Une légende s’est remise au travail, une étoile s’est éteinte. Paul McCartney nous est revenu, Alexi Laiho s’en est allé. Contrasté, ce début d’année.
L’année 2020 s’est enfin envolée. Des fois que ça nous aurait manqué, elle a tout de même tenu nous à nous laisser son coronavirus, ses masques, ses interdictions variées et multiples. On n’aura jamais assez de mots pour lui dire m… . Heureusement, pour bien commencer l’année nouvelle, Paul McCartney débarque.
Son nouvel album, sobrement intitulé McCartney III, sorti le 18 décembre, fait référence à deux autres albums : McCartney sorti en 1970, et McCartney II sorti en 1980. Comme pour ces deux premiers albums de la trilogie, l’ex-Beatles écrit, chante, joue de tous les instruments et produit l’album.
Au début de 2020, en plein confinement, McCartney s’enferme en studio pour enregistrer deux titres pour un film d’animation produit par son ami Geoff Dunbar. Il en ressort, plusieurs semaines plus tard avec onze titres propres et neufs. Dire qu’il a tout fait tout seul n’est en réalité pas tout à fait exact puisqu’il était entouré de deux personnes, un ingé son et un technicien.
Pour la partie instrumentale, McCartney a juste demandé au guitariste Rusty Anderson et au batteur Abe Laboriel Jr, qui l’accompagnent régulièrement depuis l’album Driving Rain sorti en 2001, de lui donner un coup de main sur le très rock Slidin’. Autre personnage que l’on retrouve crédité sur le disque, George Martin.
Non, le « cinquième » Beatles mort en 2016 n’est pas revenu d’outre-tombe. Pour Winter Bird/When Winter Comes, qui clôt ce dix-huitième album solo, McCartney a repris ce titre qui roupillait dans les tiroirs depuis son enregistrement en 1997, le même jour qu’un autre morceau Calico Skies, lors des sessions de Flaming Pie, album produit par George Martin. Cette chanson devait, à la base, être un morceau bonus pour la réédition de Flaming Pie avant, finalement, de figurer sur cet opus.
Pour McCartney III, la légende vivante du rock a quasiment travaillé comme un artisan. Il n’y a qu’à écouter la fin de l’excellent Long Tailed Winter Bird, morceau bien barré, pour entendre McCa poser ses baguettes de batterie, retirer son pied du charley, et commencer à parler.
Il y a aussi The Kiss Of Venus, où on imagine McCartney assis tranquillement avec sa guitare, un micro devant lui, dans la pénombre. Lavatory Lil, pour sa part, ressemble tellement à un morceau des Beatles qu’on en vient à se demander si Paulo ne se laisse pas gagner par la nostalgie de ses jeunes années et surtout, s’il n’aurait pas envie de retrouver Ringo Starr pour une énième parade.
Si Deep Deep Feeling joue avec l’électronique, preuve que McCa reste en phase avec son époque, il nous rappelle avec Find My Way qu’il trouve toujours son chemin. Vers le studio ? Vers sa banque ? Vers la mer ?
Même si la voix faiblit de plus en plus et donne l’impression qu’il a parfois enregistré avec une belle trachéite, ce McCartney III est un grand cru. À 78 ans, Paulo prouve encore qu’il reste un grand artiste, légendaire et inégalable.
Pendant ce temps-là, en Finlande, l’atmosphère s’est davantage refroidie et assombrie. À 41 ans, Alexi Laiho, guitar hero et leader de Children Of Bodom est parti pour une destination éternelle.
Malade depuis plusieurs années, le charismatique chanteur du groupe de metal finlandais était aussi un homme entier. Il avait décidé de brûler la vie par une multitude d’excès divers et variés qui l’avaient déjà conduit à l’hôpital. Musicien passionné, il avait décidé de créer un autre groupe, Bodom After Midnight, après le départ, fin 2019, de trois des membres fondateurs du groupe qu’il avait co-fondé.
Lorsqu’il montait sur scène, le gratteux d’1m73 aux cheveux châtains et longs dégageait un charisme dingue. Il ne passait pas franchement inaperçu avec ses ongles vernis au noir et les mots HATE tatoué sur les doigts de la main droite et CBOC (pour Children Of Bodom Hate Crew) tatoués sur ceux de la main gauche.
Ce n’était pas le genre à se rouler par terre, ni à la jouer prétentieux. Alexi Laiho était la virtuosité et l’excellence incarnées, avec une voix puissante et agressive. Chaque concert était un évènement. Children Of Bodom avait réussi à conquérir la scène metal mondiale grâce à des albums très forts et des prestations scéniques qui dégageaient une énergie folle. Alexi Laiho savait enflammer les foules tout en restant tranquillement à sa place.
Une de ses dernières prestations remonte à octobre 2020, dans un club d’Helsinki, avec Bodom After Midnight.
Guitariste émérite, il savait tout jouer, que ce soient les morceaux de death metal, de metal mélodique, ou de thrash, qu’il composait, aussi bien que les surprenantes reprises d’Oops!… I Did It Again de l’insupportable ex-nymphette Britney Spears, de Rebel Yell du punk à diams Billy Idol, ou encore de The Final Countdown, du passable groupe Europe.
À l’annonce du décès d’Alexi Laiho, l’indéniable talent du Finlandais a été salué par des monstres de la six cordes aux quatre coins de la planète. Steve Vai l’a qualifié sur Twitter de « guitariste extrêmement confiant et relativement redoutable ».
Toujours sur le réseau à l’oiseau bleu, Michael Amott, guitariste d’Arch Enemy s’est dit «sans voix», publiant une photo du musicien une bière à la main. Matt Heafy, leader de Trivium, a écrit que « sans Something Wild, Hatebreeder, et Follow The Reaper de Children Of Bodom, Trivium n’existerait pas. Tu vas nous manquer Alexi» .
D’autres artistes ou groupes comme The Black Dahlia Murder, le bassiste David Ellefson (co-fondateur de Megadeth), ou encore Nightwish, ont tenu à rendre hommage à cet artiste exceptionnel qui va grandement manquer au monde du metal, et plus généralement au monde de la musique. Époque de merde !
Laurent Borde
Paul McCartney : McCartney III / Capitol Records