On ne l’espérait plus. Louis Chedid est enfin de retour. Avec Tout ce qu’on veut dans la Vie. Un album rempli de couleurs et d’états d’âme. Beau, oui… comme la Vie.
S’il y a bien un nom synonyme de talent, c’est Chedid. D’abord la grand-mère, Andrée. Ecrivaine, poétesse, auteure de romans, de livres pour enfants, de pièces de théâtre. Reconnue de tous comme une grande femme de lettres, elle avait reçu une multitude de prix dont le Goncourt de la nouvelle en 1979, et celui de la poésie en 2002.
Il y a aussi les petits enfants. Emilie est une brillante réalisatrice, scénariste et illustratrice. Joseph, dont le nom de scène est Selim, est chanteur, multi-instrumentiste. Il joue de la guitare, de la basse, et de la batterie. Et tout ça avec brio. Il a notamment bossé avec des artistes aussi différents que Johnny Hallyday ou Mathieu Boogaerts. Anna, aussi connue sous le nom de Nash, joue de des claviers, de la basse, de la guitare, et de la batterie. En plus, elle chante merveilleusement, sait faire des claquettes, bref, du talent à l’état pur. Anna, Emilie, et Joseph ont, évidemment, tous trois travaillé avec leur grand frère Matthieu.
Matthieu, justement, plus connu sous le nom de M, est aujourd’hui une vraie star, pas au sens galvaudé utilisé pour les pseudo artistes de télé-réalité. Lui est connu de tous, ou presque. Il joue quasiment de tous les instruments, a travaillé avec de nombreux artistes comme Brigitte Fontaine, Vanessa Paradis, ou encore Billy Ze Kick avec qui il a créé son personnage de M. Il est aussi le recordman des vainqueurs de Victoires de la Musique avec 13 trophées reçus. Seul Alain Bashung en avait reçu autant. Matthieu connaît la musique depuis toujours ou presque. Faut dire qu’il a commencé très jeune puisqu’on peut entendre sa voix d’enfant sur T’As Beau Pas Être Beau, un titre de son, père Louis.
Louis Chedid justement. Auteur hors-pair, multi-instrumentiste. Avec près de cinquante piges de carrière, il ne s’est pas lassé de la musique. Bien au contraire. Il le prouve avec son nouvel album. Quand d’autres font des morceaux à la va-vite pour remplir un contrat de maison de disques qui les emmerde, Louis Chedid travaille, écrit, compose. Studieusement. Tout Ce Qu’On Veut Dans La Vie regroupe onze titres qui sont autant de bonheurs.
L’album commence fort avec Si J’Avais Su. Chanson d’amour impossible aux rythmiques arabo-andalouses flamboyantes. Un amour assez terrible, comme avec J’Ai Toujours Aimé Aimer. Cette love song guitare voix est une déclaration d’amour. À une femme ? À son public ? Quoi qu’il en soit, c’est un morceau humain, humaniste.
Comme Chasseur De Papillons, où se mêlent humanisme, simplicité et altruisme. On arrête tout et on s’éloigne du gris. On se sent bien en aidant les autres, en ne pensant à rien qu’au bonheur, tout ça sur un fond de pop aussi légère qu’un battement d’aile. Louis Chedid n’est pas un moraliste. Il ne donne pas de leçons. Un idéaliste ? Peut-être… Il affirme juste que l’espoir est là.
Danser Sur Les Décombres le confirme. Un texte sombre sur l’inconnu, sur la mort, qui prône une sorte d’espoir, de renouveau. N’avoir peur de rien. Voir les choses positivement. C’est aussi ce qui est conseillé dans Redevenir Un Être Humain. Arrêter les conneries, l’isolement causé par les portables, tablettes, et autres «innovations technologiques».
Relever la tête, rédecouvrir le monde. C’est un peu le leitmotiv de Tout Ce Qu’On Veut Dans La Vie. Le single, qui a donné le titre de l’album, est du Chedid pur jus. Un rythme latino, des paroles mêlant espoir, amour, et bien-être. C’est une piqûre de rappel pour ne pas oublier la joie. Un hymne à la Vie !
Mais que ceux qui aiment les chansons noires et déprimantes de Louis Chedid se rassurent. Des morceaux comme Ne M’Oubliez Pas ou La Fille Sur Le Banc sont capables de déclencher une vague de suicides parmi les membres du CCJDF, le Congrès des Clowns et Joyeux Drilles Français. Ces titres, avec leurs arrangements sublimes, sont d’une noirceur terrible. On se sent envahi d’une putain de tristesse en les écoutant. Les canaux lacrymaux se remplissent. Et on lui en veut à Chedid.
On lui en veut d’exceller toujours autant pour dépeindre de telles situations avec tant de grâce. Il l’avait déjà prouvé dans le passé avec Ces Mots Sont Pour Toi, titre sublime d’une noirceur extrême. On l’imagine, composant dans la pénombre d’une pièce, accompagné de liquides agréables, sur le coin d’une table. On le devine accoucher de tels morceaux à l’aube, doutant, se remettant sans cesse en question.
Dis Toi Que T’Es Vivant est une véritable introspection. Une remise en cause du quotiden vue de façon positive. Autre remise en cause, musicale celle-ci. Avec Volatile Comme…, Chedid explore le funk côté électro. C’est assez surprenant au milieu de cet album où la guitare et le piano tiennent une place prépondérante. Étonnant mais pas désagréable.
Avec Tout Ce Qu’On veut Dans La Vie, Louis Chedid livre des tranches de vie. Des petits scénarios parfois légers comme des nuages, d’autres fois aussi sombres que les abysses. Il a fallu sept ans pour qu’un nouvel album solo de Louis Chedid voie le jour. C’est long. On regrette pas d’avoir attendu. Vraiment pas.
Laurent Borde
Tout ce qu’on veut dans la Vie, le nouvel album de Louis Chedid/ (PIAS) LE LABEL.
Louis Chedid est en tournée en France du 27 mars au 1er août. Il fera une halte à Paris, pour deux dates à l’Olympia, les 26 et 27 mai.
La famille Chedid… Un bonheur paisible. Malgré tout et contre tout. Merci d’être.