Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Boom, Boom des Animals !
Ce gimmick de Boom, Boom, qui était un des tout premiers tubes des Animals, reprise de John Lee Hooker, me rappelle que c’est le premier gimmick que j’ai appris à la guitare avec celui, incontournable de What’ d I Say. Un classique de l’apprentissage de guitare de ma génération.
Et la guitare, je la dois à un cousin de mon père qui s’appelait Pierre Perrin, et non pas Perret, qui s’était rendu célèbre avec une chanson un peu déjantée pour ces années 60, Le Clair de Lune à Maubeuge. Qui avait été reprise par Bourvil. Tout ça n’vaut pas un clair de lune à Maubeuge/Tout ça n’vaut pas le doux soleil de Tourcoing/Tout ça n’vaut pas une croisière sur la Meuse… Il s’était goinfré avec cette chanson, Pierrot. Chanson que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.
Un jour, il est venu à Quillebeuf-sur-Seine où on habitait, et où il avait une maison. Avec mon père, on était allés le voir, tout intimidés parce qu’il cartonnait avec son Clair de Lune à Maubeuge.
J’avais une douzaine d’années, et j’apprenais la clarinette pour jouer dans la fanfare de Quillebeuf. Le type qui m’enseignait me gonflait avec un solfège rébarbatif avec des partitions et des portées pleines de crottes de mouches… ll soufflait parfois dans mon instrument en y laissant une salive de chique. Autant dire que la clarinette avait fini par me dégoûter, surtout que j’écoutais Chuck Berry jusqu’à plus soif.
En arrivant chez le cousin célèbre, je me souviens d’une pièce toute blanche avec lui assis derrière une sorte de bureau et mon père et moi sur des chaises face à lui, comme pour un entretien.
Mes yeux ne quittaient pas une guitare espagnole posée dans un angle de la pièce. Au fond à droite. Je me souviens. J’étais fasciné. C’était la première fois que je voyais une guitare en vrai. J’avais eu cette sensation aussi à l’époque de découverte, de première fois, chez des gens qui avaient du whisky, avec de l’eau de Seltz, comme dans les films américains.
Bien sûr que je voulais une guitare et rendre ma clarinette à la fanfare municipale de Quillebeuf. Mais c’était une dépense pour mes vieux qui « tiraient le diable par la queue », comme ils répétaient souvent.
Et le cousin, soudain, a demandé à mon père : « Qu’est-ce qu’il fait ton gars? Il ne fait pas de musique ? » Comme si je n’étais pas assez grand pour répondre moi-même. Ils parlaient entre eux et moi j’étais le demeuré. » Qu’est ce qu’il fait le gosse là…..? »
Mon père lui a dit que j’apprenais la clarinette pour jouer dans la fanfare. Le Clair de Lune à Maubeuge a balayé ça d’un revers de main : « Laisse tomber ça ! Achète-lui une guitare. »
Je revois la scène, la pièce blanche, la guitare… Elle sera dans le défilé des marqueurs de ma vie quand je quitterai ce monde. ans le défilé des marqueurs de ma vie quand je quitterai ce monde, comme la grosse touffe de la voisine de ma mère dans les WC turcs, quand j’étais petit. Elle m’emmenait avec elle.
Comme j’étais très turbulent, quand ma mère allait soigner ses poules et ses lapins, elle me confiait à la voisine avec comme consigne de ne jamais me lâcher d’un pouce. Donc, elle m’emmenait partout avec elle, jusque dans les WC. J’ai été marqué.
C’est pareil que le Clair de Lune à Maubeuge. Quand il parlait à mon père, il croyait que je comprenais pas. Ils parlaient entre adultes. «Qu’est-ce qu’il fait ton gars ? » Même combat avec la voisine qui m’emmenait au p’tit coin avec elle, comme si je réalisais pas qu’il se passait quelque chose avec ses porte-jarretelles, sa touffe, sa jupe retroussée etc, etc… Je comprends que les psy, avec moi, c’était l’autoroute leur boulot… La voisine quand j’avais six ans…
Toujours est-il qu’une semaine après cette entrevue avec le Clair de Lune à Maubeuge, on est allés acheter ma guitare au Havre. Du moment que le cousin célèbre l’avait dit ! C’était entériné.
Miraculeusement, mon vieux, il a trouvé le pognon. Il en a récupéré du côté de mon oncle et d’un voisin… J’avais ma guitare. Je l’ai choisie rouge. Guitare sèche toute simple sur laquelle j’ai fait mes classes. Après, y’avait plus qu’à dérouler la vie que j’avais choisie.
I like the way you walk/I like the way you talk… Alors ces deux phrases-là, c’est deux phrases incontournables du rock n’roll… Y’a les mêmes dans Suzy Q... Dans une interro écrite sur le rock, il faut absolument ces deux phrases !
Toujours est-il que c’est grâce au cousin de mon père que j’ai appris la guitare. Je te remercie Pierrot
Tout ça n’vaut pas/ un clair de lune à Maubeuge…
T’as raison.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !