La Bande Originale d’un Rock’ n’ Râleur : Herbert l’Érotomane

Auteur et parolier, Francis Basset connaît la musique et au minimum toutes les chansons. Ses souvenirs, ses humeurs. Bonheur pur Collector !

Herbert, pour le plaisiiiir, allez !

Un jour, Langolff me dit : « On va écrire des chansons pour Vanessa Demouy ! »

Qui ça « on » ? J’ai dit.

Ben, toi et moi…

Pas question, j’ai dit.

Et pourquoi ?

Ben, Classe Mannequin, AB productions, tout ça…

Et alors ? T’es bien « descendu » jusqu’à Herbert Léonard…

Oui mais lui y’a quand même une certaine tenue, il chante !

Une tenue, mon cul ! Le triangle d’or, mets ta robe verte et ton slip en mohair…

Et toi tu me fais chier avec tes Vanessa. Tu fais de l’élevage ?

On a failli en venir aux mains. Mais j’ai quand même « fait  » Vanessa Demouy, très sympa au demeurant. Elle nous apportait toujours des pâtisseries fines.

Mais tout ça est resté à  l ‘état de maquettes. Et j’ai continué à  écrire pour Herbert. Sa parolière et productrice avait décidé d’arrêter d’écrire mais voulait quand même chapeauter les nouveaux auteurs d’Herbert dont j’étais le fer de lance. J’avais déjà écrit quelques textes pour son futur album et c’était avant tout sur mes textes qu’une maison de disques l’avait signé parce que personne ne voulait plus des vieilles gloires. 

J’arrive chez son ex-productrice parolière pour un passage de relais et là ça se passe mal. J’avais écrit, à dessein, dans une chanson: « Je voudrai vivre ton espace » et la dame me dit: « Non, Francis, « Je voudrai vivre DANS ton espace. » Et moi je dis: « Ben non, c’est justement tout ce que je voulais éviter. Je veux que ce soit transitif : « je veux vivre ton espace » ,  « je veux vivre l’herbe sur laquelle tu marches », « l’air que tu respires » etc. Et là, vexée, la productrice me vire de chez elle en me traitant de sale type et en me jetant mon manteau et mon bonnet à la gueule. Je me retrouve sous la neige comme un clodo. 

J’appelle Herbert : « Écoute, la vioque vient de me lourder pour une histoire de mots qu’elle voulait m’imposer. La dernière fois que j’ai été humilié comme ça, c’était à la communale. Je m’étais pissé dessus et l’instit’ m’a fait voir les gogues en me tirant par l’oreille. Je reprends mes textes, j’arrête ! » « Fais pas le con, me dit Herbert, elle a de la peine d’arrêter le métier et son mari est très malade. »  « Je m’en branle, je dis, moi aussi j’ai des problèmes, la mère de mon fils me gonfle et je rame avec le pognon comme jamais ! » Quand je suis énervé, je redeviens voyou. 

Pour rattraper le coup, il m’invite au restau. Il se pointe en TR4 rouge vif. On bouffe et après il m’emmène dans un grand sex-shop rue du Chemin vert. Il me présente les tauliers, deux mecs aux cheveux bleu et jaune avec des piercings ça et là sur la tronche. Et on fait le tour du bouclard. Herbert me montre deux tubes oblongs en inox dans une vitrine. « T’as vu, il me dit, 40 euros le grand et 25 le petit c’est pas cher ( à  l’époque c’était encore des francs). J’ai un copain de Montpellier, sa nana porte ça toute la journée dans l’anus. Comme ça, elle pense à lui. » Mais je reste fermé, contrarié par l’incident avec la productrice. 

On continue la visite du musée et Herbert s’arrête devant des espèces de cosses de batterie exposées. « T’as vu ça, il me dit, c’est super. J’ai un ami, sa maîtresse de Nantes porte ça sous son corsage toute la journée.  Ça lui pince délicieusement les seins, c’est sa façon de rester toujours en prise avec lui. » Il avait beaucoup de copains friands de l’ustensile d’appoint. Lui non. Après, il me montre des livres sado-maso mais je reste toujours hermétique. On repasse devant les godes en inox. « Tu prends rien ? » Il me fait.  « Non » , je dis. Ça le contrarie.

« C’est ballot, tu offrirais ça à la mère de ton fils, ça vous rabibocherait. » « Ouais, je fais, et si elle en veut pas, je me les mets au fion ? Il m’a regardé, oris au débotté. On est remontés dans la TR4 rouge et il m’a ramené chez moi à Daumesnil.

Vanessa Demouy, Herbert… tu te souviens Franck ? Les beaux jours…on fumait des gauloises bleues…

Herbert-Léonard-2-Rock'n'Râleur-ParisBazaar-Basset

Un amour de gant de toilette

J’avais lu quelque part que parfois les prisonniers utilisaient un truc pour pallier à la carence de l’accouplement : ils se masturbaient dans un gant de toilette empli de pâtes cuites et refroidies à la température du corps. Le gluant des nouilles donnant l’illusion d’un vagin désireux, pour rester poli.

C’était il y a une vingtaine d’années et à l’époque j’avais une épicerie juste en bas de chez moi. Mais une épicerie à l’ancienne, pas self, où l’épicière m’a demandé  : »Qu’est-ce qu’il vous aurait fallu monsieur ? »

Et moi il me fallait des pâtes parce que j’avais décidé de tenter l’expérience du prisonnier. Mais j’étais comme un gamin qui demande une boîte de capotes à la jolie pharmacienne. J’avais le sentiment que l’épicière lisait sur ma tronche en lettres fluo : je vais me branler dans les nouilles.

– « Spaghettis, coquillettes ? »

Tiens, c’est vrai, je n’avais pas pensé à ça. Est-ce que je ne risquais pas l’étranglement pénien avec des spaghettis ?

– « Euh…des pâtes normales… »

J’avais la bouche sèche et l’élocution cotonneuse. L’épicière me regardait bizarrement, comme si j’allais faire un malaise vagal. Finalement elle m’a emmené devant les pâtes et j’ai choisi des penne rigate Rivoire et Carret.

J’ai réglé et je suis remonté chez moi. Restait le choix du gant de toilette. Je l’ai choisi longuement pendant que les pâtes cuisaient. Le coloris je m’en foutais, fallait que ça fasse fourreau et que j’y bourre les pâtes assez serré pour que je n’aie pas la sensation d’aimer une mère de quintuplés. Plein de détails comme ça m’arrivaient.

Allais-je aussi donner un prénom au gant, Cécile, Mathilde, Sonia, pour le crier pendant la libération ?  Et la température des nouilles ? Combien de temps avant le refroidissement jusqu’à la température corporelle ? Arriver ébouillanté du scoubidou aux urgences pouvait faire négligé.

Voilà. Tout était prêt. Y’avait plus qu’à. Restait le problème psychique et sociologique. Est-que cette expérience s’imposait vraiment ? Est-ce que je pourrais me retrouver en taule un jour et avoir recours au gant de toilette nouilles ? Et l’amour là-dedans ?… Mystère et beauté de l’existence.

Pâtes-Rock'n'Râleur-ParisBazaar-Basset

Fais-moi voir ton balai à chiottes, je te dirai qui tu es

Très révélateur le balai à chiottes chez les gens. « Montre moi ton balai à chiottes, je te dirai qui tu es. » Parce qu’il est clair que ceux qui vont chercher la fantaisie ou l’affirmation de soi dans cet objet sont vite démasqués. À moins que ce ne soit un cadeau, un balai à chiottes dont le support figure un personnage de cartoon ou une déesse est louche et pousse, si j’ose dire, à la réflexion et aux conjectures. 

Quand on revient des WC, on ne considère plus son hôte de la même façon si le balai en lui-même figure une crosse ou un sceptre et que le support représente une mini vasque renaissance. Alors autant ne pas donner prise à une interprétation de la psyché et acheter un balai basique, profil bas, plastique blanc et poils nylon.

Celui qui fait un report sur son balai à chiottes est peut être quelqu’un de bien mais je ne prendrais pas le risque d ‘une amitié soutenue. Ni d’une promesse d’amour fou, s’il s’agit d’une fille craquante à-priori sous tous rapports. C’est un peu comme les chaussettes pour les mecs, avec des motifs en couleur de petits lapins qui s’enculent. 

À mon époque, y’avait aussi la gourmette avec le prénom inscrit. Je me démarquais déjà du panurgisme en refusant maintes fois ce cadeau. Époque où y’avait encore le chapeau tyrolien avec la plume. En fait, c’est pour ça que les fabricants avaient conçu le chapeau avec la plume : on pouvait éventuellement se mettre dans le cul à  l’apéro pour emballer . 

Chapeau tyrolien à plume, gourmette à prénom, balai à chiottes personnalisé… Ô Nuit, qu’il est profond ton silence !

Francis Basset

One thought on “La Bande Originale d’un Rock’ n’ Râleur : Herbert l’Érotomane

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

VOUS AIMEZ ? REJOIGNEZ-NOUS ET ABONNEZ-VOUS !

DÉCOUVREZ MAINTENANT