Le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur : « Money »

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Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Money des Pink Floyd !

 

Ce gimmick de Money de Pink Floyd me rappelle une époque où l’inconséquence matérielle était depuis longtemps devenue ma seconde nature.

Je jetais de la bouffe encore bonne â la poubelle, j’allumais les lumières dans toutes les pièces en arrivant chez moi, je déroulais trois mètres de PQ pour me moucher ou autre, et je laissais couler cinq mètres cubes d’eau pour m’expliquer avec ma plaque dentaire.

Je pensais pouvoir m’en sortir avec quelques efforts surhumains à droite à gauche, comme délaisser le restaurant pour le sandwich et éviter les amis ayant un problème avec le pognon. Pour le sortir surtout. Au bout de quatre mois, j’avais à peu près économisé des clopinettes.

Un pote qui tenait un bistrot avait la solution. Il connaissait une comptable, Christine Romanée qui maîtrisait tout et qui lui avait sauvé son bouclard. Il m’a avoué par-dessus le comptoir avec des airs de conspirateurs qu’en plus elle n’était pas vilaine du tout, physiquement.

Qu’est ce qu’elle va faire comme miracle, cette Christine Ramonée ? J’ai dit.

Romanée pas Ramonée. N’anticipons pas. Elle va te faire un budget.

Un budget ?! J’ai frémi.

Un budget ! J’étais tombé bien bas.

Cela dit, les années 2000 sont plutôt un bon souvenir parce que j’ai été flashé créditeur à la banque. Ça devait être en février 2003 à 14h 26, je crois… ou 27… j’ai senti mes os craquer, ma colonne vertébrale se redresser. J’étais créditeur.

Bon, depuis je suis de nouveau débiteur.

Des fois, je vois des mecs dans la rue, ils font la gueule alors qu’ils sont créditeurs. Bon, bien sûr ils ont peut-être des maladies, ils sont peut-être cocus ou en dialyse  mais quand même, créditeur, tu fais pas la gueule. Tu danses ! Travolta n’est pas ton cousin.

Toujours est-il qu’à plus de 70 piges j’ai toujours pas amassé mousse. J’ai que ma pine et mon couteau. Et c’est même pas un couteau suisse.

Un jour, ma mère m’appelle. Quand elle vivait encore bien sûr, sinon c’est des voix de l’au-delà, et elle me dit :

Tu te souviens, le gars Payet ? Tu jouais au cow-boy avec lui quand t’étais petit. Tu te foutais de sa gueule. Eh ben, figure- toi qu’il se fait construire !!!! A Touffreville-la-Corbeline. A côté d’Yvetot ! »

Grand bien lui fasse ! J’ai répondu. Il va bien se faire chier là-bas, c’est parfait ! Et quand il aura fini de payer sa bicoque, au mieux il sera en soins palliatifs. Une merveille !

Benoît il s’appelait, ce con. Je m’en souviens. Bizarre comme prénom. C’est un paradoxe… Les bœufs n’ont pas de noix. C’est des taureaux castrés… Y’a des incohérences comme ça… Comme rabibocher… Ça pousse pas à la réconciliation… Rabbi, Boche…

Bref, en tant que song-writer ma mère, me voyait avec le spectre du chômage au-dessus du chapeau. Elle a toujours été terrorisée par le chômdu.

Dans le bled où j’habitais dans les années soixante quand j’avais une dizaine d’années, y’avait un chômeur. Richard, il s’appelait. C’était le pestiféré. Ma mère ne voulait pas que je joue avec son fils.

Y’avait une divorcée aussi. Réjane Dumouchel. Pareil. Ma mère voulait pas que je joue avec son mouflet.

Transposé à aujourd’hui, elle voudrait que je joue avec le fils DU mec qui a un boulot et avec celui de LA nana mariée.… Là, elle avait peur que je devienne SDF. Elle avait vu une enquête à la télé. Une personne sur deux avait cette crainte-là.

Si je dois être à la rue, j’irai quêter là où y’a du blé, je ferai les files de taxi. Le mec que tu tapes il ne peut pas descendre à la station suivante, il est dans la file, et ça fait une plombe qu’il attend. Il va pas se barrer. Et t’es sûr qu’il a du blé. MONEY ! Au moins 15 ou 20 euros. C’est vrai que maintenant on peut payer par carte.

En tout cas, je ferai pas le métro. En plus, y’a des risques. « Dans cette station, des pickpockets sont susceptibles de…  » Sont susceptibles. Alors, donnez-leur votre blé sinon ils pourraient très mal le prendre. Ce sont des gens qui souffrent. Faut comprendre.

Récemment, j’ai entendu : « Des pickpockets sont susceptibles de TRAVAILLER dans cette station. » J’ai eu une bouffée d’admiration pour le progressisme qui nous a fait en arriver là.

Francis Basset

Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.

L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !

 

 

 

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