Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Walk On The Wild Side de Lou Reed !
Ce gimmick du titre de Lou Reed Walk On The Wild Side me rappelle, encore, Port-Barcarès où j’étais musicien à l’année avec mon groupe au Lydia Playa, hôtel quatre étoiles en bord de mer.
Ce soir-là, l’hôtel nous avait laissés partir pour faire la première partie de Lou Reed à Canet-Plage. On était tout terrain, on pouvait faire aussi bien de la variété chez que du rock pur et dur. L’école des baloches avec bagarres générales dans des bleds reculés ambiance Délivrance nous avait façonnés à tout.
Un roadie de Lou Reed était venu nous voir avant qu’on joue pour nous demander si on pouvait leur prêter nos pieds micros. Il avaient oublié les leurs à Montpellier ou à Bordeaux je ne sais plus, où ils avaient joué la veille. On avait bien sûr dit ok.
À la fin du concert de Lou Reed, on a rejoué une heure où deux et deux ou trois de ses musicos sont restés à nous regarder. Dont le guitariste. Un Brésilien.
Je l’ai retrouvé au Lydia où ils logeaient pour la nuit et il est venu me trouver : « Tu joues pas mal, il m’a dit en anglais, mais trouve-moi une bouteille de Scotch et je vais te montrer des trucs à la guitare. »
Tu parles que je lui ai vite trouvé sa bouteille. J’avais perdu l’arrogance de mes vingt ans, du temps où je jouais avec Little Bob et où je ne voulais recevoir aucun conseil de personne. J’avais mon style et je ne voulais recevoir de conseils de personne. Je l’imposais avec une désinvolture et une arrogance que les blanc-becs gouverneux m’auraient enviées.
Et après, pareil. Mais là, je me suis dit : « Bon, Francis fais pas le con. Si ça se trouve, tu vas grave progresser ta mère. » Je sais, on parlait pas comme ça à l’époque mais j’ai entendu des voix. J’étais rouennais, ça joue !
On est montés dans mon studio, chaque musico avait un studio dans l’hôtel hors saison, et il a pris ma guitare folk et a commencé à jouer de la bossa. Les accords qu’ils balançaient ne m’avaient jamais été présentés auparavant. Il m’en a montré beaucoup en buvant à la bouteille entre deux. Beaucoup d’accords de jazz aussi… Et la walking guitar…
Je prenais une grande leçon de guitare et d’humilité. Me restait juste l’arrogance du calbard après ça. Mais ça m’allait très bien. Pour la guitare.
Plus tard, si un mec m’avait dit : « Tu te débrouilles pas mal avec ta nana mais laisse-moi ton lit une petite heure avec elle, prends une chaise, je vais te montrer des trucs » , je sais pas si j’aurais accepté.
Des fois, la soif d’apprendre se tarit.
Dans ce cas-là, on peut appeler ça l’amour.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !