« The Nothing » de Korn : Back In Black

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Korn, le groupe de Bakersfield est de retour avec The Nothing. Un album noir. Sombre, intime et beau. 

Le 17 août 2018, le monde de Korn s’assombrissait. Deven Davis succombait une saloperie d’overdose. L’ex-femme du leader et chanteur de Korn, Jonathan Davis, était âgée de 39 ans. Pour lui rendre hommage, Jonathan Davis a composé une sorte de concept album intitulé The Nothing. Ce treizième album est d’une telle noirceur qu’il ferait passer Joy Division pour la Compagnie Créole. Le thème est simple : se battre constamment pour ne pas tomber dans les pires recoins mentaux, dans le noir total, la folie, et éviter l’autoroute de la came, si fatale.

The End Begins, le morceau qui ouvre l’album, donne le ton. Comme l’album Issues, il commence par de la cornemuse jouée par Jonathan Davis. Différence notable, le chanteur hurle son désespoir, pousse des cris, pleure. C’est une sorte de folie furieuse qui semble s’emparer de lui. Chose confirmée avec Cold, morceau au sein duquel Davis évoque un monde terrible, glauque, sorte de vision paranoïaque du quotidien. Le refrain, quasiment pop, contrebalance avec la dureté des paroles et une rythmique presque expérimentale avec des cordes dissonantes, le tout mené brutalement par la basse et la batterie. Musicalement, on a presque l’impression d’entendre Slipknot par moments. Le chant guttural de Jonathan Davis, gage de qualité pour les fans, reste tout de même omniprésent sur de nombreux titres, et sur celui-ci en particulier. D’autres morceaux comme The Seduction Of Indulgence, avec son intro quasiment martiale, ou The Ringmaster évoquent une sorte de folie pure, menant inéluctablement vers une mort prématurée.

Jonathan Davis se livre parfois encore plus intimement. Dans You’ll Never Find Me, premier single de l’album, sa voix est presque endurcie. Il se pose des questions, tente de se mettre à la place de sa femme. Côté musical, il n’est pas sans rappeler Fear Factory, époque Digimortal.

Si dans Finally Free, il décrit l’addiction de sa femme, il se dit aussi qu’elle en a enfin fini avec ses putains de dépendances tout en se demandant où il a bien pu déconner. Il se pose là en responsable de la déchéance de Deven Davis, en comprenant de toutes façons, que la drogue était la plus forte. C’est un peu le même scénario dans H@rd3r. Il s’accable, évoque une sorte de culpabilité, tout en se sentant totalement perdu. Musicalement, le morceau est, là encore, proche de l’expérimental, avec un passage rapide de boîte à rythme, au milieu d’une rythmique extrêmement lourde.

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Quant à This Loss, il se passerait presque de commentaires tant le titre, Cette Perte in french in ze text, est une évidence. Le morceau, peut-être le plus sincère, avec un passage de metal mélodique, chose assez rare chez Korn, est d’une noirceur extrême. Pendant près de cinq minutes , le chanteur évoque, avec un chant simple, cette irrémédiable perte qui l’a menée vers la dépression et l’impossibilité d’être heureux. Une douleur extrêmement vive et constante.

Un thème encore présent dans Gravity Of Discomfort, où le chanteur évoque sa solitude, le poids de la souffrance de cette mort brutale, et pourtant tellement prévisible, tant l’addiction de Deven Davis à différentes substances, (héroïne, cocaïne principalement) était immense. Et puis, il y a le terrible Surrender To Failure. Dans ce morceau d’une froideur extrême qui clôt l’album, Jonathan Davis évoque à nouveau son mal être total, sa solitude, et ce manque. Il évoque aussi sa culpabilité indirecte dans cette mort, répétant longuement «I’ve failed» («J’ai foiré»)…

Cet album est sans doute une sorte de thérapie pour Jonathan Davis. Les quatre autres membres du groupe semblent presque s’être mis à son service. Plus qu’un disque, c’est une véritable analyse, qui semble plus que nécessaire pour le leader du groupe californien. Même s’il s’était séparé de sa femme en 2016, il était resté très attaché à celle avec qui il a eu deux enfants. Il avait beau l’avoir envoyée en cure de désintox plusieurs fois, rien n’y a fait. À travers cet opus, Davis partage sa douleur, ses angoisses, son mal être. Son sentiment de culpabilité, omniprésent, le balance dans une franche folie qui, bien que surjouée, semble évidente et insurmontable. The Nothing n’est peut-être pas le meilleur album de Korn. Mais il est sans aucun doute le plus sincère.

À noter que Korn effectuera une tournée européenne à l’été 2020. Pour le moment, les cinq metalleux n’ont annoncé que quatre dates, mais aucune en France. On espère simplement les voir dans nos contrées. Cet album confirme que Korn n’est pas seulement un groupe leader du Nu Metal, mais l’un des plus grands groupes de Metal de la planète.

Laurent Borde

Korn / The Nothing / Roadrunner Records      

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