Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, One Of These Nights des Eagles !
Ce gimmick d’intro du titre d’Eagles One Of These Nights me rappelle une danseuse. Je jouais avec mon groupe au Lydia Playa, un Hôtel quatre étoiles à Port Barcarès y’a… trés longtemps déjà. Et elle et sa troupe étaient passées en attraction au milieu de la soirée qu’on animait musicalement.
J’avais regardé son spectacle, envoûté. Ou quelque chose comme ça. Elles étaient quatre danseuses et leur chorégraphie s’appuyait sur ce titre One Of These Nights.
Après avoir joué après elles, je suis allé au bar de l’hôtel avec Bruno, le chanteur principal du groupe et elle est venue me rejoindre. Pourquoi moi ? Peut-être avait-elle apprécié mon jeu de guitare… ou flashé sur mon corps.
Faut dire qu’à l’époque j’avais vingt huit ans, « je caressais le temps, je jouais de la vie comme on joue de l’amour et je vivais la nuit sans compter sur mes jours qui fuyaient dans le temps… » Oui, je sais, tes droits d’auteur, Aznav. De toute façon t’es mort. Alors, fais pas chier.
Donc, la danseuse. Une jolie blonde dont j’avais pu apprécier la grâce et les courbes pendant sa prestation. On a pris un verre et je lui ai parlé de sa danse qui m’avait subjugué alors que c’était pas trop mon truc. J’avais pas la fibre petit rat de l’opéra. Gros ragondin du rock, plutôt.
Les autres de mon groupe se sont pointés et ont commencé à chahuter au bar. Ils étaient ingérables au niveau alcoolémie. Surtout Popaul le bassiste et Nono le pianiste. Nono m’a interpellé : « Ça y est Loulou, t’es en main ! »
Ils m’appelaient Loulou et j’ai jamais su pourquoi. Lui et Popaul ont continué à mettre le souk au bar, déchaînés. J’ai parlé musique avec la danseuse et le tutoiement est vite venu.
Et alors que Popaul et Nono avaient pris le pouvoir au bar, haranguant les clients, balançant des horreurs à la petite barmaid chinoise, la danseuse m’a dit sur le ton de la confidence : « Qu’est-ce que tu fais avec eux ? Toi tu as de la classe… de la distinction… » J’ai pouffé dans mon verre. Moi de la distinction !
C’était la première fois que j’entendais ça. En creux, peut-être, j’en avais. Et par rapport aux autres de l’orchestre. Au royaume des aveugles le borgne est roi.
Faut dire que Nono avait trois frères pensionnaires respectivement à Fresnes, Centrale et Fleury-Mérogis, le grand chelem. Et il avait comme eux le réflexe embrouilles et bagarre. Il jouait pieds nus dans ses boots aux fermetures éclair éclatées et sortait son zgaï devant l’assistance féminine après « gala » et quelques vodkas et un rince bière.
Popaul, quant à lui allumait, ses pets sur scène avec son briquet. Quand il ne retirait pas sa prothèse dentaire pour jouer sur sa basse, offrant un sourire mi-édenté au public.
De son côté, Rémi le batteur, faisait du trafic de fausse monnaie avec l’Espagne. Un soir, il s’était battu sur scène en plein Staying Alive des Bee Gees avec Popaul qui lui reprochait un tempo trop digestif. Je leur disais, la bouche en coin : « Hé les mecs ! On est sur scène, on joue devant un public et y’a des gens qui nous regardent ! » Mais ils n’en avaient rien à foutre. Rémi s’est retrouvé avec un bras dans le plâtre et jouait d’une main.
Alors oui, peut-être qu’en opposition à tout ça j’avais de la distinction. Mais en général on ne venait pas vers moi en me lançant : « Tiens, bonjour le distingué ! » Loulou m’allait très bien, en somme.
La blonde danseuse m’a donné rendez-vous le lendemain après-midi sur la plage du Barcarès. Dont acte. J’ai déplié ma serviette à côté de la sienne. Et j’ai pris le soleil. En attendant que rien ne se passe. La plage avait rompu le charme.
Et par la suite, j’ai jamais « crié Aline sur cette plage pour qu’elle revienne… » D’ailleurs, je ne souviens pas qu’elle m’ait jamais dit son prénom. Mais quand je repense à elle j’ai ce One Of These Nights qui me revient.
N’empêche que Nono, Popaul et Rémi étaient de super musicos et qu’ils me manquent. Ils sont morts tous les trois.
Vienne la nuit, sonne l’heure, les jours s’en vont, je demeure. Pour l’instant.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !