Créée en 1971 par Roland Dhordain et sabordée en 2020 par Sybile Veil. FIP est en passe de faire les frais d’une logique comptable qui ne se soucie ni de la qualité de l’antenne ni de nous. Les « économies », jusqu’où ?
FIP est un joyau. Cette radio hors normes est écoutée partout sur la planète. Jack Dorsey, le patron fondateur de Twitter, l’a même qualifée de meilleure radio du monde. Et il a raison.
Hormis quelques webradios, peu de radios sont capables comme elle d’enchaîner Mozart et Metallica en passant par Bertrand Belin, Kyle Eastwood, ou Antônio Carlos Jobim. Peu de radios laissent autant d’artistes peu connus s’exprimer. C’est ça le programme de FIP, la qualité, le savoir-faire, et la diversité, et tout cela sans une seconde de pub.
Comme Paris Bazaar, elle est toujours là où on ne l’attend pas. Cette radio de service public est la nôtre, à nous tous. Mais FIP est malade. Elle perd la tête. Elle est en train de renier ses notions essentielles de service public. Malgré ses récents succès aux sondages Médiamétrie, elle a fait une bonne entrée au niveau national avec plus d’1 point, FIP se saborde. C’est vrai, après tout, pourquoi garder une équipe qui gagne ?
Les réalisateurs, formidables professionnels dont la culture musicale et le savoir-faire unanimement reconnus font la fierté de la Maison Ronde, sont quasiment tous remerciés. Seuls deux d’entre-eux, en CDI, seront conservés pour les émissions spéciales et Jazz à FIP. Les «Fipettes» de Bordeaux, Strasbourg, et Nantes, seules locales restantes, seront priées d’aller voir ailleurs à la fin du mois de juin prochain. Certaines d’entre elles pourrait être recasées sur France Bleu, ce qui n’est pas du tout la même façon de faire, de parler, bref de travailler. Les autres sont souvent intermittentes, donc précaires, elles le seront sans doute encore davantage.
Quant à la rédaction et ses journaux, qui font partie de l’ADN de FIP depuis sa création en 1971, c’est très simple : on met la clé sous la porte ! Les journalistes seront recasés ou partiront avec un chèque. Ces flashs de deux minutes, qui permettent aux auditeurs d’être informés rapidement, sans pour autant nuire à la qualité des programmes musicaux, vont totalement disparaître de l’antenne. Il paraît que l’info est « anxiogène ». C’est comme si France 2 ou TF1, toute proportion gardée, décidaient de supprimer les journaux de 20h car il y a trop d’infos négatives. Effectivement, le monde ne tourne pas rond… Ne pas en parler va sûrement le faire tourner mieux.
Qu’y aura-t-il à la place des traditionnels rendez-vous de l’info à 50 de chaque heure ? Un agenda culturel ! Nous, auditeurs, n’aurons plus le droit d’être informés. Ce sera une véritable bulle de bonheur, loin de tout malheur et surtout… loin de toute réalité. Que se passera-t-il alors si, par malheur, un attentat ou un événement se produit ? Ben rien, puisque tout va bien !
FIP ne doit pas sombrer. C’est un bijou dont le fonctionnement ne représente qu’1,4% du budget de total de Radio France. Et pourtant, elle prend très cher ! Et se trouve en train de sombrer à cause de décisions pour le moins sévères et illogiques. Fin juin, les programmes locaux n’existeront plus. Fin août, l’info sera sacrifiée. Les «Fipettes» parisiennes, qui travaillent déjà beaucoup, seront seules aux commandes en compagnie d’un technicien.
Cette radio si belle se transforme nous dit-on pour « passer au numérique ». Très bien et puis quoi ? Voit-on des radios musicales comme NRJ ou RFM, qui elles aussi font leur mutation numérique, sacrifier l’info sur l’autel du progrès ?? Le changement peut parfois être positif. Mais pas là. Transformer une radio avec seulement quelques infos culturelles pour se satisfaire d’un bonheur de façade, autant écouter une webradio !
Ne laissons pas tomber FIP ! Aidons-la à ne pas fléchir mais au contraire à se relever ! Radio France est notre maison, FIP est notre radio !! Avec FIP, la France possède une vraie radio, originale et de qualité. Et nous en sommes fiers. Le serons-nous encore longtemps ? Pas si sûr.
La Bande de Paris Bazaar