Bruce Springsteen : le Boss se met à nu !!

SPRINGSTEEN A BROADWAY SUR SCENE - Paris Bazaar

Quand Bruce Springsteen, l’un des rockers les plus célèbres de la planète, décide de se raconter. Ça donne un spectacle et un album extraordinaires. Forcément.

Qui aurait pu croire qu’un mec, musicien de surcroît, racontant sa vie, pouvait intéresser du monde ? Il est évident que si c’est le chanteur des Forbans, il y a de quoi choper un sérieux doute. En revanche, si le gars en question se nomme Bruce Springsteen, là on peut y aller franchement. Pour preuve, le spectacle qui devait durer un mois et demi a en fait duré plus d’un an avec 236 représentations !

Ok, donc Springsteen sort ses guitares, ses lourdes batteries, gesticule comme un dément, et hurle comme d’habitude !? Ben non justement. Le Boss se raconte. En totale simplicité, sur une scène à peine éclairée. Il parle des moments forts de sa vie, de sa famille, de son père, ce héros. Et lui dédie My Father’s House. Les larmes lui viennent à l’évocation de ce père si dur, qui n’avait pourtant pas hésité à parcourir 800 km en bagnole pour lui dire qu’il n’avait pas été un bon père.

Il enchaîne alors Long Train Comin’.  Le Boss parle aussi de sa mère, toujours vivante. Il révèle que, plus jeune, elle était toujours joyeuse, aimait danser. Avec émotion et pudeur, il dévoile qu’elle est atteinte par la maladie d’Alzheimer mais qu’elle veut toujours danser. Il lui dédie The Wish. Il parle aussi de son ami, Clarence Clemons, saxophoniste de talent décédé en 2011 avant d’enchaîner avec Tenth Avenue Freeze Out.

Evidemment, il ne pouvait pas ne pas évoquer la flamboyante rousse à ses côtés, à la scène comme à la ville, depuis plus de trente ans, Patti Scialfa. Elle qui semble si timide, le rejoint sur scène pour Tougher Than the Rest et Brilliant Disguise, morceau sur lequel elle joue également de la guitare. Oui, Bruce Springsteen est calme. Il n’est pas une vedette. Il ne se la raconte pas. Et c’est un sage qui nous raconte sa vie, tantôt avec des airs de De Niro, tantôt avec des airs de prédicateur, comme lors d’une envolée anti Trump (qu’il ne nomme pas) et pro March For Our Lives.

Il décrit précisément les lieux dont il parle. Sa ville d’enfance de Freehold, dans le New Jersey. Une sorte de trou du cul du monde qu’il qualifie de « piège mortel ». Il confesse d’ailleurs qu’il vit aujourd’hui à 10 mn de cette ville si désespérante. Lucide, il dit aussi qu’il n’a « jamais travaillé 5 jours par semaines jusqu’à maintenant ». Avant d’ajouter : « J’aime pas ça ! », devant un public qu’on entend rire. Il précise aussi qu’il a découvert le rock en 56 en voyant Elvis à la télé. Bien lui en a pris.

Au cours de ce spectacle enregistré au Walter Kerr Theatre, petite scène de New York comprenant 1000 places, le Boss ne joue qu’en acoustique. Piano voix ou guitare voix. Exception faite pour Born In The USA, morceau mythique interprété quasiment a capella sur une sorte de rythme blues fantomatique. Il faut aussi écouter My Hometown, piano voix qui donne des frissons colossaux.

Pendant 2h30, Bruce Springsteen casse l’image de la rock star traditionnelle telle qu’on se l’imagine. Il se dévoile, se découvre, sans prisme déformant. Oui, il relate tout ce qui est écrit dans son autobiographie Born To Run. Mais il le fait avec émotion. Avec classe. Avec dignité. Tout ce que n’auront jamais des « artistes » français comme Maître Gims ou Kyo… Jul étant hors concours bien entendu ! … Arrgh, ça y est je m’énerve tout seul !

Bref, si vous avez Netflix, regardez le spectacle, c’est énorme ! Sinon, écoutez l’album en fermant les yeux. L’émotion sera intacte. Et si vous n’aimez pas Springsteen ?… Non, je vais rester courtois, forcez vous ! Ça vaut la peine. Vraiment. Tout simplement.

Laurent Borde

Bruce Springsteen, Springsteen On Broadway, Columbia. À vivre aussi sur Netflix.   

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