REM et Sébastien Tellier : Pépites de Février

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En chinant dans l’armoire de nos souvenirs, Out Of Time de REM s’est laissé redécouvrir. Autre trouvaille, Simple Mind de Sébastien Tellier. Deux bonheurs valent toujours mieux qu’un.

Et si, à défaut de pouvoir se réjouir de voir jouer des artistes «en vrai», on en revenait aux fondamentaux ? Parmi quelques albums essentiels, il y en a un qui n’a pas pris une ride. Son titre ? Out Of Time de REM.

Sorti en mars 1991 (et ouais, trente piges…), cet opus a tout pour plaire au plus grand nombre. Il mélange pop, folk, musique classique, musique country, et un chant habité, à la fois émouvant, fascinant et percutant.

Ce n’est pas un hasard si Losing My Religion a cartonné un peu partout sur la planète. Le morceau n’est pas bon, il est exceptionnel, avec sa mandoline omniprésente, la rythmique de basse qui semble tout droit sortie d’un album de Fleetwood Mac, et les cordes jouées par des membres du Atlanta Symphony Orchestra.

La voix de Michael Stipe est terrible. Elle nous accroche, nous retourne, nous prend aux tripes au cours de ce morceau si sombre. Elle est en total contraste avec Shiny Happy People, interprété avec la barge en chef des B-52’s, Kate Pierson, qui s’amuse aussi sur Near Wild Heaven, deux des trois morceaux de l’album sur lesquels le bassiste Mike Mills donne de la voix.

La grande chanteuse aux cheveux rouges se pointe aussi sur Me In Honey, titre qui clôt l’album. Il faut dire que les deux groupes se connaissent parfaitement puisqu’ils viennent tous deux de la ville d’Athens en Géorgie. 

L’instrumental Endgame a probablement inspiré Alice In Chains pour Jar Of Flies sorti en 1994, tant les ambiances de ce morceau et de ceux de l’album acoustique du groupe de Metal sont proches.

Il y a aussi Low, qui est un exemple de noirceur. Le morceau, avec son orgue Hammond, ses cordes sublimes, ses percus presque légères, sa basse terriblement lourde et sa guitare à la fois agressive et aérienne, ferait passer n’importe quel morceau gothique pour une chanson de foire jouée à la MJC Pierre Bachelet de Zuydcoote (où on irait bien passer un week-end… Ok je sors!).

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Toujours dans la noirceur, Country Feedback, et son instru country rock. Les paroles décrivent la fin d’une relation, un constat terrible et chaotique. C’est beau et terriblement triste. Difficile de résister à tant de beauté et de «désarroi musical». Le sublime est tout proche…   

Half A World Away semble tout droit sorti d’un générique de série irlandaise quand le sautillant Texarkana, du nom d’une ville située entre le Texas et l’Arkansas, est plutôt un morceau de power pop exceptionnel. 

Ce septième album studio de REM est celui qui a permis à bon nombre d’entre nous de découvrir ce groupe extraordinaire. À partir de là, REM acquiert une véritable renommée internationale. Les musiciens, pourtant connus partout, resteront à la fois humbles et modestes.

Lorsque vous rencontrez Michael Stipe ou Mike Mills, tous deux sont d’une gentillesse hallucinante. Ils sont souriants, discrets, et avenants, l’inverse de certains artistes français, pseudo-stars comme… Non, nous ne balancerons pas, même si nous en avons très très envie. 

REM, qui signifie Rapid Eye Movement (étape du sommeil paradoxal pendant laquelle les paupières ne cessent de bouger alors que la personne rêve), est un grand groupe. Un très grand groupe même.

Bien qu’il se soit séparé en septembre 2011, le quatuor formé par Michael Stipe, Peter Buck, Mike Mills, et Bill Berry, aura marqué et continue de marquer, par son indépendance musicale et intellectuelle, de nombreux groupes comme Radiohead, Pearl Jam, The Smiths, The Dandy Warhols, The The, et même U2. REM a été un des plus grands groupes de rock au monde. Il est devenu une légende.    

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Pendant ce temps, on écoute avec un bonheur non feint Simple Mind de Sébastien Tellier. Le musicien barré a décidé de nous faire plaisir en sortant une compilation de titres qu’il a lui-même choisis, chose rare pour être signalée. Tout a été réenregistré en totale simplicité avec un synthé, un piano, et une basse. Le résultat est fort.

Tellier ne peut plus cacher son admiration pour François de Roubaix sur des titres comme Domestic Tasks, Intromission, ou les délirants Against The Law et Comment Revoir Oursinet?.

Les tubes que sont L’Amour Et La Violence ou Divine retrouvent presque une nouvelle jeunesse à travers ces versions retravaillées et dépouillées par rapports aux originales.

Et puis il y a Gainsbourg. Comme sur Ricky L’Adolescent qui pourrait presque avoir été composé par Le Grand Serge à la fin des années 60, période Requiem Pour Un Con (68-70).

Cet album est à la fois fabuleux et déroutant. Sébastien Tellier surprend avec chaque version.

Parfois agaçant, parfois amusant, parfois envoûtant, il ne laisse pas indifférent. C’est le propre des grands artistes. Tellier en est un.

Laurent Borde

REM : Out Of Time / Warner

Sébastien Tellier : Simple Mind / Record Makers        

 

 

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