Le Rock’n’Râleur vous livre ses anecdotes que lui inspirent des célèbres Gimmicks Rock qui demeurent dans son cœur et dans son froc. Aujourd’hui, Midnight To Six Man des Pretty Things !
Ce gimmick en accords du titre Midnight To Six Man, des Pretty Things, groupe pas très connu des sixties, me rappelle le collège religieux où j’avais atterri après m’être fait virer de deux lycées. Lycée normal et lycée technique. Vachement psychologue, l’orientateur.
C’était à Pont-Audemer, à 30, 40 bornes de Deauville. Y’avait un mélange de profs, curés et laïques.
Le collège pratiquait un peu le sport-études avec beaucoup plus de sport que dans les établissements scolaires normaux.
Le prof de sport, un Corse taillé comme Rambo avait fait l’Indochine et ne rigolait pas. Il distinguait deux catégories d’élèves : les sportifs ou assimilés, et les épaves.
Les sportifs étaient ceux qui faisaient le taf pendant ses cours de gym : tours de stade jusqu’à épuisement pour l’endurance, abdos jusqu’à appeler sa mère, et pompes dans la neige en hiver.
Certains après-midi, on avait rugby. Les potes pour qui je jouais de la guitare au foyer avaient des yeux de tueurs sur le terrain. Autant dire que je me débarrassais très vite du ballon.
Les épaves étaient ceux qui se faisaient dispenser de gym, dispenses de complaisance par le toubib de famille, y’avait beaucoup de fils à papa, et ça coûtait du pognon d’être là. Épaves aussi ceux qui tombaient en digue digue pendant les cross ou les tours de stade, et surtout ceux qui fumaient et jouaient aux cartes le midi au foyer.
C’est là que j’ai entendu ce titre, Midnight To Six Man, pour la première fois sur l’électrophone du foyer.
Parmi les épaves, je me souviens d’une tête brûlée, Fabien Lepoivre, qui tenait tête au Corse. Mieux, il se foutait de sa gueule.
Un jour, pendant une démonstration de lancer du poids où le Corse arborait un jeu de jambes un peu précieux par rapport à son gabarit, Lepoivre avait ri très fort.
Le Corse lui a dit : « La prochaine fois que vous riez, je vous fous le poids sur le gueule ! » LePoivre à ri à nouveau à la démonstration de lancer suivante, et le Corse lui a lancé le poids à la gueule. 5 kilos. Il aurait pu le tuer. Il saignait.
Il a rassemblé ses affaires et il est allé à la porte du gymnase pour partir. Le corse lui a dit : « Lepoivre, vous savez ce qui va se passer si vous sortez ? »
Lepoivre est revenu dans la salle. Il avait été viré de tous les lycées et collèges possibles, et il savait que s’il était viré de celui-là, il était déscolarisé, définitif. « Allez vous laver et revenez pour les abdos » , lui a lancé le prof de gym. Dont acte.
Moi, j’étais dans une espèce de no man’s land. Ni dans les sportifs, ni dans les épaves. Mais le corse me foutait la trouille.
Le midi après la cantine, il avait instauré de la gym particulière. J’y suis allé parce que je m’en foutais d’aller au foyer, je ne jouais pas aux cartes. J’y allais juste pour écouter de la musique. Une poignée de mecs, fils de gros magnats directeurs de supermarchés ou de labos pharmaceutiques passaient leurs week end à Londres et ramenaient des disques, toute la pop merveilleuse des sixties. J’avais tout en primeur.
Avec la gym particulière, le Corse m’a classé définitivement parmi les siens. Je me souviens qu ‘il m’avait demandé de me mettre en slip dans le gymnase pour me faire une planche.
C’est à dire qu’il me notait des exercices à faire selon ma morphologie. Je respectais consciencieusement la planche tous les midis. D’où ce corps de rêve encore maintenant. Je déconne. Mais pas tant que ça.
Un jour, j’ai dit au Corse à part que je jouais de la guitare. Et je lui ai demandé si les exercices d’haltères pour les bras n’allaient pas me faire perdre en dextérité. « Pas du tout, il m’a répondu, moi-même je joue de la guitare » … Ça ne m’a pas rassuré.
Francis Basset
Lire le Gimmick Rock du Rock’n’Râleur, c’est bien.
L’écouter, c’est très bien aussi… En plus, il y a la guitare !