La Bande Originale d’un Rock’ n’ Râleur : Mon Ami Barny… comme Nibard

Michel Barny-Rock'n'Râleur-ParisBazaar-Basset

Auteur et parolier, Francis Basset connaît la musique et au minimum toutes les chansons. Ses souvenirs, ses humeurs. Bonheur pur Collector !

Michel Barny, le Sexe qui Parle, parle. Enfin !

Michel Barny, à l’origine c’est Didier Philippe-Gérard. Et Philippe Gérard, son dabe comme il l’appelle, c’est un compositeur célèbre. Il a écrit pour Montand, Piaf, Gréco, et même Sinatra.

Didier a la chance de grandir dans une famille richissime de valeurs et de culture. Comme son père, Didier a voulu faire de la musique mais il s’est vite rendu compte que c’était un vrai boulot, en se retrouvant dans les mêmes cours d’harmonie que Georges Moustaki. 

Et le dabe l’emmène sur les plateaux de télé pour cause de taf avec Jean-Christophe Averty. Didier se retrouve régisseur en tournée par l’entremise du mec de sa sœur aînée, Roger Coggio, célèbre acteur-realisateur de l’époque. Faut toujours préciser « de l’époque ». Comme c’est relégué dans le temps, ça évite de se faire chier à vérifier. Et dans la foulée, il devient assistant réal sur un film du même Coggio. 

À la même époque, la Franco London Films produisait Mourir d’Aimer d’André Cayatte. Et Didier en vient à faire un stage sur ce film de Cayatte. Dans l’entrefait, sa sœur tombe amoureuse de Claude Mulot, un conseiller technique que la Franco London avait adjoint à Coggio sur un film, Chroniques d’un Couple. Et le futur Michel Barny devient assistant sur un film de ce Claude Mulot, la Saignée.

Mais comme le film ne marche pas terrible et qu’il a besoin d’argent, que nous sommes en 74 et qu’Emmanuelle tout comme Deep Throat viennent de cartonner, Mulot décide de faire un film de cul. Et il a l’idée du Sexe qui Parle et va voir Francis Leroy, producteur et réalisateur du genre et lui parle de l’idée. Leroy qui n’a pas un rond va emprunter du blé au patron du bistrot du coin où il tient ses quartiers pour faire le film. Le Sexe qui Parle se monte et Didier devient premier assistant. 

Didier-Michel Barny :

« Je me retrouve directeur des effets spéciaux. C’est moi qui fais parler le sexe sur le tournage. J’ai mis des journées à trouver la manière de faire parler cette chatte. J’ai d’abord essayé avec un soulève-plat, article de farces et attrapes, mais ça ne marchait pas du tout. J’ai mis ça dans la foune de la nana, je pensais que ça allait l’écarter en donnant une image de bouche qui articule, mais pas du tout.

L’actrice X avait très gentiment accepté de se prêter à tous les essais. En fait, je me suis dit qu’il fallait une énorme poire avec un tuyau fin et un ballon de baudruche au bout. Et je lui fourre le ballon dans la chattanouga choo choo. J’actionne la poire pour le gonfler et la fille prend un panard bleu marine mais rien ne se voit. 

J’ai pris aussi des cheveux que j’ai attaché aux poils de chaque côté de la chatte. Je tirais pour qu’on voie les lèvres bouger mais les cheveux cassaient au bout de trois mots de synchro. Et j’ai fini par faire le truc le plus simple qui soit, je suis passé derrière la fille face à son popotin, j’ai mis mes pouces à l’interieur de ses cuisses et j’ai écarté. Et ça a donné l’illusion que le sexe parlait. Après on s’est demerdés avec la voix en post synchro. 

Le film a cartonné ! Aux Etats Unis ça a été un film culte ! Pussy talk, ils ont appelé ça. En France, y’avait des cars entiers qui venaient d’Espagne pour voir le film !! Parce que y’avait qu’en France qu’on pouvait voir du porno comme ça dans ces années-là…

Dans la foulée, Francis Leroy me propose de faire un film. Je venais de voir la Grande Bouffe. J’ai dégriffé l’idée avec la Grande Baise. Au lieu de quatre mecs qui se suicident en bouffant, c’est quatre nanas qui veulent mourir en s’envoyant en l’air. J’avais un gros budget avec une vraie équipe technique. On a filmé au château d’Hérouville où enregistrait Elton John, entre autres. Le film cartonne parce que c’est la mode, c’est l’époque.

Et là, pour le générique et pour ménager les susceptibilités et le nom de mon père, j’ai pris un pseudo. Michel Barny. À cause de nibards en verlan…

Les hardeurs et hardeuses, c’était comme un club. Je les appelais les Cascadeurs. C’était bien réglé, ils faisaient bien leur boulot. C’étaient des martiens, les mecs. Ils bandaient sur commande, à l’époque y’avait pas la vidéo. Le temps de changer de plan et de régler les lumières, ils débandaient. Et on se remettait en place et hop, le mec s’astiquait dix secondes et il repartait.

Les Alban Ceray, Jean-Pierre Armand, Dominique Aveline étaient des cascadeurs du hard, au service de la mise en scène. Ils bandaient, ils débandaient, ils bandaient, ils débandaient sur commande. Parfois, ils faisaient deux films dans la journée avec éjaculation. Y’avait une santé mentale formidable chez ces mecs !

À l’un d’eux qui était devenu mon pote intime et que j’appelais le Martien justement, un journaliste avait lancé : « On dit que vous baiseriez une chèvre avec un tablier ? » « Pourquoi un tablier ? » Avait répondu le Martien. Précision, c’étaient des types qui étaient aussi féministes. Ils aimaient les nanas et elles le ressentaient. Y’avait une complicité amicale qui se situait au delà du sexe sur les tournages.

Je parlais des hardeurs qui avaient parfois jusqu’à trois éjaculations par jour. J’avais ma recette de la fausse éjac pour magnifier le visuel. Parce que fallait impressionner le branlocheur de minuit sur Canal +, avec le froc au bas des chevilles. C’était à base de blanc l’oeuf, de lait concentré sucré et de crème après-rasage. On se mettait hors champ avec la shooteuse. Plan large, le mec tire la nana. Puis il se retire et se prend la teub. Gros plan sur le visage du mec prêt à balancer la semoule. Puis gros plan de lui qui s’astique au-dessus du visage de cocotte, et gros plan du visage tout seul, et hors champ la seringue qui envoie la came.

C’était aussi les temps d’avant épilation, où les founes étaient vintage. Aujourd’hui sur internet c’est la poupée Barbie qu’on voit baiser. On voit que des tatouages. Plus un poil et des faux seins, plus rien qui rappelle la vraie féminité. L’épilation est venue début des années 80 des Etats-Unis pour deux raisons.

La première, c’est que les Ricains n’arrivaient pas à vendre leurs films au Japon, gros consommateur de porno, où l’on pouvait montrer tout ce qu’on voulait, sauf du poil. La deuxième raison, c’est cette psychose absurde où on voyait le SIDA avec du poil autour. Comme si l’hygiène avait à voir avec le virus ! Alors que le poil est au contraire un protecteur des zones sensibles. Et donc, dans le « métier » on a vu arriver cette déferlante avec d’abord le ticket de métro, puis la moustache d’Hitler et enfin l’épilation totale.

Adieu mystère. Exit le Courbet. S’il avait peint son Origine du Monde sans le moindre poil, il n’y aurait jamais eu ce retentissement. Il montrait enfin la Vérité qui macérait dans le mensonge depuis l’Antiquité : la vie c’est une femme avec une chatte et du poil autour. »

Eh bien, merci Michel nibards Barny. Voilà qui fout la pêche pour attaquer la semaine !

(Pour prolonger le plaisir, on vous suggère de prendre le temps d’une visite chez Monsieur Maurice-ndlr)

Le sexe qui Parle-Affiche-Rock'n'Râleur-ParisBazaar-Basset

Il faut bien s’occuper

Des gens s’échouant à la retraite se retrouvent désemparés et prononcent alors cette phrase incroyable : « Je n’ai plus d’activité et il faut bien s’occuper ! » Terrible constat. 

Comme si avoir passé trente ans chez Moulinex ou derrière un guichet à la Poste ou aux allocs était une fin en soi dans la venue sur terre, et qu’après régnait la désolation. Plus de perspective de vie. On ne sait plus quoi foutre. Comme si la vie était une tâche dont il fallait s’acquitter.

Mais pour faire quoi tu t’es acquitté de la vie chez Moulinex, Marcel, en regardant Hanouna le soir et des débats politiques tronqués à la suite de quoi tu t’en es allé délibérer dans l’isoloir pour te faire encore enculer avec une variante ? En l’occurence, la jeunesse du président. Kennedy avait bénéficié de cette sympathie du vote grâce à sa jeunesse. Nous on a ça, l’assassinat en moins. C’est mon frère qu’on assassine Potemkine… Non, ça c’est plus à gauche… Je m’égare.

Donc, après trente ans derrière un hygiaphone, toi Martine tu cherches à t’occuper en attendant le caveau de famille, les fleurs en plastique et le discours bien troussé de ton aîné devant ton cercueil, comme quoi tu as été une mère exemplaire qui trouvait toujours des trucs pas chers chez Emmaüs et qui réussissait toujours la mayonnaise pour l’aïoli, même du temps où tu avais encore tes règles. C’est rare !

Mallarmé disait : « La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres. » Ok. Mais au moins, il avait essayé la chair et les livres pour essayer de trouver du goût à l’existence sans chercher à s’occuper.

Marcel et Martine, et si vous essayiez de vous occuper à réfléchir ? Déjà en fermant la téloche et la désinformation BFM TV. Puis en essayant de ne plus marcher dans la combine mais à côté de la combine. Ou encore, en faisant des rodéos avec les caddies des supermarchés plutôt que de les remplir de merdes industrielles salées et sucrées qui vont finir de vous concocter votre beau diabète qui coûte la peau des couilles à la Sécu.

Tiens, les couilles justement. C’est pas vieux 65 ans pour une libido, Martine. Pourquoi tu ne partirais pas à la recherche d’une belle paire et du mandrin qui va avec sur le web ou ailleurs ? Tu dois avoir un sacré arriéré aux fesses avec tes années de guichet… ou alors tu cachais bien ton jeu… Coquine, va ! 

Et toi Marcel, tu ne vas pas nous faire le coup de passer de l’article de pêche à l’article de la mort sans transition ?! Parce qu’il paraît que les hommes connaissent un fort taux de mortalité sitôt retraités. L’infarctus de la phase descendante, de la décompression, du désoeuvrement soudain.

Achète une arme. Prends des cours de tir. Ça c’est pas comme les cours de chinois, ça ne va pas tarder à te servir, du train où vont les choses. Tu pourras au moins défendre tes enfants et petits-enfants.

Ou bien avec l’obscurantisme de plus en plus enveloppant, exerce-toi à être nyctalope comme les chats et les lynx. Tu ne retrouveras pas les Lumières, ça c’est foutu, mais tu crèveras dans l’honneur et la dignité.

Vieux cowboy-Rock'n'Râleur-ParisBazaar-Basset

Je n’en pense pas moins

Ceux qui pratiquent l’attitude « je n’en pense pas moins » me déstabilisent. Y’en a comme ça, tu leur parles, tu t’escrimes à les convaincre ou à les intéresser et ils sont là, supérieurs, au-dessus de la mêlée, juchés dans leur « je n’en pense pas moins » . 

Tu t’esquintes pendant une heure, tu t’humilies, tu te descends toi-même en flammes à force de te justifier et d’étayer ton propos, t’es une torche vivante, et l’autre en face il reste là, le doigt sur la tempe et la moue suffisante, et il n’en pense pas moins. 

Rien de plus facile pour rafler la mise que le bénéfice du doute en fermant sa gueule et en jouant le ténébreux revenu de tout, qui condescend à faire semblant de t’écouter. Combien de fois j’ai été confronté à ces « je n’en pense pas moins » , à voir défiler tour à tour dans leurs yeux le mépris, la condescendance, la pitié, la commisération, l’ennui avec bâillement poliment réprimé, le « continue de parler à ma tête mon cul est malade mais je sens que cette Préparation H commence à me soulager un peu » , le pour et le contre furtivement pesé, la politesse jusqu’auboutiste, l’agacement, la science infuse retenue, le « t’es donc si con ! » ravalé in extremis, le gauchisme triomphant, la science infuse, la lassitude de débattre, le paternalisme fat…

Et j’ai continué d’argumenter, espérant lui soulever un demi sourcil d’intérêt, je me suis mis minable en disant tout et son contraire, je me suis renié, trahi, j’ai vendu ma mère, bradé mes amitiés, fait valoir mon bac philo 68 indéfendable malgré tout, mon talent de guitariste et de bouffeur de chatte pour détendre mais… rien. L’autre n’en pensait toujours pas moins en changeant de fesse sur sa chaise parce qu’il commençait à se faire chier.

Et là j’ai eu envie de lui lâcher : « Va te faire enculer ! Et je n’en pense pas moins. » Mais je me suis retenu à cause de sa Préparation H.

Francis Basset

 

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