My Songs : Sting au Passé Composé

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Avec My Songs, Sting prend le temps du bilan. Quand l’ex-leader de Police fait le point sur sa vie musicale en chansons, forcément, on l’écoute ! 

Il est des moments où les artistes ont besoin de faire le bilan. Comme une nécessité de s’arrêter en chemin et de souffler un peu. De voir l’étendue parcourue. C’est le cas pour Sting. Avec My Songs, Gordon Sumner de son vrai nom, revisite quelques-uns de ses plus grands succès, avec les Policemen ou en solo.

Bonne nouvelle pour commencer, pas de morceau avec Gims, Shaggy, I Muvrini, ou Mylène Farmer. Le disque est d’ores et déjà sauvé. En revanche, Sting s’est fait plaisir. Il a invité quelques-uns des meilleurs batteurs au monde pour jouer avec lui. Son ami Manu Katché, Josh Freese, Omar Hakim, ou encore Vinnie Colaiuta cohabitent au sein de cet album. Tous ont l’habitude de jouer avec lui. Côté Percussions, Mino Cinelu, véritable référence du genre, vient aussi faire preuve de son talent.

Les amis de toujours ont également répondu présents. Dominic Miller à la guitare, Brandford Marsalis à la clarinette et au saxo, Darryl Jones (devenu LE bassiste non officiel des Stones) et… Stevie Wonder, venu en harmoniciste, special guest sur Brand New Day, avec le son si reconnaissable, dès la première note, de son harmonica chromatique, le Hohner Super 64.   

Pour la plupart des morceaux, Sting est assez fidèle aux originaux. Seul petit “ratage” avec If You Love Somebody Set Them Free. Le titre phare de The Dream Of The Blue Turtle est converti en espèce de truc de dance music. De la soul de haute volée, on est passé à un morceau assez impersonnel pour cause de modernité, probablement. C’est un peu moche à vrai dire.

Demolition Man, peut-être un des morceaux les moins connus de Police, est en revanche une bonne surprise. Il est même plus rock que l’original avec un riff de guitare toujours aussi obsédant. Desert Rose, duo avec Cheb Mami, a subi un sacré coup de jeune avec quelques accents électro et une légère accélération du tempo. Une variante intéressante. Aussi intéressante que lorsque Sting chante avec … Julio Iglesias ! Si si, ça existe !  

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Can’T Stand Losing You a beau être un peu plus ralenti que l’original, il reste tout de même toujours aussi agréable à écouter. Même chose pour le méga tube Message In A Bottle. Le jeu de batterie de Josh Freese, aussi technique soit-il, n’est pas aussi puissant et rapide que celui de l’inégalable Stewart Copeland. La frappe manque de force. Certes, ça permet au morceau de se démarquer de la version de Reggatta De Blanc. Mais on a l’impression que le titre, agrémenté de chœurs féminins, est un peu atomisé par rapport à la mythique version de 1979.

Même impression pour Walking On The Moon. On a l’impression que Josh Freese a du mal… Ou que Copeland est trop technique ! Il en découle une sorte de lourdeur, certainement voulue par Sting, puisque le morceau a été écrit dans une chambre d’hôtel alors qu’il était complètement bourré selon une version, ou complètement seul selon l’autre version. Dans les deux cas, la chanson devait s’appeler Walking ‘Round The Room, ce qui est beaucoup moins intéressant.

Every Breath You Take, morceau dont Florent Pagny a totalement pompé la mélodie pour l’insupportable Bienvenue Chez Moi, est aussi très proche de l’original. Là encore, on se dit que Sting est sous Tranxène ou qu’il est très fatigué. Englishman In New York est, en revanche, quasi similaire à la version de 1987. Quelques petites différences tout de même, un rythme un peu plus reggae, des samples de bruits de rues et de klaxons, et quelques bidouillages électroniques viennent remplir ce morceau qui n’avait pas forcément besoin d’artifices tant le jeu de batterie de Manu Katché est absolument fabuleux. Et que dire du saxophone de Branford Marsalis, omniprésent et techniquement de très haute volée ? Shape Of My Heart et Fragile sont franchement fidèles aux versions originales. En même temps, pourquoi transformer de si jolis morceaux quasi acoustiques à la base? Oui, ils sont enrichis de percussions et de très légères séquences de clavier. Mais  ils ne sont en rien dénaturés. 

La voix de Sting est intacte et reconnaissable entre mille. Parfois éraillée, parfois torturée, parfois violente, parfois douce, mais toujours juste. Cet album lui permet de réinterpréter ses morceaux. Il lui permet aussi sans doute de revivre une partie de sa vie. Le titre, My Songs, est franchement bien vu. Les quinze titres sont un bon résumé de ce qu’il a pu faire, qualitativement parlant, avec Police ou en solo. Pour clore le tout, Roxanne. Morceau mythique, composé et écrit à Paris en 77, enregistré live à l’Olympia plus de trente ans plus tard. Le titre est franchement ralenti par rapport aux  différentes versions de Police. Mais avec cette Roxanne, Sting boucle sa vie musicale. Il conclut cet album avec le morceau qui lui a permis de passer du statut de prof à celui de rock star. Une façon de boucler la boucle en fait.

Cette sorte de compilation réenregistrée est avant tout un bon moyen de revisiter la carrière de celui qui a appartenu à l’un des groupes de rock les plus novateurs dans l’histoire de la musique. Un bon album avec de grands musiciens. Du talent, une légende… on est souvent moins gâtés.

Laurent Borde

Sting / My Songs / A&M Records

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