Musicales et Merveilleuses, les Caroline réenchantent nos Jours !

Musicales et Merveilleuses, les Caroline réenchantent nos Jours !-Ouv-ParisBazaar

Le temps d’une revue comme on n’en voit plus, Caroline Loeb et Caroline Montier signent un spectacle pétri d’humour et d’émotion qui fait oublier les morsures de l’époque et nous met en joie. Une gourmandise rare et bienvenue !

 

Imaginez. Par un dimanche frileux, de vent et de pluie, dernier jour d’une semaine de la même couleur, monotone et taciturne, lâcher son plaid, défier les courants d’air et se rendre jusqu’aux biens nommés Les Enfants du Paradis. Là, s’asseoir. Avant de se laisser cueillir par les Caroline comme on se laisse surprendre par un coup de soleil, la tendresse en plus. Et l’espace d’une heure passée comme un songe joyeux, repartir chez soi, souriant et heureux…

C’est ce qu’on a vécu avec Caroline Loeb et Caroline Montier, qu’accompagne au piano l’impeccable Vincent Gaillard. Les deux merveilleuses ont eu l’excellente idée d’une revue qui renoue avec les belles heures du Cabaret, et qu’elles mènent avec une maestria qui fait plaisir à voir, sans jamais oublier d’être tout à la fois élégantes et drôles, irrésistibles et burlesques.

Pour ce pas de deux peu commun, les deux héroïnes ont fouillé dans les malles du grenier et ont déniché des trésors. Damia, Fréhel, Mistinguett, mais aussi Pauline Carton et Gaston Ouvrard qui se dilate toujours mais cette fois de la ouate, Brigitte Fontaine et Michel Jonasz.

Des chansons d’hier, d’avant-hier ou de tout à l’heure dont elles font leur miel, et qu’elles interprètent, mieux, qu’elles incarnent avec bonheur et gourmandise. Comme si elles avaient ici toujours été chez elles.

Tout en jambes gainées de résille fatale, tendres et mordantes, elles se piquent, elles se chahutent. Elles se consolent, elles se complètent. Elles sont charmantes et émouvantes. Elles sont les deux faces d’un même Louis d’Or.

Musicales-et-Merveilleuses_-les-Caroline-réenchantent-nos-Jours-_-Pas-de-deux-ParisBazaar©Matthieu-Camille Colin

« Ce spectacle est né de ma rencontre avec Caroline Montier, raconte Caroline Loeb, que j’ai croisée au Festival d’Avignon où je vais chaque année, où elle va souvent, et on a bu un verre un soir, rue des Teinturiers… 

Elle sortait de son spectacle « Les Swinging Poules » que je n’avais pas encore vu… On a sympathisé et puis, quelques semaines plus tard, elle m’a appelé pour que je la mette en scène dans un spectacle autour de Barbara parce qu’elle avait vu les spectacles musicaux que j’avais mis en scène… Et j’ai commencé par dire non… « Oh là là, quelqu’un qui reprend Barbara ! » … J’étais pas convaincue (sourire).

Et puis, elle s’est mise au piano, elle a commencé à chanter et là… Elle avait une telle grâce, une telle sensibilité, une telle fraîcheur que j’ai dit : « Allez, ok ! »

Donc, on a fait ce spectacle qui a bien marché, qu’elle a beaucoup joué… Pendant qu’elle donnait ce spectacle, on a commencé à se voir en dehors de nos séances de travail, on est allées beaucoup au théâtre, on a vu plein de trucs ensemble, on est allées boire des coups, bref, on est devenues des copines …

Et ensuite, elle m’a proposé de la mettre en scène dans un spectacle cette fois autour de Greco… J’ai eu la même réaction que pour Barbara (sourire), et puis elle m’a fait écouter des chansons de Greco et j’ai découvert le répertoire absolument génial de Greco ! Donc, on a monté ce spectacle et de nouveau, ça s’est très bien passé, on a pris beaucoup beaucoup de plaisir à travailler ensemble !

Et à force de se voir, j’ai tout à coup eu un flash : « Pourquoi on ferait pas un spectacle toutes les deux ? » Et j’ai décidé de le monter ! On a cherché des chansons ensemble, elle a apporté des choses, j’ai apporté des choses… On n’a pas tout à fait la même culture, c’est vrai que j’ai une grosse culture cabaret, et des chansons des années 20-30… Et puis, on a travaillé avec Flannan Obé à la mise en scène… Tout s’est fait simplement, naturellement et miracle, le duo a fonctionné !

Ce qui n’était pas évident, parce c’est vrai qu’elle a une voix absolument démente, tandis que moi, je suis plutôt dans la gouaille, la déconne et l’auto-dérision… Mais elle a elle aussi beaucoup d’humour… Parce qu’elle est très intelligente, très fine… Et on s’entend très bien ! Et ce qui est très marrant, c’est que sur scène, il y a un côté frangines alors que c’était pas gagné.

Musicales et Merveilleuses, les Caroline réenchantent nos Jours-Frangines-ParisBazaar©Matthieu-Camille Colin

« J’avais envie de m’amuser, j’avais envie de déconner… Surtout en sortant du Sagan, qui était austère même si on y riait… Mais je ne voulais pas non plus faire du tagada tsoin tsoin, donc, oui, il y a des moments où viennent les larmes…

Et tout ce qu’on dit entre les chansons, ça vient de nous ! On ne joue pas des personnages fabriqués, on pousse un petit peu les potards sur ce qu’on est vraiment…

Oui, ce spectacle raconte les femmes, il dit surtout ce que c’est qu’être une femme d’un peu plus de cinquante balais… J’adore la chanson de Brigitte Fontaine qui dit : « Je suis vieille et je vous enc… ! » Pour moi, ce spectacle, c’est ça ! C’est un pied de nez et un bras d’honneur à la vieillerie (sourire) !

Si j’ai envie de me mettre dans une robe ras le bonbon, à la Zizi Jeanmaire, je le fais et ça passe ! Zizi Jeanmaire, elle a chanté avec des mini-robes  jusqu’à 80 balais ! J’étais au premier rang aux Bouffes du Nord, j’étais en larmes ! Tellement, elle était élégante, tellement elle était mignonne, touchante et quelle gouaille, et quel talent !

Donc, voilà, Les Caroline, c’est une façon d’assumer ça et de dire : « Qu’est-ce que ça peut faire, l’âge qu’on a ?? On s’en fout ! On a envie de se faire plaisir, on a envie de s’amuser, on a envie de faire les pitres ! »… Il n’y a pas d’âge pour les braves (rires) ! » 

©Matthieu-Camille Colin

Si comme nous, les temps qui courent dans le mur vous fatiguent, si vous ne pouvez que constater, sans vous y résoudre, que chaque jour la bêtise améliore son score de la veille, si les injonctions sur tous les tons vous assomment, débranchez donc la sono criarde et offrez-vous les Caroline.

Elles ne sont pas seulement drôles et talentueuses, en n’écoutant qu’elles et en ne demandant la permission à personne, elles ont simplement tout compris. Et c’est fou, la joie qu’elles nous donnent !

O.D

Les Caroline, un spectacle musical de Caroline Loeb et Caroline Montier. Accompagnées au piano par Vincent Gaillard et mises en en scène par Flannan Obé.

Lumières d’Arnaud le Do. Costumes de Stephan Janson

À l’affiche tous les dimanches à 16h00 des Enfants du Paradis à Paris.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

VOUS AIMEZ ? REJOIGNEZ-NOUS ET ABONNEZ-VOUS !

DÉCOUVREZ MAINTENANT