Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Ode To Billie Joe de Bobbie Gentry !
Ce gimmick du titre Ode to Billie Joe de Bobby Gentry me fait penser chaque fois a mon ami Jean-Michel Rivat, parolier célèbre, qui avait écrit la version française, Marie-Jeanne, pour Joe Dassin.
C’est grâce à Jean-Michel que j’ai traversé la vie en faisant ce que j’aimais. Jouer de la musique et écrire des chansons. Et à en vivre. C’est mon maître en la matière, et sur le plan spirituel aussi.
Né en 1939, détail important, il m’a relaté un jour ce merveilleux souvenir, même si le contexte était loin de l’être.
Élevé dans une famille bourgeoise aisée, son père était dentiste dans ces années de guerre, le petit Jean-Michel s’est retrouvé seul à 5 ou 6 ans avec ce père, sa mère résistante ayant été déportée dans un camp de concentration.
Le petit était donc privé d’affection maternelle et dans ces familles‐là, surtout à l’époque et en province, le père se gardait bien de toute effusion de tendresse envers son enfant. Chacun son rôle. Le sien était de garder de la distance avec son petit garçon et de faire montre d’une certaine rigueur. Pas lui casser le caractère.
Un jour, le père dit à Jean-Michel, avec des airs de conspirateur : « Aujourd’hui, un homme va venir me donner des nouvelles de ta mère. Mais c’est un communiste. »
Il avait dit ça comme si l’homme était pestiféré ou terroriste. Jean-Michel était censé ressentir tout ce que ce mot pouvait contenir de péjoratif, de repoussant, de politiquement hautement incorrect.
Dans ces années-là, pourtant, le communisme était empreint d’une certaine fraternité, d’une croyance en l’Homme et à une poésie du futur, à défaut d’une croyance en un Dieu illusoire.
On pensait plus ça que goulag et Union Soviétique. Bon après on a eu droit au communisme caviar.
Et donc, le petit Jean-Michel, ce jour-là, voit arriver le communiste. Un grand et beau gaillard en blouson d’aviateur en cuir qui le soulève littéralement terre, le serre dans ses bras et le couvre de baisers.
75 ans après, mon ami se souvient encore de la scène et de toute cette « mise à jour » de tendresse que cet homme providentiel lui a apporté.
« À ce moment-là, m’ a dit mon ami, quand il m’a reposé par terre je ne voulais plus être cow-boy ou aviateur. Je me suis dit que, plus tard, je serai communiste.» La réalité déjoue les a priori. Exit tout l’ambiançage sur les communistes, « attention ils sont méchants, ils mettent la planète à feu et à sang, etc… » Ce grand gaillard qui représentait toute l’affection que son père ne lui donnait pas était l’image d’Épinal du communiste.
Bon après, Jean-Michel, quand il a commencé à enchaîner succès sur succès, n’était plus très chaud pour être communiste. Ça peut se comprendre.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !