Christophe s'est donc éteint la nuit dernière. Nul ne sait si, là-haut, il a déjà pu goûter aux Paradis Perdus. En bas, comme tant d'autres, un ami à lui n'a pas dormi. Il lui a écrit cette lettre. Il s'appelle Jean-Pierre Dionnet. Et il se souvient.
"Chris,
Tu es parti comme un Tzigane, comme un voleur de poules, alors que tu avais encore "plein de trucs à faire". J'y croyais encore hier, mais ton parolier sur l'album maudit, Samouraï, avec, avant, le Cimetière des Baleines, Boris Bergman, prophétique, était plus pessimiste...
Tu avais trouvé le succès que tu voulais... tard. Toi qui t'étais enfui après Aline, pour ne pas devenir « idole des jeunes », tu t'étais créé une dynastie où tu étais "le dernier des Bevilacqua", rital, quatrième génération d'immigrés du Frioul. Entre Johnny, Eddy et Dick Rivers, celui que tu préférais, c'était Dick, "le plus élégant", du Sud aussi. Et qui lui aussi voulait "fare l'Americano".
Tout le monde connaissait les Paradis Perdus ou les Mots Bleus. Jean-Michel Jarre était ton parolier parfait. Tu les chantais toujours, triturées, presque exsangues. Et j'ajouterais juste, les temps s'y prêtent, que tu inventoriais désormais les Vertig...
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