Sylvia Galmot : « Paris est une Femme ! »

Sylvia Galmot - Une- Paris Bazaar - Marion

En portant son regard sur la Parisienne, la photographe Sylvia Galmot compose avec tendresse et humour une fresque étonnante et vivante. Jetez vos vieux clichés !

Elle lit à la terrasse d’un café ou médite dans le calme recueilli de l’église Saint-Sulpice. Depuis sa fenêtre, elle regarde le ciel de Paris, à moins que ce ne soit le monde qui gesticule sans elle. Elle attend détendue, assise contre un des piliers d’acier du pont Bir-Hakeim. On la devine promener son enfant au Trocadéro. On la voit faire du vélo sur le pont Alexandre III, les fesses délicatement dévoilées par le vent espiègle, ou s’évaporer énigmatique dans la nuit de Montmartre. On l’aime déjà.

Parfois brune, d’autres fois blonde, d’humeurs et d’atours changeants mais toujours belle, sensuelle, libre et solitaire comme celles qui ont fait le choix de leur indépendance, elle incarne la Parisienne. Celle que Sylvia Galmot a eu le désir de nous révéler. Et on est sous le charme. Plus que jamais. Parce qu’il y a dans ses attitudes un mélange de force et de tendresse, d’abandon et de courage. Une féminité qui s’affirme sans heurter ni s’excuser. Avec grâce et intelligence.

Sylvia Galmot-ParisBazaar-Marion©Jean-Marie Marion

« C’est un hommage à la Femme. À toutes les femmes. Elles sont fortes et courageuses. J’ai eu envie de les mettre à l’honneur. La Parisienne ? La Parisienne est une femme qui fait rêver le monde entier. Elle est belle, légère. J‘ai voulu la photographier sous toutes ses formes, dans des endroits emblématiques de Paris. »

Et puis à bien la regarder, c’est curieux comme au fil des scènes cette Parisienne plurielle donne l’impression d’un déjà vu mais singulièrement et subtilement différent. Ce cadrage, cette lumière, cette composition dans l’image… c’était pas dans un film ? Bien-sûr que oui.

Portier de Nuit, Gilda, À Bout de Souffle, Belle de Jour, Taxi Driver, Jules et Jim ou encore le Mépris, la Parisienne s’incruste dans le champ et détourne le grand écran qui n’attendait que ça. Étonnant. Comme si Sylvia Galmot prolongeait de son propre regard la séquence que le spectateur croyait figée pour au moins l’éternité. Un clin d’œil sensible et inspiré. Un pas de deux subtil et bienvenu, à des années d’intervalle, entre une photographe et des cinéastes.

« J’ai toujours adoré le cinéma. J’ai choisi des films cultes que j’aime, j’ai retenu les scènes où la femme apparaît, sensuelle et sensible. Et je les ai retranscrites avec mon oeil, ma sensibilité. Je ne veux rien m’approprier. Rien voler. Je ne veux pas déranger la beauté des images existantes. Je veux juste apporter ma petite touche personnelle, mon regard. C’est une façon pour moi de dire : « Voilà ce que cette scène m’apporte, m’inspire. » C’est juste un petit grain de sable que j’apporte mais je le veux doux, simple et joli.

Et la Parisienne, c’est un peu ma Martine à la Plage (sourire). Je vais continuer aussi longtemps que je pourrai. Comme pour cet autre travail sur le cinéma, d’ailleurs… tant que je pourrai appuyer sur le bouton (rires).

Mon moteur, c’est l’émotion. Il y a la lumière, le contraste bien sûr, mais le plus important, c’est la complicité, l’échange. Je fais toujours attention à ce que mes modèles soient heureux, à l’aise. J’aime embellir la femme quand je fais une photo. Je me soucie d’abord de mon modèle, ce n’est qu’après que je fais gaffe à ma lumière, à mes contrastes, à mes trucs, mes machins techniques (sourire). Celle ou celui que je photographie est le plus important. »

Sylvia Galmot-Photographe-ParisBazaar-Marion©Jean-Marie Marion

Actrices, acteurs, icônes du moment ou légendes disparues, on pense ici à Annie Girardot qu’elle a saisie dans l’émouvante vivacité des dernières années de sa vie, Sylvia Galmot sait capter la beauté rare et singulière de chacune des femmes et de chacun des hommes qui lui ont fait confiance. Cette beauté qu’elle appelle leur vérité, cette petite lumière intérieure qui lorsque elle veut bien paraître peut émouvoir même un bloc de marbre. Mais sa fille demeure sa muse.

« Mathilda est très souvent présente dans mon travail. Parce qu’elle est là. Parce qu’elle est très photogénique. Si elle n’était pas ma fille, j’adorerais la photographier de la même façon. Elle prend très bien la lumière, elle pose bien… (silence) ça m’émeut de parler d’elle. 

On adore travailler ensemble, on s’amuse, on s’éclate. Ce sont des moments forts, des moments de jeu comme ceux qu’on partageait quand elle était petite. Quand je la photographie, je fais toujours attention. Je veux le meilleur, le plus beau pour ma fille, évidemment (sourire).

Mais comme pour les autres d’ailleurs. Je pense par exemple à la fille sur sa bicyclette, Judith, une vraie parisienne, dont on voit un peu les fesses magnifiques, je veux toujours que ce soit élégant, pudique, réservé, émouvant. J’ai fait avec elle comme avec ma fille (sourire). » 

Sylvia Galmot-mère et fille-ParisBazaar-Marion©Jean-Marie Marion

Sylvia Galmot n’a pas fait un matin le choix de la photographie, c’est la photographie qui l’a choisie. Et qui sans doute l’a sauvée. On comprend qu’un drame survenu dans ses plus jeunes années l’a brisée. Elle était alors au cours Florent, elle voulait être comédienne. Le choc a éteint sa voix.

Avec son premier Nikon, elle a trouvé comment s’exprimer à nouveau. On ne sait pas ce qui l’a blessée, on mesure simplement le chemin qu’elle a dû parcourir. La photographie lui a permis de sourire aux jours d’après. La tendresse, la bienveillance qu’elle porte à ses modèles, on pense notamment à ce travail remarquable de sensibilité sur les transgenres, comme son souci constant de les rendre beaux à eux-mêmes, sont éloquents.

Ils disent son talent, certes. Ils disent aussi qu’en refusant de se laisser ensevelir par l’obscur de sa douleur, en faisant au contraire  le choix d’embellir les vivants, Sylvia Galmot a trouvé la force de continuer à écrire son histoire avec sa propre lumière. Elle ne change pas le monde. Elle le rend simplement plus aimable et plus beau.

O.D

La Parisienne, le Cinéma… Prenez le temps de découvrir le travail de Sylvia Galmot.

Comment ?… Comment ça, comment ?

En allant visiter son site. Tout simplement !

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