Elmer Food Beat porte toujours bien la Casquette !

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Retour en force d’Elmer Food Beat avec « le Bruit des Potes », leur huitième album. Et une tournée qui a débuté à la Cigale en décembre. Évidemment, on y était !

 

On n’y croyait pas, on n’y croyait plus. Le 7 décembre dernier, parmi les artistes que Paris Bazaar apprécie, Izia était à l’Olympia, Mathieu Boogaerts à l’Archipel, et Extreme jouait à Pleyel (si si !). Le plus surprenant, c’était le grand retour d’Elmer Food Beat à la Cigale !

Lorsqu’on nous a proposé de les rencontrer quelques heures avant le concert de la Cigale, à vrai dire, on n’a pas hésité longtemps.

Souvent raillé pour ses paroles grivoises, le groupe originaire de Nantes fait partie des « héros » du rock alternatif des années 80-90, au même titre que Les Négresses Vertes, Ludwig Von 88, Washington Dead Cats, Les Sheriff, ou encore Jad Wio, des groupes qui, malgré les tempêtes, sont toujours bel et bien debout. 

Rien que pour ça, et aussi parce que Le Bruit Des Potes, le nouvel album, est particulièrement bon, on est allés les saluer ! 

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©Jean-Marie Marion

«On a fait partie d’un mouvement dont beaucoup de groupes émergeaient, raconte Manou, chanteur et leader charismatique du groupe. Le principe était toujours le même à l’époque. On faisait les festoches, les premières parties et les petits bars. Effectivement, il se trouve que nous, on est encore là parmi la douzaine ou la quinzaine qui est encore là. Mais on ne se pose pas la question. Ça nous est égal…

Ce qui est gratifiant, c’est qu’il y a encore des gens qui viennent nous voir et qu’on les intéresse. Et en plus, ils amènent leurs enfants. Le fait qu’on reconnaisse qu’Elmer ci, Elmer ça ? Quand on sera morts, oui. Mais pour le moment, on est vivants. (sourire) »

Avant que ne s’instaure une conversation sympathique, lors de notre entrée à la Cigale encore déserte, Manou était simplement dans le hall, en train de donner un coup de main au merchandising.

Là, on se dit que ces gars-là sont loin des clichés rock-stars à deux balles, que le succès ne leur a pas fait choper le melon, et que, malgré la balance pour le concert du soir, ils nous accueillent simplement et gentiment.

On a l’impression que rien n’a changé depuis 1986, année de  création du groupe, abordée dans le titre No Future du dernier album. De la nostalgie ?

« Oui et en même temps, le but premier de cette chanson c’est de parler de l’année 1986 qui est l’année de naissance d’Elmer. Donc des évènements qui se sont déroulés cette année-là.

C’est nostalgique dans le sens où on était jeunes, plus sauvages, et il y avait un espace de libertés beaucoup plus grand qu’aujourd’hui durant les années 80. Mais c’est surtout pour situer dans le temps, cette période là qui est notre naissance.»

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©Jean-Marie Marion

La censure et les apparences en ligne de mire

La liberté d’expression, justement. Vaste thème dont certains se foutaient pas mal comme Gainsbourg, Léo Ferré, Bérurier Noir, ou dans un autre registre totalement différent, Pierre Desproges ou Jean-Yves Lafesse. Aujourd’hui, la censure ou la bien-pensance extrême, voire parfois les deux, viennent mettre à mal la possibilité qu’ont certains artistes de pouvoir s’exprimer librement.

Sur Le Bruit Des Potes, plusieurs morceaux comme J’Rêve La Nuit ou L’Amour Dure, évoquent ce problème.

« T’as raison, et c’est vrai que lorsqu’on a écrit L’Amour Dure, on commençait à se faire censurer Daniela. Maintenant seulement… On a de la chance quand même. »

Paradoxe puisque lors de la reprise du groupe en 2006, après une « petite » pause de 13 ans, le public réclamait Daniela, le plus gros tube du groupe sorti en 1990.

« C’est normal. Même dans les radios, le morceau était joué alors qu’on leur disait qu’on avait un nouvel album et qu’on voulait en parler. Et maintenant, personne ne passe « Daniela » , c’est pour ça qu’on en parle dans la chanson.

Ensuite, c’est le clip du « Plastique c’est Fantastique » qui a été censuré sur YouTube, certes seulement une journée, mais interdit aux moins de 18 ans pour une image non appropriée. En fait, je glisse ma main dans ma braguette, mais pour en sortir une photo. On a fait une grosse com, avec un gros battage médiatique qui a suivi, et dès le lendemain c’était remis. Surtout ce morceau-là, quoi…  (rires)»

Autre cible de luxe, les influenceurs. Sur Bling Bling, Elmer fait une sorte de dénonciation du phénomène. Ils les démontent carrément. Manou confirme.

« C’est ce qu’on trouve ridicule surtout. C’est du premier degré. Quelqu’un va dire ce qu’il faut porter, boire, ou manger et tout le monde va le suivre ? Ben non, il vaut mieux laisser les gens se débrouiller. On dénonce cette espèce de nouveau métier qui fait un ravage actuellement. »

Un morceau qu’on pourrait rapprocher de Tombeur Né, un titre qui parle de fuir les apparences.

« C’est essentiellement Le Grand Lolo (le guitariste, NDLR) qui a écrit plusieurs chansons, dont celle-ci, sur l’album. Elle est faite pour le personnage que j’incarne sur scène et qui se prend pour un tombeur, alors que c’est une sorte de anti-héros, de bouffon. C’est un loser qui se prend pour un tombeur né, mais en fait, il rame et beaucoup de chansons sont faites pour lui .»

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©Jean-Marie Marion

L’âge de raison

Rien de pire pour évoquer un artiste que de dire que c’est « l’album de la maturité », sorte d’expression ridicule, pour ne pas dire grotesque, un genre de fourre-tout pratique quand on n’a ni vocabulaire, ni arguments.

En ce qui concerne Elmer Food Beat, on se dit que le groupe a changé. Moins de chansons grivoises, même si Marilyne ressemble fortement à une anti Daniela, Manou explique, en riant.

 « C’est plutôt sa fille. Elle aime aussi beaucoup les garçons, mais uniquement ceux qui ont du pognon. C’est un petit clin d’œil qui parle d’une fille, parce qu’il y en a moins dans cet album et il en fallait quand même une. » 

Ce huitième album studio du groupe nantais marque une sorte de tournant, même si le second degré et le sourire sont omniprésents, certains morceaux, comme L’Un Sans C ou Réchauffement  Climatique sont sérieux et surprennent même, en abordant l’écologie.

Certains peuvent alors se dire que ces quatre gars-là ne sont, finalement, que des suiveurs.

« Je comprends, mais en fait, ça nous cause depuis longtemps. Forcément. Comme tout le monde. Le déclenchement, ça a été un peu avec « Le Plastique c’est Dramatique » (En 90, il était Fantastique, NDLR). On s’est dits qu’on pourrait aller encore un peu plus loin car c’est un sujet grave. Comme le plastique qui était fantastique à une époque et nous touchait énormément, avec un peu de sourire, de dérision et d’optimisme. Mais on a toujours été attachés à sauvegarder notre belle planète. »

Un autre morceau intitulé Tri Sélectif, n’a en fait que l’apparence écolo, dans le titre.

« C’est juste un détournement pour évoquer le tri sélectif avec les filles. On se rapproche un peu de l’essence même d’Elmer. Mais avec un titre qui pourrait laisser croire qu’on parle du tri sélectif en lui-même… Alors que non ! » 

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©Jean-Marie Marion

Du changement dans la simplicité

Elmer Food Beat se concentre plus sur l’actualité. Avec Le Bruit Des Potes, la référence au Bruit Des Bottes, morceau légendaire anti-guerre et anti-fasciste de Jean Ferrat semble une évidence.

« Ce n’est pas fait exprès au départ car la chanson a été écrite par Le Grand Lolo au début du confinement, et le bruit des potes lui manquait.  Et il se trouve que par là-dessus, est venue se greffer une guerre proche de nos portes. Et finalement, « Le Bruit Des Potes » par rapport au « Bruit Des Bottes » prend tout son sens. Forcément, on est un peu contre le bruit des bottes… »

Avec plus de 35 ans de carrière au compteur, Elmer Food Beat a su se remettre en question, se transformer, se moderniser, sans pour autant devenir putassier ou suivre l’air du temps. Les quatre musiciens n’ont pas changé d’un iota.

Durant la balance, on s’est retrouvés sur scène devant la salle encore vide de la Cigale. Malgré le sérieux à régler leurs instruments, les membres de leur équipe n’ont pas hésité à venir nous parler, discuter et plaisanter avec nous, simplement, humainement.

Elmer Food Beat est un groupe authentique, qui fait ce qu’il veut. Sans aucun diktat d’une quelconque maison de disques ou d’un directeur artistique plus intéressé par les ventes et le fric que ça rapporte, que par la musique en elle-même.

Elmer Food Beat porte touours bien la Casquette-Red Light-ParisBazaar-Marion©Jean-Marie Marion

Le public ne s’y trompe pas. Il suffisait de voir la Cigale remplie le soir-même par un public allant de 18 à 70 piges, s’éclater et reprendre chaque morceau à tue-tête pendant une heure et demie.

Plus qu’un concert, c’était quasiment une communion durant laquelle le personnage un peu taré incarné par Manou, en marcel et slip blancs, avec la visière de sa casquette relevée, menait la danse en jouant de temps à autre du haveneau, le filet de pêche servant à pêcher les crevettes…

Elmer Food Beat n’est peut-être plus aussi populaire qu’en 1991, mais une chose est certaine, il n’est pas prêt de se taire… Ni de se rhabiller ! 

Laurent Borde

Le Bruit des Potes, le huitième album d’Elmer Food Beat, paru chez Verycords.

Elmer Food Beat actuellement en tournée

À écouter tout en lisant…

 

 

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