Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Sailing de Christopher Cross !
Ce gimmick de Sailing de Christopher Cross, contrairement à la beauté du texte qui évade et emmène vers une philosophie de la mer, me fait penser au cliché classique et archi-rebattu sur les bateaux.
Par exemple, micro-trottoir. On demande à des personnes « représentatives de la société » ce qu’elles feraient si elles gagnaient un million d’euros du jour au lendemain. Loto ou héritage entre autres. Réponse de la plupart :
– « Ah ben moi, j’achète un bateau et je fais le tour du monde. »
Moi je leur dirai:
-« Ok, et après vous faites quoi ?
-Ben je m’arrête dans une île paradisiaque.
-Oui, et après ?
– Ben je me repose au soleil…
-Bon ça y est vous êtes reposé, vous êtes bronzé et vous vous êtes fait éventer les roupettes à la feuille de palmier par la vahiné locale en goûtant les couchers de soleils qui n’en finissent pas d’être tous beaux et tous pareils. (Précisons que le sondé est un hétéro normalement constitué et non un mec bidouillé qui ne distingue plus une erection d’une poussée hémorroïdaire)
– Hein, vous faites quoi maintenant ?
-Ben…
– Ben vous vous faites chier. »
Ça s’appelle le syndrome polynésien. Tu te lèves, le soleil est beau, le lagon tout bleu et les poissons multicolores sautillent. Le soir, le soleil se couche encore plus beau et le lendemain ça recommence. Et c’est comme ça tous les jours. Pas une turbulence, rien.
Vous n’avez qu’une hâte c’est de vous retrouver à la terrasse d’ un café avec des potes-sans Kalachnikov de passage et sans coronavirus – et de vous mettre des particules de gas-oil en suspension plein les bronches.
-« Ben…
-Ben oui. Alors tout va bien, et ne vous faites pas chier en bateau avec un gain pareil. »
Mais je comprends que ce gimmick embarque, maintenant. C’est dû à cette époque violente. Où qu’on aille sur terre, y’a la violence et l’incompatibilité de vivre avec les autres. Alors oui, la mer comme issue de secours. Juste la violence des vagues, des tempêtes, des orages dans laquelle on peut paradoxalement trouver la sérénité.
« The canvas can do miracles… » En passant, j’adore l’alitération en can. « The canvas can do miracles… » C’est vrai que les voiles peuvent faire des miracles.
Ce qui m ‘a toujours un peu gêné avec le bateau pour être pleinement dans le rêve, c’est que c’est l’étalon de la richesse. « Tiens, machin il s’est acheté un bateau. Autant dire qu’il est arrivé. » Mais attention, je ne suis pas communiste . Je veux juste dire que c’est pas ce que j’achèterais si j’avais beaucoup de pognon. J’ai pas la fibre Onassis. Et pas Tabarly non plus.
« Il voyage en solitaire/et nul ne l’oblige à se taire… » Ça m’a toujours fait marrer ce raccourci. Il voyage en solitaire ? Donc nul ne l’oblige à se taire. C’est comme ça qu’on les reconnaît les voyageurs solitaires. Ils peuvent gueuler sur l’océan : « Bande d’enculés, je pisse à la raie du capital !! » Personne ne l’oblige à se taire. Peut-être les cormorans à un moment donné. Mais poliment.
« Oh the canvas can do miracles… » C’est vrai. Les voiles peuvent faire des miracles. Le problème des voiles, c’est qu’il faut compter sur le vent. Comme en politique.
Toujours est-il que cette chanson est une invitation au voyage et au rêve à l’origine, et moi je suis passé à côté avec ma propension à m’agacer de tout. Mais c’est la musique qui m’a repêché. En mer. Tu vois Francis, tu n’es pas si mauvais…
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !