La bande originale de Peaky Blinders, l’une des séries les plus réjouissantes de ces dernières années, est enfin disponible. Vous avez aimé la regarder, vous allez adorer l’écouter !
Depuis plusieurs années, de nombreuses séries cartonnent à la télé. La Casa De Papel sur Netflix, Years And Years sur Canal Plus, Prison Break sur M6, ou encore l’inévitable Game Of Thrones sur OCS. Mais s’il y en a une qui se démarque particulièrement par sa B.O., c’est Joséphine Ange Gardien !… Nan je déconne. C’est Peaky Blinders !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la série diffusée depuis 2015 sur cette excellente chaîne qu’est Arte, mais aussi visible sur Netflix, a mis le paquet sur la B.O. Rien que la chanson du générique Red Right Hand est un pur chef d’oeuvre. Faut dire que ce sont tout de même Nick Cave et ses acolytes des Bad Seeds qui s’y sont collés. Et quand, sur le même album, PJ Harvey reprend d’une façon encore plus sombre, avec un piano déglingué, le Red Right Hand de son ex, rien que pour ça, on se dit qu’on a bien fait d’écouter attentivement.
Une pléiade de stars se retrouvent sur cet album. C’est même un véritable défilé. Nick Cave revient avec le déjanté Breathless, et sa flûte traversière magique, sorti originellement en 2004. La chanson colle parfaitement à l’esprit décalé de la série british. PJ Harvey, encore elle, a décidé de «prêter» deux morceaux à cette B.O. Tout d’abord, To Bring You My Love. Le morceau, très violent, lourd et sombre, sorti en 1995, n’a pas pris une seule ride.
Il y a aussi This Is Love qui, malgré ses 19 ans, est lui aussi toujours terriblement efficace. Même constat pour le reprise du Love Is Blindness de U2 par Jack White. Le chanteur-multi instrumentiste-producteur avait repris ce morceau en 2011 sur une compilation. Sa version avait même été utilisée pour une autre B.O., celle du remake de Gatsby Le Magnifique, film signé Baz Lurhmann avec Leonardo Di Captrio, sorti en 2013. Il revient ensuite avec le St. James Infirmary Blues des White Stripes, morceau bien barré d’auteur inconnu qui fait partie de l’histoire musicale américaine. Bien que basé sur une chanson floklorique anglaise du 18ème siècle, il fut essentiellement interprété par de nombreux artistes américians comme Janis Joplin, Louis Armstrong, ou encore Dr John. Le trio infernal du Black Rebel Motorcycle Club prodigue son blues rock infernal avec River Styx, sorti en 2010, quand Radiohead déprime sur You and Whose Army ? et Pyramid Song, deux des rares morceaux abordables de l’album quasi expérimental Amnesiac, sorti en 2001.
Parmi les autres artistes à ne surtout pas négliger, il y a évidemment l’inégalable David Bowie avec Lazarus, sorte de chanson d’adieu, publiée sur Blackstar, deux jours avant la mort de l’artiste. Les stoners de Queens Of The Stone Age, avec le charismatique Josh Homme, et le «ZZ Topien» Billy Gobbons en guitariste et choriste de luxe, demandent à brûler la sorcière depuis 2005 avec Burn The Witch.
Dans le même genre «on se marre, le soleil est là, vive la fête», Joy Divison, et sa légende Ian Curtis, explorent les fins fonds de la dépression et la noirceur avec Atmsophere, morceau d’anthologie sorti à plusieurs reprises dans les années 80, après la mort du chanteur et leader du groupe de Manchester. Parmi les légendes, évidemment, Black Sabbath. C’est toujours un plaisir d’écouter Ozzy et consorts, surtout lorsqu’il s’agit de The Wizard, sorti sur le premier album du groupe en 1970.
Outre les artistes «confirmés», d’autres, plus récents, figurent aussi au générique génial de cette série historique. Le duo britannique Royal Blood s’énerve sur Come On Over, un des titres qui lui a permis de se faire connaître au grand public en 2014. Le You’re Not God d’Anna Calvi, spécialement composé pour la série, est à la fois oppressant, stressant, et flippant. Le morceau parfait à écouter avant de se coucher si on veut faire des cauchemars.
Elle récidive avec Papi Pacify, morceau très sombre écrit par une autre britannique, FKA Twigs. La «folkeuse» Laura Marling, avec A Hard Rain’s A-Gonna Fall et le très noir What He Wrote, côtoie les Arctic Monkeys avec Do I Wanna Know ?, les Last Shadow Puppets (autre groupe d’Alex Turner, chanteur d’Arctic Monkeys) avec le psychédélique Bad Habits, mais aussi les punks d’Idles et le très violent Never Fight A Man With A Perm. En même temps, on n’image pas une berceuse avec un tel titre…
D’autres punks, Frank Carter And The Rattlesnakes, réputés pour leur violence et la puissance sonore de leurs concerts, s’immiscent brillamment et bruyamment dans cette B.O. avec Devil Inside Me. À côté, les Foals et la power pop sautillante de Snake Oil font bien pâle figure. À noter tout de même, la mention spéciale pour Martin Phipps et son sublime Truce, probablement le thème musical le plus célèbre de la série.
Peaky Blinders n’est pas une série comme les autres. Elle est à la fois historique, tragique, dramatique. Elle est basée sur l’histoire d’un groupe de gangsters anglais qui a existé au 19ème siècle. Cette fois, il s’agit de Travellers, sorte de gitans irlandais, dont le principal boulot entre les deux guerres est notamment de racketter, de faire de la contrebande d’alcool, de tabac, et de protéger commerçants et citoyens de Birmingham moyennant quelques deniers malhonnêtement obtenus, bien entendu. Une mafia «made in Great Britain» en quelque sorte, surnommée Peaky Blinders, littéralement Visières Aveuglantes.
La légende veut qu’ils planquaient des lames de rasoir sur la visière de leur casquette pour s’en servir dès qu’ils étaient énervés. À histoire exceptionnelle, bande originale exceptionnelle. La qualité et la diversité sont plus que jamais au rendez-vous. Quelques courts extraits de dialogues viennent, de temps à autre, ponctuer les morceaux. Si vous souhaitez avoir un palmarès de quelques uns des meilleurs artistes de rock actuellement, n’hésitez surtout pas. Jetez-vous sur Peaky Blinders !
Laurent Borde
Peaky Blinders (Original Music From The TV Series) / Universal Music
À noter que CD et vinyles sont superbement présentés. À vous de choisir !