Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Suzie Q de Creedence Clearwater Revival !
Suzie c’était le prénom magique pour moi. Il était associé à la fille des grands espaces, sage, fidèle. Toujours dans de jolies robes d’organdi, le regard candide. Je n’associais pas le sexe à cette fille dans ma pré- adolescence où ça commençait à me chatouiller pourtant. Elle était pure.
Elle était l’ image BD de la girlfriend de Miki le Ranger, ma BD préférée. Gamin, c’est lui que je voulais ètre et avoir une Suzie comme lui. Pas Q du tout comme dans la chanson de Creedence. Je voulais aussi être le Kit Carson ou le Blek le Roc de ces BD.
Plus tard, quand j’ai commencé à tâter de la guitare, je voulais jouer comme Hendrix ou Alvin Lee, être la star de Woodstock ou de tournées mondiales. Je les mimais dans les baloches et les podiums rock n’roll des plages à mimiles quand j’ai commencé à gagner ma vie avec la musique.
Et puis j’ai voulu chanter comme Michael Mc Donald, le chanteur des Doobie Brothers. Cette voix-là ou rien, je voulais. J’étais fasciné. L’imitation « le faisait » comme disent les jeunes, mais qu’est-ce qu’on aurait à cirer d’un Michael Mc Donald français ? Un Mc Do encore… Pour se calquer encore sur les USA et l’obésité, qu’on veut toujours imiter. Avec du retard. Comme pour la musique.
Et j’ai écrit des chansons pour des artistes de la francophonie. Des noms connus. Dans ma culture. Mais j’aurais voulu être de la dimension d’un Dylan ou d’un Bernie Taupin, le parolier d’Elton John.
Alors, j’ai voulu écrire pour écrire, arrêter la chanson. Être publié, et connaître le succès déjanté d’un Bukowski ou mythique d’un John Fante. Puis, j’ai tâté du one man show où je racontais ma vie jalonnée de toute cette musique « qui m’a fait paraître la route moins longue« , comme disait Audiard.
Mais je n’ai fait que macérer dans mes frustrations de gloire. Je n’étais qu’une vache qui regardait passer l’Orient Express.
Il me fallait me rendre à l’évidence, je n’étais que Francis Basset.
Mais je suis heureux de ça, au bout du compte.
Heureux comme celui qui s’est ébloui de tours du monde, qui pousse enfin la barrière de son jardin, qui caresse la tête de son chien venu le fêter et qui lui dit à l’oreille : « Tu crois qu’on m’a aimé vraiment ? Et qu’on m’a été fidèle comme tu l’es toi ? Pourquoi tu pleures ? Ça ne pleure pas un chien… »
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !