Une Semaine en Octobre : Hommage et Dommages

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Un musicien s’en est allé, des artistes ne peuvent plus jouer et nos nuits seront bientôt moins belles que nos jours… Rien ne va plus ! 

Mais quelle période horrible ! Des masques obligatoires, des bars qui ferment, des cinémas vides, Kanye West qui publie un clip ridicule pour sa candidature à la présidentielle américaine, le Chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak (le ministre des Finances british et gardien du Trésor de la Reine) qui demande aux intermittents britanniques de «se recycler et trouver une nouvelle carrière». Et puis, comme si ce n’était pas déjà beaucoup trop, Eddie qui se barre !

Non, pas Eddie Barclay, ça c’est fait depuis longtemps, ni Eddie Murphy, lui il est toujours là… Mais Eddie Van Halen évidemment ! Le guitar hero à la longue crinière noire et au sourire d’enfant de six ans, défoncé aux amphet’ et beurré comme un P’tit Lu. Celui qui contribua à populariser le tapping, qui consiste à taper les cordes de guitare au lieu de les gratter ou de les pincer, grâce au mythique morceau Eruption, sorti sur Van Halen, le premier album du groupe en 1978.

Et taper, Eddie savait faire puisqu’avant de jouer de la guitare, il était un cogneur de fûts, tandis qu’Alex était guitariste avant de devenir batteur. Les deux frangins ont bien fait d’échanger leurs instruments pour monter leur groupe. 

C’est aussi lui qui joue le solo de Beat It, morceau de Michael «l’homme aux cris de belette en chaleur» Jackson. En 1982, lorsque Quincy Jones appelle Eddie Van Halen pour jouer sur Beat It, le guitariste est persuadé que c’est une blague. Lorsque le mythique producteur lui dit : «Salut, c’est Quincy», il lui répond aussitôt : «Quincy qui ? Je ne connais pas de Quincy !»

Après avoir compris à qui il avait à faire, Eddie accepte de jouer sur le morceau de l’album Thriller. Malgré l’énorme succès mondial du morceau et l’album, Van Halen n’a pas touché un rond sur les ventes, ni sur les droits d’auteur. Contrairement à Jeff Porcaro et Steve Lukather qui jouent sur le titre et le reste de l’album, il avait refusé d’être crédité et payé, pensant que ça rendrait les choses trop compliquées. La seule chose qu’il demanda lors de l’enregistrement était une caisse de bières et des leçons de danse par Michael Jackson. C’est ce qu’on appelle louper une occasion en or…

Il est aussi le compositeur du morceau de hard rock dans Retour Vers Le Futur. Sur la cassette qu’écoute Marty Mc Fly dans son Walkman, et qui effraie son père par le bruit diffusé, est écrit le nom d’Edward Van Halen. Le groupe n’avait simplement pas autorisé la reprise de son nom dans le film. Autre hommage dans le film de Robert Zemeckis, lorsque Marty monte sur scène et fait du tapping sur Johnny B. Goode. Ici encore, Van Halen est là sans être là, mais il nous fait du bien pendant quelques instants.

Eddie Van Halen, c’est aussi inévitablement l’homme du synthétiseur de Jump. Il composa les onze notes devenues légendaires en 1981, bien avant la sortie officielle du morceau sur l’album 1984, paru (logiquement !) la même année. D’abord refusé par le groupe, ce n’est qu’en 1983 que David Lee Roth posa en effet des mots sur le morceau, à la demande de Ted Templeman, le producteur du groupe.

C’est en regardant un reportage sur un mec qui allait se suicider en sautant du haut d’un building qu’il trouva les paroles. Il imagina un spectateur en train de hurler : «Allez, vas-y ! Saute!» Sauf qu’au lieu de parler de suicide, David Lee Roth utilisa ses mots pour évoquer une sorte d’invitation à l’amour.

Musicalement, Eddie Van Halen aurait avoué à Daryll Hall, leader-fondateur d’Hall & Oates, avoir pompé sa partie de synthé sur Kiss On My List, morceau du duo de Philadelphie sorti en 1981. Peu importe puisque le morceau est sans doute un des plus beaux exemples de mélange rock-pop des années 80, avec, au milieu, un inévitable et fabuleux solo du Hollandais souriant.

Depuis, Jump est devenu l’hymne de clubs de foot comme l’O.M. et Brondby. Il est aussi utilisé en NBA par les Detroit Pistons, et a été l’hymne des hockeyeurs de Winnipeg durant des années. Il restera avant tout le morceau le plus connu de Van Halen.

Eddie Van Halen est peut être parti mais pas sa musique. Même s’il n’a pas toujours été au premier plan, il restera une légende du hard rock et, plus généralement, du rock. Un musicien colossal et inoubliable. 

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Et puis mercredi soir, le Président de la République nous a donc annoncé le couvre-feu à 21 h. Si t’es pas au pieu à 21h, tu meurs ! C’est surtout la musique qui est en train de crever. Plus que la musique même, les intermittents, le spectacle vivant, et tout ce qui rend la vie belle.

C’est pas grave, on peut toujours avancer l’heure des concerts, à 19h ! Mais oui, c’est vrai ! Quelle joie d’aller voir un concert de metal ou de rap en courant du bureau pour arriver à l’heure, «hydroalcoolisé», masqué, bien assis sur sa chaise à 1m50 de son voisin ou de sa voisine, sans rien à boire puisque les bars sont fermés ! Une ambiance digne d’un concert d’accordéon à la MJC Christophe Mahé de Vesoul…

La Mano Negra chantait «Paris, la nuit c’est fini» dans Ronde De Nuit, sur Patchanka en 1988. Sauf que là, c’est même pas fini, c’est foutu ! Et pas que pour Paris, pour tout le pays, ma bonne dame !  De toute façon, c’est bien connu, le virus se diffuse à cause de ces salauds d’intermittents payés à rien foutre…

Non, mais sérieusement, pourquoi nous enlever ce qu’on a de plus précieux ?? Pourquoi ôter à une partie de la population (comédiens, musiciens, chanteurs, danseurs, gérants de salles de spectacles…) ce qui lui permet de faire vivre sa famille, d’être fière de son métier, de vivre tout simplement ??? 

Comme vous, nous, à Paris Bazaar, on a plein d’envies. Comme celles de rire pendant une pièce de théâtre, de flipper devant un film, de pleurer d’émotion durant un concert, ou simplement d’être avec des copains à boire des coups. À tous ces gens qui nous font du bien, on ne dira qu’une chose : on vous attend ! Vous pouvez compter sur nous comme on compte sur vous ! Revenez vite, on vous aime.

Laurent Borde

   

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