Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. Drake annule une partie de sa tournée aux Etats Unis et Christophe Miossec revient avec un nouvel album, Les Rescapés ! Une sorte de renouveau. Une seconde vie.
À quasiment 54 piges, il les aura le 24 décembre, seul point commun avec le barbu à cheveux longs, Christophe Miossec renaît. Onze titres sur fond d’électro où l’artiste finistérien aborde quelques-uns de ses thèmes de prédilection que sont l’infidélité avec Les Infidèles justement, de sexe avec Les Gens (Quand Ils Sont Les Uns Dans Les Autres), de la séparation avec Son Homme, ou encore de la complexité des sentiments avec La Vie Sentimentale.
Il y a aussi des morceaux beaucoup plus personnels comme La Mer Quand Elle Mord, C’est Méchant, morceau écrit en mémoire de son grand-père maternel, disparu en mer après avoir été coulé au large des côtes égyptiennes durant la Seconde Guerre Mondiale. Morceau tragique et terrible, chanté comme un cri de guerre, histoire de dire « Ouais je suis toujours là ! J’ai survécu et me revoilà en forme ! » Survécu à quoi, dites-vous ?
À l’ataxie, maladie d’origine neurologique qui lui a été diagnostiquée en 2009, et qui peut être causée, entre autres, par l’abus d’alcool. Le chanteur n’a d’ailleurs plus le droit de picoler sous risques de graves complications qui pourraient l’amener plus vite que prévu vers la grande faucheuse ! Pour faire simple, on est loin des joyeux morceaux insupportables de Kenji Girac ou de la pop prétentieuse et inaudible de Christine And The Queens, musique pour hall de gare désaffecté au milieu du Poitou.
Ici, il y a de la profondeur, de la sincérité, de l’introspection même, comme dans Pour. Des paroles qui prennent aux tripes, qui retournent, qui assomment, qui donnent envie de s’envoyer un paquet de clopes accompagné d’une boutanche d’alcool fort. Rien de ce qui est écrit ne laisse franchement indifférent. Miossec utilise des mots pour décrire des maux.
Tout cela est brillamment mis en forme avec des instruments venus directement des années 60 et 70 comme le fameux mellotron, instrument complexe utilisé par les Beatles, les Stones, ou encore Bowie. Les vieilles boîtes à rythmes et les synthés Yamaha permettent de créer des ambiances minimalistes qui collent parfaitement au texte comme dans L’Aventure ou encore La Ville Blanche, morceau qui clôt l’album dans une ambiance industrielle renforcée par des percussions à la fois simples et violentes.
Les Rescapés, un album qui sonne comme une sorte de suite de L’Etreinte, sublime LP sorti en 2006. Avec ce nouveau disque, Christophe Miossec est au sommet de son Art. Un des albums essentiels de cette fin d’année pour un grand nom de la Chanson Française.
Laurent Borde
Les Rescapés, le nouvel album de Miossec, chez Columbia.
(Photo de Yann Orhan)