Le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur : « Feel it for Me »

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Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Feel it for Me de Ten Years After !

 

Ce gimmick du titre des Ten Years After, Feel it for Me, me rappelle que quand j’étais ado, mes vieux avaient leurs deux gimmicks à eux : « Qu’est ce qu’on mange ce soir ? » et « Y’a rien ce soir à la télé ! » Ce soir aussi.

Évidemment quand on écoute ça, et qu’on pense à un visage de fille entrevue dans le car scolaire, ou qu’on se dit qu’on va bientôt pouvoir s’acheter le prochain Ten Years After avec son argent de poche, ça dégoûte. 

Feel it for Me, ressens ça pour moi… Quelle sensualité ! 

« I want you to feel babe/ what is like to be loved 

I want you to come with me

Not feel like you’re being shoved 

I want you to come to me girl

And put yourself in my hands 

I’m gonna love you/ I’m gonna hold you

Oh Babe feel it for me. » 

J’ai ça dans la tête. Et je revois mon père le midi, faisant corps avec la table autour d’une tête de veau sauce gribiche dire à la mère : « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »

Ça m’écoeurait qu’il se projette déjà dans la bouffe du soir alors que j’aurais pu jeûner pendant trois jours, du moment que j’avais mes disques et les photos de guitares Fender et Gibson pour rêver dessus. 

Et y’avait le « Ce soir on se couche de bonne heure, y’a rien à la télé ! « Ce qu’ils appelaient « rien » Mimile et Marianne, c’était une émission sur le Commandant Cousteau, Lecture pour Tous, ou Le Grand Échiquier. 

Eux, ils attendaient La Piste aux Étoiles ou une énieme rediff du Corniaud ou du Jour le plus Long.

Et moi je m’en foutais comme de ma première branlette, de la télé.  À part Au nom de la Loi Josh  Randall– Steve McQueen ou des émissions musicales comme Bouton Rouge avec des groupes anglais. 

Conflit de générations. Qui finit par faire un confit de générations pour les derniers arrivés. C’est de bonne guerre. 

N’empêche qu’ils me manquent encore Emile et Mina, comme l’appelait mon père. 

Pour la bouffe, j’aurais dû comprendre. C’était la peur de manquer pour cette génération de la guerre et des privations. Pour la téloche aussi.

Quand tu bosses à l’usine toute la journée dans les odeurs de soufre et d’oeuf pourri de Port-Jérôme, le soir, t’as pas envie de te demander pourquoi Sartre a dit que l’existence précédait l’essence, et pourquoi le Marlin bleu n’est pas allergique aux méduses. Voire même, il les encule. 

Voilà, voilà. J’arrive à cet âge où la marée de l’insouciance passée vient échouer les réminiscences sur la plage où j’avais dessiné Aline. 

Mais ce qui est dingue, c’est qu’il n y a toujours rien le soir à la télé. Ni dans la journée d’ailleurs. Malgré 350 chaînes. Enfin… pour moi. Faut zapper grave sa mère de la mort pour tomber sur du captivant. Y’a violence à tous les étages. Comme si la vie elle-même n’était pas déjà assez violente. Tout est violent. 

Et moi je suis vieux lent. Vieux et lent à marcher dans leurs combines à tous ces arrogants, tous ces progressistes infatués. 

Mais pas de politique,  j’ai promis à maman. 

Feel it for Me, Mam.

Francis Basset

Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.

L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !

 

 

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