Le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur : « Ticket To Ride »

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Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Ticket To Ride des Beatles !

 

Ce gimmick de Ticket To Ride des Beatles me remet en mémoire mon premier chagrin d’amour. Elle s’appelait Jacqueline et c’était la meilleure amie de ma grande soeur. J’avais 16 ans, elle en avait 20.

Elle était venue de Moulins où on habitait et où je suis né, jusqu’à Quillebeuf-sur-Seine, près du Havre, pour passer quelques jours avec ma sœur à la fin des vacances scolaires. Et moi je la couvais du regard, impressionné par son allure de déjà femme. 

Elle avait gardé son visage de petite fille comme du temps où elle était ma voisine à Moulins quand j’avais 7 ans. Les racines étaient profondes mais elle ne soupçonnait rien de ce que j’étais amoureux d’elle. J’étais un gamin pour elle. Je jouais encore aux billes et au cow-boy, quand après elle pensait maquillage et fringues à la mode. 

Et la rentrée est arrivée. Je devais partir comme pensionnaire dans un lycée technique prés du Havre. Électromécanique ! Ils m’avaient trouvé cette voie d’avenir, ces cons. Comme j’en branlais pas une au lycée classique. M’aiguiller là-dedans, c’était comme dire à Rocco Siffredi de pas trop rêver, qu’il n’aurait que des chasses d’eau à tirer. 

J’étais tellement triste de partir et de laisser Jacqueline. Je savais qu’elle serait rentrée à Moulins le week-end suivant quand je reviendrais du bahut. Alors au bout de trois jours de familiarisation avec les machines outils et de cantine choux de Bruxelles chipolatas, j’ai fugué.

J’ai rassemblé mes affaires au dortoir et j’ai franchi le portail du lycée avec ma petite valise sans être inquiété. Je me souviens encore de mon matricule inscrit dessus : C 427. 

Je suis rentré à pied. 35 bornes. Faire du stop, pour moi, ça avait toujours été la même honte que de passer le chapeau après avoir chanté dans un bistrot.

J’avais Jacqueline dans la tête sur la route. Et peut-être que je lui dirai que j’étais amoureux d’elle et de ses 4 ans d’écart avec moi. 

Ah, cet écart d’âge !

J’ai toujours été fasciné par les papiers d’identité des filles qui m’intéressaient. Elles prennent une réalité bizarre avec les indications administratives : date et lieu de naissance, taille. Deuxièmes prénoms tendrement désuets, Monique, Odile, Marcelle, Madeleine pour faire plaisir à la tante ou à la grand-mère.

Photo officielle où elles se trouvent moches la plupart du temps, alors qu’elles offrent au contraire une beauté crue et un angle différent à la concupiscence et à la fascination pour le mystère. 

Je me suis surpris plus d’une fois, rêveur, à caresser ce genre de document, comme un médium voulant établir le contact avec un disparu chéri. Et je me suis dit, émerveillé : « Cette fille est donc bien réelle !? Elle existe, je n’ai pas rêvé ! »

Je me suis toujours foutu des photos où elles posent avantageusement. Ça, c’était pour les gogos. Je voulais tout lire, m’imprégner des chiffres de leur date de naissance, lire et relire le nom de la ville où elles étaient nées. C’était comme si je tombais sur les papiers de la princesse de Clèves, d’Yseult ou de Juliette. 

Bon, arrive un moment où il faut se calmer avec le fantasme de la plus âgée que soi. Auquel cas, je me verrais contraint d’aller chourer des passeports et des cartes d’identité dans les EHPAD. 

J’arrive à un âge où si je voulais faire le gigolo, je serais obligé de taper dans la centenaire.

Qu’es-tu devenue Jacqueline ?  Ne me dis pas que tu es morte…

Francis Basset

Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.

L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !

 

 

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