Le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur : « Brass in my Pocket »

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Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Brass in my Pocket des Pretenders !

Ce gimmick d’une chanson des Pretenders, Brass in my Pocket, me rappelle Max, un vieux pote, quand j’étais monté dans sa bagnole juste avant une éclipse solaire. C’est ce qui jouait à la radio.

Max était un peu brocanteur, un peu Mac. Un peu restaurateur et éleveur de chiens de berger. Fantasque et imprévisible, avec le langage et le code d’honneur des voyous des années soixante. Il nous adorait Franck (Langolff-ndlr) et moi, et il aurait tué pour nous. Il avait d’ailleurs failli me le prouver un jour où je lui avais avoué que je ne m’en sortais pas avec un usurier du Marais. Il voulait absolument savoir où il pouvait le trouver.

« Pourquoi ? » « Pour rien » il m’a dit. « Je vais juste lui passer une bastos dans le chignon. » Il l’aurait fait. Y’a un ton et une attitude qui ne trompent pas. Et surtout, un intense degré d’amitié qui le motivait pour commettre l’irréparable.

En ce jour de mai à éclipse, il arrive en bas de chez moi. Je l’entends me héler de la rue. « Ho Francis ! C’est Max ! »
Je me mets à la fenêtre. Il était debout à sa bagnole, portière ouverte. Il avait attaché des meubles sur la galerie.

– « Qu’est-ce tu fous ? »
– « Ben, je bosse » , j’ai dit.
– « Viens, on va bouffer. »

C’était sans appel. Ça faisait cinq ans que je ne l’avais pas vu. Il était midi cinq et une éclipse solaire était prévue pour midi dix. Je descends. Il me serre la main et me donne une forte bourrade. Pas de bise. À l’ancienne.
Je m’installe dans sa bagnole de bric et de broc et je pars en arrière en m’adossant.

-« Ouais, fais gaffe le dossier est naze. On se fait un chinois ? » « Ok. »

Il démarre. Je me tiens au tableau de bord.

– « Tu sais pas ce qu’il m’a fait cet enculé de Véniani ? » Véniani était batteur dans un de mes groupes et trafiquait avec l’Espagne quand on jouait dans le sud. Max était souvent « en affaire » avec lui.

À ce moment-là, l’éclipse se produit, noir total. Max met les phares comme si c’était naturel à midi dix en été.

– « Je lui brûle ses deux pizzerias pour qu’il touche l’assurance, je lui demande cinq cents sacs parce que j’étais un peu pendu et tu sais pas c’qui m’dit cette crevure ?
– Qu’il peut pas?
– Non. J’t’aurais bien dit oui, il me dit. J’t’aurais bien dit oui, mais non. »

À ce moment-là, le soleil revient et Max coupe les phares aussi naturellement qu’il les avait mis. Il stoppe devant un restau chinois sur une place livraisons avec sa guimbarde chargée à bloc.

-« T’es sûr ça te dérange pas de bouffer chinetoque ? »

Voilà. Une des « bandes-annonces » de Max. En cinq minutes, tout était dit ou presque.  Lui aussi m’a quitté. Je commence à me sentir bien seul…

Ce gimmick des Pretenders me rappelle aussi mon fiston. Il avait fait les grandes villes d’Angleterre. Manchester, Liverpool… Il avait été signé par le producteur du groupe Blur. Et il s’était retrouvé en première partie des Pretenders au Bataclan… avant les « événements ». Et je reste poli parce que la colère me monte. C’était avant que la salle ne soit jonchée de cadavres et aspergée de sang.

En plus, Paul Mc Cartney était dans la salle ce soir-là. Mon fils avait un problème de guitare et Franck lui avait prêté une des siennes, une belle Gibson rouge demi-caisse. On le regardait « en famille ». On était vraiment étroitement liés.

Vous voyez, il est vraiment chargé ce titre.

Francis Basset

Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.

 L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !

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