Juliette Greco qui s’en va. Midnight Oil qui revient. Marylin Manson aussi, même s’il était parti moins longtemps. Ainsi va la vie et les jours qu’elle nous offre. Ce n’était jamais qu’une semaine en septembre.
Quelle sale semaine ! Notamment pour le Sud avec la fermeture totale des bars et des restaurants, des inondations, l’O.M. qui lance un label de rap baptisé O.M. Records. Bref, le Sud pour qui rien ne va. Au Nord c’est pas mieux, avec la chute brutale des températures, les embouteillages qui s’amplifient, les bars qui vont devoir fermer à 22h. C’est pas beau tout ça. Pas beau non plus, mais ça c’est pour tout le monde, le fait de se coltiner des masques qui font mal au nez pendant encore quelque temps, y compris à 2h du mat’ dans une rue sombre où il n’y a personne…
Le point d’orgue de cette sale semaine aura été Juliette ! Non mais franchement, pourquoi elle a fait ça ? Se barrer sans crier gare, soudainement. Ben non Juliette, fallait pas ! T’avais pas le droit. Quoi, son âge ? Non, l’âge d’une dame, ça ne se révèle pas…
Pardon ? De qui je parle ? Evidemment qu’il s’agit de Juliette Gréco ! Pas le genre de la maison de raconter sa vie ici. En plus, on connaît même pas de Juliette, alors bon… En tout cas, l’icône de Saint-Germain-des-Prés, la Belphégor légendaire avec son maquillage noir qui aurait pu inspirer bon nombre d’artistes gothiques, l’ex de Miles Davis, Sacha Distel, et Michel Piccoli, a décidé de retrouver ses amis Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Léo Ferré, et Serge Gainsbourg notamment.
Elle qui avait repris Jolie Môme de façon sublime, même si la version de Léo Ferré, son interprète originel, reste indéboulonnable (oui, c’est subjectif…). Elle qui avait chanté de façon folle Déshabillez-Moi, avec sa voix grave et fantasmatique, sa sensualité hors normes. Chaque fois qu’elle l’interprétait, on n’avait pas envie de la déshabiller mais de lui arracher ses fringues. Et que dire de son interprétation de La Javanaise, chanson que Gainsbourg lui écrivit et lui donna lors de son retour des Etats-Unis en 1962 où sa carrière ne connut pas le succès escompté ? Là encore, sa voix rendait fou.
Beaucoup plus tard, elle n’avait pas hésité à se renouveler, à travailler avec des artistes comme Christophe Miossec, Olivia Ruiz, Benjamin Biolay, Abd al Malik, Guillaume Gallienne, ou des auteurs aussi divers que Philippe Solers, Amélie Nothomb, ou encore Marie Nimier.
Juliette Gréco savait innover, aimait se remettre en question. Elle était toujours là où on ne l’attendait pas, comme lorsqu’elle joua aux côtés d’Orson Welles dans Drame Dans Un Miroir en 1960 ou quand elle fait une brève apparition, que l’on pourrait qualifier d’évidence, dans le remake de Belphégor Ou Le Fantôme Du Louvre, long-métrage sorti en 2001 avec Sophie Marceau et Michel Serrault.
Juliette Gréco aimait surprendre. Sauf que sa dernière surprise nous laisse un goût amer. C’était mercredi, un 23 septembre 2020, en début de soirée. Il pleuvait des cordes. À moins que ce ne fussent des larmes… Juliette Gréco s’en est donc allée. On n’a pas fini de rêver d’elle.
La vie continue. Certains autres artistes nous font difficilement oublier ces terribles moments. Mais ils peuvent tout de même y arriver. C’est le cas de Midnight Oil. Le groupe de Peter Garrett, le géant aux danses d’épileptique sous triphasé qui se coiffe avec une Spontex, s’apprête à sortir un mini-album de sept titres. Certes, ce n’est pas beaucoup mais quand on sait que les Australiens n’ont pas sorti le moindre morceau depuis 2002 et l’album Capricornia, ben on se réjouit tout de même! T
he Makarrata Project sortira le 30 octobre. Une pléthore d’invités, dont un sample de la voix de l’artiste australien indigène Gurrumul Yunupingu, interprète d’une sorte de folk aborigène décédé en 2017, figurent sur ce mini-album dont le thème reste l’écologie, la fraternité, et la défense des aborigènes. Il suffit d’écouter Gadigal Land, le premier single sorti début août pour réaliser que The Oils n’a rien perdu de sa rage, de son engagement, et de son rock teigneux. C’est du pur Midnight Oil. Vivement le 30 octobre.
Enfin, un dernier mot au sujet d’un revenant : Marilyn Manson. Trois ans après Heaven Upside Down, Manson revient avec We Are Chaos, le digne successeur de Mechancial Animals, l’album grâce auquel il a connu un succès planétaire en 1998. Marilyn se remet au Glam, avec des accords de guitare majeurs, parfois presque guillerets.
Sur ce coup-là, on ne peut pas franchement dire qu’on s’y attendait, vu la noirceur des précédents albums. Manson semble avoir repris du poil de la bête tout en calmant ses ardeurs et en se calmant un peu, sans doute aussi, sur la dope. Même si on aime le côté violent et vengeur de l’Antechrist Superstar, We Are Chaos est une vraie belle surprise avec des références évidentes à Bowie, Iggy Pop, ou à Type O Negative pour le côté sombre. On plonge dans le chaos et on en ressort heureux.
Laurent Borde