Du Bon Son pour des Nuits moins Tristes

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Nos jours sont confinés, nos joies assignées à résidence et nos nuits de plus en plus longues. Raison de plus pour retrouver le goût de nos bonheurs perdus avec la short-list de Paris Bazaar !

Quelle ambiance bizarre… Les jours raccourcissent, les températures sont douces mais les temps sont durs. Nous avançons masqués et dans le désordre. Il y a du rugueux dans l’air, du hideux dans l’atmosphère. C’est pas joli, c’est pas la joie tout ça. «Mes nuits sont plus belles que vos jours…» qu’il disait, l’autre. Tu parles !

Elles sont surtout plus longues. Et contrairement à la chanson qui dit que « la nuit est chaude, elle est sauvage », elle est surtout très sombre, très sage et sans bruits. En cas de sortie nocturne sans autorisation dûment justifiée, c’est 135 euros dans la face. La nuit, source de fantasmes ? Ben non, pas là, plus maintenant.

En revanche, dans les années 60, ça la ramenait plus. Il suffit d’écouter le All Day And All Of The Night des Kinks pour s’en rendre compte. Sorti en octobre 64 au Royaume Uni sur Kinksize Hits EP et en décembre 64 aux Etats-Unis sur Kinks-Size, le morceau cartonne surtout dans ces deux pays où il atteint la 2ème place des charts.

L’histoire est simple : sur un air de power pop, le chanteur affirme qu’être avec sa copine le jour ne lui suffit pas, il veut aussi être avec elle la nuit. Sans doute pour jouer au Scrabble et à Chifoumi, bien entendu… Malgré ces paroles simplettes, la chanson est un véritable bonheur. Un riff de guitare puissant posé sur une rythmique simple et efficace avec des chœurs omniprésents, autrement dit, la structure est quasiment la même que celle de You Really Got Me, autre tube des Kinks, sorti quelques mois plus tôt la même année.

All Day And All Of The Night aurait très fortement inspiré Hello, I Love You des Doors, sorti en 1968. Ray Davies précise même que son éditeur voulait poursuivre le groupe américain, mais que lui n’en avait rien à foutre. Selon Robbie Krieger, le batteur des Doors, le morceau aurait plutôt été inspiré par Sunshine Of Your Love, de Cream. Quoi qu’il en soit, certains pensent que la reprise d’All Day And All Of The Night par les Stranglers en 1988 est encore meilleure que l’originale. Elle est juste différente. Normal pour un morceau extraordinaire.  

En 1988, Mano Negra déboule furieusement avec Mala Vida, un titre tout en espagnol où la majorité du public français ne comprend rien, qui figure sur l’album Patchanka. Sur le même disque, figure également Ronde De Nuit. Le morceau, écrit par un gars nommé José-Manuel Chao, plus connu dans le milieu du rock alternatif sous le raccourci de Manu Chao, parle de Paris.

Comme Taxi Girl l’avait fait auparavant avec Paris en 1984, La Mano s’attaque à la capitale by night. Le constat n’est pas forcément joli. Il y est dépeint une ville qui n’a plus d’âme, où les nuits sont aussi longues que les jours, où une certaine bourgeoisie a rendu cette ville, pourtant si belle lorsque ses lampadaires sont illuminés, triste et pâle. Tout ça à cause d’un maire qualifié de « bandit » et de « salaud qui lui a pris ses nuits blanches ».

Le morceau sera d’ailleurs repris par le groupe, parce qu’on est jamais mieux servi que par soi-même, sur l’album King Of Bongo, dans une version plus acoustique avec guitare, accordéon, limonaire, bière et vin rouge. Un morceau exceptionnel pour un groupe non moins géant. 

Comment ne pas évoquer la nuit sans parler du dernier album d’AC/DC ? Rien que le titre du premier single, A Shot In The Dark, évoque la nuit, le sexe, la picole, tout cela de façon plus ou moins imagée sur une rythmique blues naviguant à 3000 km/h.

Une chose est certaine, c’est que cet extrait fait bien ressortir l’ambiance générale de l’album, dépassant largement le mur du son, franchissant allègrement la barrière du rock trop calme dans lequel s’était perdu le groupe originaire d’Australie. C’est un peu comme si AC/DC avait retrouvé la flamme avec le retour de Brian Johnson, après s’être tragiquement et péniblement écrasé avec Axl Rose à de nombreuses reprises.

Avec Power Up, le combo mené de main de maître par la famille Young revit. On pense à l’album For Those About To Rock, un des meilleurs et plus puissants album que le groupe ait réalisé avec Brian Johnson. Que ce soit Realize, qui n’est pas sans rappeler What Do You Do For Money Honey sorti sur Back In Black en 1980, ou System Down sur lequel Angus Young semble s’éclater comme un fou, prêt à en découdre avec des stades remplis de fans fous furieux (dès que ce sera possible évidemment), l’album d’AC/DC est un véritable brûlot.

Une sacrée belle réussite à laquelle on ne s’attendait franchement plus. Ca décolle les dents du fond, et donne envie d’aller faire du headbanging, même en jogging ! C’est pas bon, c’est du très lourd et du très bon.   

On aurait pu évoquer Last Night A DJ Saved My Life d’Indeep, Nuit Sauvage des Avions, Nuit De Folie de Début de Soirée, One More Night de Maroon Five, ou encore I Drove All Night de Roy Orbison mais chantée par Cyndi Lauper… C’est vrai, on aurait pu, mais on n’a pas voulu ! 

On aurait aussi pu parler de Because The Night par Patti Smith, de Strangers In The Night de Frank Sinatra, de La Nuit, Je Mens d’Alain Bashung, de Let’s Spend The Night Together des Rolling Stones, ou de Champagne de Jacques Higelin… Mais on n’avait pas assez de place !

Laurent Borde

AC/DC : Power Up/ Sony Music

La Mano Negra : Patchanka/ Boucherie productions

The Kinks : Kinksize Hits EP/ Pye

The Kinks : Kinks-Size / Reprise

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