Elle aime, Hélène. Elle aime aimer et prendre le temps de l’écrire. À l’encre de ses émotions, au fil de ses rencontres, ses lettres s’affranchissent de toutes les barrières. Comme seuls les mots savent le faire quand ils viennent du coeur.
« Permettez que je vous écrive, Madame Alexandra Lamy,
Je vous le concède, la lettre peut paraître “antique” pour tous ceux qui tweetent à tout va et en code # # # # #… Oh, je vous présente toutes mes excuses… J’ai oublié un #… Et voilà, ne jamais sous-estimer le dernier #. Mais fermons là cette parenthèse futile.
Revenons aux mots que nous aimons. Ceux qui savent faire une douce mélodie, qu’il est bon de lire, d’entendre et d’écrire aussi. D’autant que lorsque ces mots prennent vie avec l’actrice que vous êtes, vient un plaisir qui ne passera pas et dont je ne me lasserai jamais.
Pour tout vous avouer, j’ai eu, avec mon confrère et ami Olivier Daudé, l’infini bonheur d’écrire à quatre mains quelques répliques à l’époque déjà lointaine d’une certaine « Chouchou » et d’un certain « Loulou ». Nous les jouions, mal ça va sans dire, pour tester les chutes.
Mais quand l’une de nos répliques, dans votre voix, un jour prit vie, une fois passée la petite fierté qu’il serait malvenu de cacher, je compris que sans la maitrise de l’art, sans la justesse, sans le talent de l’acteur, et dans ce cas précis de l’actrice, les mots à dire ne sont rien ou si peu de choses.
Il leur faut pour sonner sans dissonance cette lumière toute particulière que vous possédez, vous, Madame.
C’est l’objet de ma lettre. Saluer celle que vous êtes, toutes celles que vous avez incarnées, en nous faisant oublier le temps d’un film que c’est… un film.
Magie du cinéma ? Sûrement. Mais il ne faudrait pas omettre le talent de l’actrice attentive à servir au mieux le réalisateur. Et il en va de même au théâtre.
Lors de notre rencontre, j’ai été déconcertée de voir avec quelle simplicité vous dites un vrai “ Bonjour, comment allez-vous ? Merci de me recevoir… ” sans être obligée de passer le barrage d’une horde d’attaché(e)s de presse.
Quand votre nom est prononcé, les adjectifs, les superlatifs se bousculent au portillon. « Pétillante », « lumineuse », « adorable », « attentive », « charmante »… et la liste pourrait nous mener jusqu’à demain, mais aujourd’hui ignore tout de demain, nous ne le savons que trop depuis plusieurs mois…
Je pourrais, sans mal, énumérer vos rôles en prenant le temps de souligner la beauté du jeu, comme on détricote lentement avec plaisir une écharpe de laine douillette, mais là aussi, nous y serions encore demain. Alors, oublions demain et parlons d’hier.
Nul n’oubliera le confinement et son pourquoi, mais permettez que je vous remercie, car ce dernier fut pour moi et grâce à vous, plus léger.
Ainsi, j’ai vu, revu, revu encore, nombre de vos films. Certes, les fauteuils confortables d’une salle obscure m’ont manqué, mais même ça, vous avez réussi à me le faire oublier. Et non, je ne possède pas un écran plat faisant la moitié de la pièce !
Magie du cinéma ? J’y reviens. Ou talent extrême de l’actrice ? Les deux ! Pourquoi choisir ?
C’est d’ailleurs là votre singularité, celle qui me touche le plus. Vous savez mettre votre art au service du drame comme de la comédie. Vous savez fouler les planches et habiter la scène d’un théâtre, sans filet, sans artifices. Vous savez ne faire qu’une avec l’objectif d’une caméra, de toute évidence sous le charme.
Ne pas choisir, faire… Tout cela paraît si simple pour vous. Il est là, l’Art suprême.
Je ne peux clore cette lettre sans saluer également vos engagements ainsi que vos prises de paroles dont les mots choisis sont dits avec force, éloquence et dignité.
Et je n’oublie pas ce sourire qui irradie avec lequel souvent vous concluez.
L’actrice que vous êtes, la femme que je devine… ces deux-là font du bien à nos quotidiens.
Alors oui, chère Alexandra, jouez, vivez ! Faites nous rêver encore !
Avec tout mon respect. »
Hélène Lacore Kamm