Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Sunny Afternoon des Kinks !
Chaque fois que j’entends un gimmick comme celui-là, Sunny Afternoon des Kinks, je repars dans ma jeunesse. Puisque ce gimmick est contemporain de mes années folles.
Et je n’ai pas spécialement envie d’y retourner dans ma jeunesse. C’est fait, c’est fait. Compte tenu des épreuves, des saloperies diverses, des deuils et des drames sociaux qui se sont greffés autour, it’s all right mama ! Comme dirait Elvis.
Et je me dis que la vie est bien faite finalement, quand on la prend comme une évolution et non comme une déchéance progressive. Bien vieillir c’est composer avec ce qu’on a en stock, et l’optimiser. C’est surtout pisser à la raie des diktats de jeunesse en tous genres.
Y’en a beaucoup qui ne vivent qu’avec l’obsession de rester jeune. J’ai connu un vieux chanteur des années 60 qui avait pris des musiciens de 25 balais en croyant rameuter un public jeune avec cette formule. Comme si les gamins qui écoutent du rap allaient acheter ses disques parce qu’il a pris des jeunes musicos pour ses concerts et ses tournées.
C’est comme si moi je comptais m’assouvir avec des bombasses, parce que j’ai acheté le même modèle de calbard que Rocco Siffredi. Un calbard Sunny Afternoon.
L’autre jour, un pote me dit : « Tu trouves pas qu’il vieillit bien, Gilbert ? » Un ami à nous. « Je trouve plutôt qu’il rajeunit mal » , j’ai répondu.
Le pauvre, il avait tout le kit du mec qui veut garder un pied dans la jeunesse avec une peau de banane sous la semelle : la queue de cheval avec les 128 cheveux qui restent à l’arrière, les boucles d’oreilles, une à chaque lobe, les tatouages sur les avant- bras, le combo bouc-moustaches teint en noir corbeau, le jean déchiré aux genoux, le polo Adidas tendu à mort sur la bedaine bièreuse.
Ça c’est pour le look.
Avec, y’avait les forfanteries sur les réseaux sociaux, la drague virtuelle avec photos et blagues vieux con recyclé. Le pire, c’est qu’il se croit irrésistible. Ça m a toujours fasciné les mecs sûrs d’eux avec les nanas. Et en plus, avec elles ils distribuent les jugements: « Non, machine au lit c’est pas une affaire. » Ils ne se demandent pas si elles pourraient être une affaire avec d’autres.
Gilbert, il évolue comme s’il n’était pas né sous René Coty Tournicoton. « Moi, vieux ?? You’re talking to me ?? » Comme les mecs qui font traverser leurs 3 tifs d’une oreille à l’autre en croyant faire illusion. À la Giscard ou Fabius… « Moi, chauve ?? Pas du tout ! »
« Toi vieux, Gilbert ? Pas du tout ! T’as rajeuni. Rajauni, même. Comme le sépia de tes photos d’enfance… Bois un coup… Garçon, une Suze pour Gilbert ! »
Il n’en rate pas une, même dans le parler, avec toutes les expressions de djeunes. « J’ai le seum, je l’ai ken, j’ m’en balec… » Idem avec les abréviations SMS. Quand j’en reçois de lui, je crois que c’est du morse.
In summertime, in summertime…
Hé non, t’es plus en été. Accepte l’automne, Gilbert. Et l’hiver qui va suivre aussi.
Arrête de freiner. Laisse tomber le come-back au printemps, ça te va pas les primevères. Tu vas bientôt nous jouer le bouton d’or sous le menton pour voir si on aime le beurre. Le beurre du Dernier Tango à Paris ? Ah ça te dit rien… Tu devais pas être né…
Non, tu ne vieillis pas bien, Gilbert. Tu rajeunis mal.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !