Le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur : « I Heard It Through The Grapevine »

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Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, I Heard It Through The Grapevine de Creedence !

 

Ce gimmick du titre de Creedence I Heard It Through The Grapevine me ramène tout de suite à la teneur du texte et non pas à un événement ou à une période de ma vie comme avec mes autres gimmicks. D’abord, parce que d’entrée le titre intrigue. 

On cherche à quoi correspond l’idiome « je l’ai entendu à travers la vigne » qu’on peut traduire par « j’ai entendu dire que… » ou « y’a un bruit qui court … » . Et la chanson dit en gros : « Y‘a un bruit de chiotte comme quoi je suis cocu, un bouche-à-oreille qui sent la bouche d’égout. »

Et du coup, cette chanson me rend triste parce que j’imagine la peine du mec remplacé par un autre. Au pied levé. À verge levée, plutôt. 

Il nous est arrivé d’être témoins de ce genre de situation où la nana n’aime plus son mec et crée l’inquiétude autour d’elle. « Ils allaient si bien ensemble« , « ils étaient tellement amoureux » , « on enviait leur connivence, qu’est-ce qui a bien pu se passer ? »  Eh ben, il s’est passé qu’elle a été attirée par un autre homme.

Y’a quelque chose de terrible dans ce mot « attirée ». 

Attirée comme dans un piège. Attirée par un leurre. Comme un canard sauvage qui arrive à  portée de fusil du chasseur à cause d’ un appeau qui imite son cri. Attirée comme une mouche dans une toile d’araignée. Attirée comme un taureau par la cape du matador. 

Ce mot, « attirée », je l’avais appris en anglais par une chanson de Rod Stewart Maggy Mae. To lure. C’est pas un mot courant et c’est comme ça qu’il m’est resté dans la tête. 

Elle s’est retrouvée comme fascinée, sous hypnose, prête à tout céder au nouveau, son corps, son âme… Voire ses économies.

Au début, c’était un jeu d’accointances, de goûts communs, de compliments qu’elle recevait béate, admirative, par écrits par mails, par téléphone… Et puis ça a gagné dans un autre registre, le registre sensuel, petit à  petit , « like a cancer grows » comme chantaient Simon et Garfunkel dans The Sound of Silence. Mais là c’est un beau cancer. Un cancer qui fait mourir. L’autre. Le régulier, l’officiel. 

La deuxième partie du texte «You know that a man ain’t supposed to cry, tu sais qu’un homme n’est pas censé pleurer» et je ne peux pas contenir mes larmes. C’est ça l’esprit. Y’a eu des chansons en français sur ce thème  « ça ne pleure pas un homme » … Hallyday, je crois.

Ce que j’aime dans cette chanson de Creedence, c’est l’humilité.  Le mec chante son rôle de cocu. Ça, c’est rock. L’esprit rock c’est être capable de chanter ses faiblesses, ses travers… Des trucs inavouables. 

Avant les années 50/60, on utilisait que des mots passe-partout pour faire des chansons. La nuit, le soleil, la plage, la mer, je t’aime, tu m’aimes, on s’aime. Et après, avec Chuck Berry par exemple, qui a tout déridé, on a pu chanter le quotidien et la noirceur de l’âme humaine. 

Alors, les amis communs cherchent à faire quelque chose, ils organisent une thérapie par la parole pour voir où ça a merdé et rapiécer la voilure du beau bateau d’amour avec Capitaine Troy à la barre. C’est un feuilleton des années 60 que les moins de 102 ans ne peuvent pas connaître.  « Aventures dans les îles » , ça s’appelait. 

Mais la casquette a changé. L’ex-amoureuse de son mec écoute les autres palabrer mais c’est comme s’ils pissaient dans un violon. Le violon, c’est pour le nouveau maintenant. Et la harpe, et les roucoulades. 

Sa Vérité à l’adultérine désormais, c’est l’autre. Celui qui était sur le banc de touche et qui attendait, fort de sa position d’outsider, de sa nouveauté sensuelle à découvrir, de son érotisme.

Et il a bien fait parce qu’il a fini par la toucher la belle. Du bout du coeur et du bout des doigts. Et il lui a même trouvé le point G. Un G comme Gagnant.  Et comme Gland, pour l’ex. Et les bonnes volontés continuent de s’évertuer à rétablir les amours de base. 

Ainsi est la grandeur et la vacuité de l’amour et de la vie. Et du jeu du hasard des rencontres, qui la changent inexorablement.

Francis Basset

Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.

L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !

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