Permettez que je vous écrive… Simone Veil

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Elle aime, Hélène. Elle aime aimer et prendre le temps de l’écrire. À l’encre de ses émotions, au fil de ses rencontres, ses lettres s’affranchissent de toutes les barrières. Comme seuls les mots savent le faire quand ils viennent du coeur.

« Permettez que je vous écrive, Madame Simone Veil.

Et permettez que dans cette lettre qui, peut être, ira jusqu’à vous, je vous appelle Madame, pour souligner l’infini respect et l’admiration que je vous porte.

Nous sommes nombreuses et nombreux à souhaiter vous saluer, comme pour gommer ces jours récents où des hommes tout petits, faibles d’esprit et dénués ne serait-ce que d’une once d’intelligence, sans mémoire aucune, sans rien en fait, ont sali votre nom et votre souvenir.

Je désire par ces lignes vous remercier encore et encore pour le combat que vous avez mené, sans jamais faillir, pour notre liberté d’être, de faire et d’exister pleinement, au grand jour.

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Votre chemin est un exemple pour chacune et chacun d’entre nous. Vous êtes une référence indiscutable de dignité et de force. D’humilité, aussi.

Peut-être n’avons nous pas dit, ni écrit assez, assez fort, à quel point vous êtes, Madame, essentielle à nos vies.

J’emploie le présent car votre nom résonne dans le silence de mes réflexions, dans le vacarme de nos jours incertains et inquiétants. 

Il est impossible et il serait d’ailleurs bien incongru de résumer vos actes de bravoure à une seule date, à une seule réussite. Vous qui, tout au long de votre chemin, avez si bien su incarner la dignité et la ténacité. 

Vous vous êtes battue pour nous sans relâche. Portant le fer et vous engageant dans un combat que d’autres auraient déserté sans même lutter.

Vous avez, quelles que furent les tempêtes et en dépit de toutes les attaques, gardé la tête haute, la voix ferme et posée. Le verbe fort et le mot bien choisi, sans que jamais celui-ci ne dérape, ni ne s’emballe.

Votre nom, à lui seul, porte aujourd’hui encore le récit vibrant de toutes ces batailles gagnées pour tant de droits enfin acquis.

Pourtant, Madame, vous le saviez dès le début du chemin, mieux que nous sans doute, ces droits exigent toujours que nous restions vigilantes et combatives. Notre époque a la mémoire courte et l’amnésie collective est endémique. 

La liberté que vos combats nous ont permis de gagner, de devenir qui nous voulons et d’exister comme nous le décidons, à l’écoute de nos rêves et de nos désirs, sans avoir à nous soumettre aux injonctions d’un vieux monde pensé par des hommes d’un autre siècle, cette liberté est chaque jour menacée.

Elle s’éteint en Afghanistan, elle recule au Texas… Tandis qu’ici, dans ce pays qui pourtant vit naître l’amour courtois, il ne se passe pas un jour, pas une semaine sans que l’une d’entre nous ne tombe sous les coups de son conjoint.

Ici comme ailleurs, ce sont des femmes qu’on enferme, qu’on frappe et qu’on tue. À qui on inflige le silence ou la tombe. Ici comme ailleurs, des femmes qui aux yeux d’hommes devenus fous, n’ont de coupable que d’être femmes.

Il va nous falloir, Madame, nous inspirer de votre force et de votre art oratoire, puiser dans votre inlassable pugnacité pour agir à notre tour, afin que rien ne soit ni oublié, ni effacé. 

Pour qu’aujourd’hui, pour que demain, ce que vous avez consacré à notre cause et ce que vous avez rendu possible ne nous soit jamais enlevé. Pour que rien ni personne ne puisse même éteindre la lumière que vous avez allumée et qui, depuis, éclaire nos vies d’un autre jour.

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Nous vous devons tellement, Madame, qu’il est maintenant aussi essentiel qu’hier de nous souvenir de ce que furent votre chemin de vie et votre action.

Je veux croire et j’espère du plus profond de mon âme, que nous serons dignes de vos années de lutte et que la nôtre ne sera pas vaine.

Veuillez Madame, vous qui aujourd’hui savez ce nous ignorons ici bas, accepter ma reconnaissance éternelle. »

Hélène Lacore Kamm

(Hlk Prod)

 

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