Jean-Paul Belmondo : la B.O de nos Vies

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Jean-Paul Belmondo vient donc de tirer son ultime révérence. Ils nous a quittés mais il nous laisse ses films dont les thèmes ont accompagné nos vies. Salut Maestro et musique !

Belmondo ! Bébel ! Il n’en fallait pas plus pour bien plomber cette rentrée. Lui, L’Homme De Rio, Le Professionnel, Le Marginal, L’Alpagueur vient de nous jouer la Grande Évasion !

Lui qui était à la fois drôle, émouvant, irrésistible d’insolence et de nonchalance, que ce soit dans Un Singe En Hiver ou À Bout De Souffle. Lui qu’on aimait tant voir se bastonner dans Le Corps De Mon Ennemi, Le Solitaire ou Peur Sur La Ville. Lui qu’on aimait tant voir déconner dans Docteur Popaul ou L’Incorrigible. Il n’avait pas le droit de partir !

Il laisse derrière lui des chefs-d’œuvre cinématographiques, des succès immenses au Box Office, c’est une évidence. Il nous laisse aussi, et plus indirectement, des chefs-d’œuvre musicaux auxquels il restera toujours intimement lié.

Le premier d’entre-eux est sans aucun doute le thème principal de La Scoumoune.

En 1972, François de Roubaix compose le générique du film de José Giovanni. Installé dans son appartement de la rue de Courcelles, où il invite régulièrement des musiciens de jazz pour s’éclater et faire la fête, il se met à faire des expérimentations musicales.

Pour cette B.O. fabuleuse, il n’hésite pas à mélanger les instruments dits traditionnels comme l’orgue de barbarie, avec des crécelles, ou des instruments électroniques comme le Minimoog. 

Le tout donne un morceau quasi lunaire, intemporel, et beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air. Chaque écoute révèle une sonorité nouvelle. C’est non seulement un plaisir, c’est aussi une approche de la perfection musicale.

Une autre musique assez surprenante, le thème principal de L’Animal. 

En 1977, Belmondo tourne sous la direction de Claude Zidi, avec ses potes Charles Gérard et Aldo Maccione, mais surtout avec Raquel Welch, la bombe du moment.

Le film au budget colossal à l’époque, 25 millions de francs, voit même Johnny Hallyday et Claude Chabrol faire des apparitions. Richard Bohringer et Josiane Balasko sont aussi de la partie mais à une différence… Ils commencent leur carrière.

Du côté de la musique, le producteur Christian Fechner a mis les gros moyens en employant Vladimir Cosma. La musique est totalement disco avec une ritournelle au synthé qui se retient facilement, des percussions latines, et des cuivres omniprésents.

Le morceau aura tellement de succès qu’il sortira même en version remixée avec rugissements de lion auxquels se mêlent ceux d’une dame qui semble aimer vraiment mais vraiment beaucoup beaucoup beaucoup les animaux. Le tout sera notamment destiné aux pistes noires… de danse bien entendu. 

Autre thème incontournable, celui du Casse.

La distribution, à elle seule, calme tout le monde : Jean-Paul Belmondo, Omar Sharif, Robert Hossein et Henri Verneuil à la réalisation. La musique quant à elle n’est pas sas rappeler celle d’un autre film sorti deux ans plus tôt, qui réunissait Gabin, Venutra et Delon : Le Clan Des Siciliens.

À quelques notes près, Ennio Morricone, compositeur des deux, emploie la même recette en utilisant un orchestre, du clavecin, des cuivres et même de la mandoline. Le succès du film a été mondial, celui de la musique aussi.

On ne peut pas non plus oublier Le Cerveau. Le film de Gérard Oury, avec Bourvil et David Niven.

La chanson du thème principal, The Brain, morceau pop psychédélique, est composée par Georges Delerue et interprétée par le groupe américain American Breed, dont ce sera le seul et unique succès chez nous… Et ailleurs aussi !

Pour le reste, Delerue misa sur des slows un peu trop sirupeux, sur de la java presque clichée, ou sur du jazz. Offrant néanmoins la palette de son talent qui fit de lui l’un des plus grands compositeurs de musiques de films au monde. 

Evidemment, nous aurions aussi pu évoquer l’angoissante musique de Peur Sur La Ville, sublimement composée par Ennio Morricone, le jazz d’À Bout De Souffle composé par Martial Solal, la folle bande originale d’Un Singe En Hiver signée Michel Magne, ou encore celle d’Itinéraire D’Un Enfant Gâté, tout à la fois circassienne, et symphonique, composée par le très regretté Francis Lai.

Pour ses films comme pour leurs musiques, Belmondo et les réalisateurs avec qui il a travaillé ont toujours su magnifiquement s’entourer. Evidemment, tout n’est pas reluisant. On n’aurait peut-être pas envie d’écouter en boucle le thème du Solitaire. Mais celui du Professionnel va nous hanter longtemps encore.

Belmondo aimait la musique. Il en jouait même, pour de faux évidemment, dans certains de ses films comme Le Guignolo où il déconne fortement sur du Chopin avant d’éclater les doigts de son partenaire avec le couvercle de clavier. Un grand moment ! 

Une certitude, Belmondo, au savoir-être inspirant et inimitable, au savoir-faire inégalable, c’était le Cinéma. Belmondo c’était la Musique. Nous avons eu la chance de vivre en même temps que lui.

Ses films et leurs thèmes sont entrés et resteront gravés dans l’histoire du cinéma comme dans celle de nos vies.

André Malraux a dit un jour que « le tombeau des héros est le coeur des vivants » … Belmondo a ainsi gagné sa part d’éternité.

Au revoir donc, Monsieur. Et surtout… Merci !     

Laurent Borde

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