell, sont extrêmement bien vus. La batterie durcit légèrement le morceau sans pour autant le dénaturer. La basse est quasiment funk et rend le tout parfaitement fluide et cohérent.
Le Dîner, même s’il ressemble à la version studio, diffère tout de même grâce à l’énergie que le morceau dégage. Un orgue, des cuivres, des choeurs masculins qui viennent renforcer la voix de l’Artiste. Tout y est pour assurer l’ambiance. Le synthé du début pourrait même faire penser à un générique télé des années 70. Il est évident que cela ne semble pas innocent, tant le chanteur est influencé par ces années et les années 80.
Alors oui, Bénabar peut agacer. Il a même des ennemis célèbres, comme Frédéric Beigbeder qui le rhabille pour l’hiver dans son roman Une Vie Sans Fin. Bénabar avait pour sa part qualifié l’écrivain notamment de «parasite médiatique» et de «petit marquis poudré parisien». Mais Bénabar peut être aimé, voire adoré, par des gens biens comme Richard Kolinka (batteur de Téléphone et des Insus), ou Patrick Pelloux (médecin urgentiste, ex chroniqueur de Charlie Hebdo).
Une certitude : qu’on l’aime ou pas, ce mec a vraiment du talent. Il ne feint pas. Quand il est sur scène, c’est son âme qui respire, pas son portefeuille à l’inverse de… Non, n’insistez pas, je ne balancerai personne cette fois ! Va falloir que j’arrête de me faire des ennemis… Bref… Certains vont dire que Bénabar ne s’est pas foulé en sortant un mini EP de «seulement» six titres. Ben c’est vrai! Sauf que Le Début De La Suite, son dernier album, est sorti le 30 mars et que ces six titres tiennent la route !
Là où d’autres artistes se contentent de remplir un contrat de maison de disques, Bénabar nous fait partager une autre de ses facettes. Celle de showman et véritable artiste de scène. Faut dire qu’il est constamment en tournée et ne semble jamais s’arrêter, entre tournages de films, compositions de chansons, tournées. Benabar aime son métier. Il aime le public. Il savoure ces précieux instants. Et ça se ressent !
Bénabar est un artiste incontournable de la scène française. C’est mérité ! Ecoutez ! Vous passerez un bon moment !
Laurent Borde
Bénabar, Live-Grand Rex 2018, uniquement en téléchargement
En concert tout l’été avec un passage par l’Armada de Rouen le 9 juin et aux Francofolies de La Rochelle le 14 juillet.