Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, I Want You de Bob Dylan !
Ce gimmick de la chanson I Want You de Bob Dylan me rappelle un épisode marquant de ma vie sexuelle… C’était avant la grande révolution sexuelle de 68, justement. J’étais au collège et je n’étais que romantique. Mais je sentais bien que ça ne pouvait pas durer, qu’il fallait que je concrétise charnellement.
J’avais seize ans et je ne savais pas où et comment emballer. Y’avait les boums, à l’époque, dans des garages chez des copains, ou le bal à la fête du pays, mais ça me paraissait une montagne d’entreprendre une nana pour arriver au sifflet dans la tirelire.
Je me sentais con à me coller à une fille sur Whiter Shade of Pale ou When a Man Loves a Woman et à gamberger l’instant psychologique pour lui rouler une pelle ou lui agacer le mamelon. Tous ces passages obligés étaient chiants.
Après avoir macéré dans le romantisme, je voulais aller droit au sexe sans m’encombrer de préjugés et de faux semblants. Et surtout, éviter la honte d’essuyer un refus ou une remise à ma place à cause de mon grand nez, mon oreille gauche plus décollée que l’autre. Ce genre de connerie sur laquelle un ado fixe bêtement.
Avec un pote du collège, on a alors trouvé la solution : la Suède. Des mecs qu’on connaissait y étaient allés et nous avaient dit que là-bas les filles étaient faciles, que le sexe était simple et sans chichis. Aussi naturel que de prendre un lait fraise en terrasse. « How do you do ? » « Fine and you ? » Et hop, on martyrise le sommier dans l’heure qui suit. C’est ce qu’il me fallait.
J’ai bossé une partie de mes vacances scolaires comme aide peintre sur un chantier pour me payer trois semaines en Suède et baiser enfin !
Mon pote avait un plan pour qu’on parte avec un routier jusqu’au nord de l’Allemagne. On a crapahuté avec nos sacs à dos et on s’est retrouvés à Malmö. La première nuit, on a dormi sur la plage dans nos sacs de couchage. Quand on s’est réveillés, la plage était jonchée de crapauds. Mauvais présage.
On a remonté le pays en stop avec nos sacs à dos, tout étonnés, en tant que Français, de ne pas avoir été violés-consentants par les nanas qu’on croisait. Le cinq ou sixième jour pourtant, on en a rencontré deux qui nous ont amenés chez elles. On s’est assis dans le canapé mon pote et moi et elles nous ont fait face sur un autre.
Impressionnés par les deux blondes, clichés de la suédoise de base, on n’avait pas osé retirer nos sacs à dos. On ne pouvait donc pas s’adosser et prendre une allure désinvolte pour les entreprendre. On restait raides sur le canapé et les filles attendaient qu’ on leur fasse la conversation.
Au bout de dix minutes que le silence sifflait, j ‘ai ouvert ma gueule : « From where do you come from ? » L’une d’elles a répondu « Göteborg. » On a hoché la tête à tout hasard, comme quoi c’était super d’habiter là.
Et après un autre long silence plombant, mon pote a tenté : « What kind of music do you prefer to listen to ? » Elles ont répondu en choeur: « Oh ya, Rolling Stones ! » On n’a rien compris.
Phonétiquement, on a entendu : « Oh ya, raling sten ! » J’ai acquiescé, et j’ai dit que personnellement je préférais les Rolling Stones.
Elles nous ont offert des cigarettes suédoises et puis on s’est levés. On leur a serré la main et on est partis. On a arpenté le pays, couchant dans les auberges de jeunesse, avec la même infortune avec les nanas parce qu’on n’arrivait pas à discerner quand on avait la cote.
Alors, on a acheté plein de revues pornos qu’on potassait le soir en se tripotant. Et puis on s’est résolus à rentrer. Epuisés et déçus de ne pas avoir été confrontés à la légende de l’allumette suédoise hautement inflammable.
Je ne me suis jamais autant astiqué le Justin Bridou qu’en Suède.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !