Maintenus ? Reportés ? Il est temps de faire le point sur les festivals. Certains vont tenter le coup. D’autres pas, au risque de voir leur avenir s’assombrir. C’est l’été de tous les dangers pour la musique live.
L’été approche et les festivals aussi… Du moins normalement ! D’habitude à cette époque, beaucoup d’entre nous se préparent à assister à un ou plusieurs festivals. Qu’ils se réjouissent, contrairement à l’an dernier de nombreux évènements sont maintenus.
C’est le cas, pour le moment, de Rock En Seine. Les organisateurs laissent planer le doute en affirmant que le festival parisien aura lieu les 27, 28, et 29 août, au Domaine de Saint-Cloud. Seul problème, à trois mois de l’ouverture des portes, aucune programmation n’est annoncée.
Seule certitude, Rage Against The Machine, prévu l’an dernier, ne sera pas à Paris fin août. Faut dire qu’écouter Rage Against The Machine assis sur une chaise de camping pourrie, sans boire de bière, avec un masque sur le visage, c’est franchement… impossible !
Autre festival à se maintenir, et non des moindres, Les Vieilles Charrues. Le plus grand festival de France, qui avait atteint 280 000 personnes sur quatre jours en 2017, a décidé de maintenir le cap malgré les fortes restrictions sanitaires. Mais là encore, la tête d’affiche prévue en 2020, en l’occurence Céline Dion, ne sera pas de la partie.
La hurleuse québécoise devra attendre 2023 pour venir avec un tas de valoches afin de porter les biffetons totalisant environ un million d’euros, correspondant au plus gros cachet de l’histoire des Vieilles Charrues. Une valeur sûre ceci dit, dont les 5500 tickets s’étaient vendus en neuf minutes !
En compensation, du 8 au 18 juillet, les spectateurs, au nombre de 5000 par soir, pourront assister assis aux prestations de Vianney, Yseult, ou encore Woodkid… Et tout ça sans alcool ! Une performance. Heureusement, il y aura aussi Stephan Eicher ou Christophe Miossec, le régional de l’étape.
Parmi ceux qui persistent, il y a aussi le Printemps de Bourges. Programmé habituellement sur une semaine, entre fin avril et début mai, le festival est repoussé du 22 au 27 juin. Jean-Louis Aubert devrait ouvrir le bal. Il sera notamment suivi de Catherine Ringer, La Grande Sophie, ou encore Sébastien Tellier. Alain Souchon participera à la journée de clôture.
Le chanteur d’Ultra Moderne Solitude ne va d’ailleurs pas chômer cet été puisqu’il sera aussi aux Francofolies de La Rochelle. Le plus grand festival de musique francophone créé par Jean-Louis Foulquier au milieu des années 80, devra aussi respecter des consignes sanitaires strictes avec des spectateurs assis qui pourront trop calmement applaudir de nombreux et différents artistes comme Jean-Louis Aubert (partout également !), Louis Chédid, Keren Ann, et Jane Birkin. En bonus, deux cartes blanches à Francis Cabrel et à Vitaa et Slimane (si si !).
De nombreux autres festivals restent debout cet été. Parmi eux, le Brive Festival, We Love Green, Les Nuits de Fourvière, Le Cabaret Vert (rebaptisé Face B avec un côté plus écolo), la Magnifique Society, ou le Festival de Nîmes. Ce dernier se tiendra sans tête d’affiche internationale. Il faudra attendre l’an prochain pour voir Kiss, Deep Purple, Foo Fighters, Sting, et Nightwish.
D’autres grands festivals ont préféré plier les gaules en attendant des jours plus souriants. Le premier d’entre-eux, c’est Solidays. Cette année encore, l’événement d’intérêt public, consacré à la lutte contre le sida, restera silencieux. Espérons simplement que, malgré sa trésorerie déficitaire de plus de 3 millions d’euros, Solidays survivra et pourra continuer son action essentielle mêlant santé, dons aux associations, et bien être. L’organisation plancherait actuellement sur diverses actions, principalement prévues aux dates du festival, entre les 18 et 20 juin, afin de récolter des dons.
Autre annulation qui fait du bruit, celle du Hellfest. Reconnu comme un des plus grands et meilleurs festivals européens consacré aux musiques extrêmes, il est annulé pour la deuxième année consécutive. Les organisateurs ont eu beau demander la compréhension et la clémence du ministère de la Culture, ça n’a malheureusement strictement servi à rien. Leurs requêtes semblent avoir été balayées d’un simple revers de manche de chemise ou de tailleur Chanel…
L’année 2020 devait être marquée par le quinzième anniversaire du festival avec une affiche énorme comprenant Korn, Faith No More, Sepultura, Judas Priest, ou encore System Of A Down. En attendant, comme l’an dernier, un Hellfest virtuel, baptisé Hellfest From Home, aura lieu aux dates initialement prévues du festival, du 17 au 20 juin. Reste à espérer que les metalleux, punks, et goths pourront à nouveau s’éclater, picoler, et assister à des concerts extraordinaires sur les terres de Clisson entre le 17 et le 19 juin 2022.
La communauté reggae risque elle aussi d’être triste cette année. À Vertheuil, le renommé SunSka Festival, ex-Reggae SunSka, a décidé de jeter l’éponge. Créé en 1998, il s’est transformé en 2005 en festival plutôt éco-citoyen, se définissant même comme un « festival durable ».
Reconnu comme un des plus grands festivals européens pour les amateurs de reggae, et des musiques tournant autour de ce genre musical, il a accueilli Madness, the Selecter, Touré Kunda, The Skatalites, Steel Pulse, ou Toots And The Maytals, autrement dit les plus grands artistes du genre, lors de ses éditions précédentes.
En remplacement, plusieurs animations sont prévues, dont la tournée des plages du SunSka, avec des concerts gratuits sur les plages et dans les bars de la Côte Atlantique, permettant de se détendre près des vagues, dans une ambiance enfumée et amicale.
De nombreux autres festivals, et non des moindres, comme l’Electrobeach Music Festival de Barcarès, le Bagnols Reggae Festival, l’Ardèche Aluna Festival, le Festival du Chant de Marin, Lollapalooza, ou Garorock, qui devait fêter son quart de siècle, ont aussi décidé de ne pas ouvrir leurs portes.
Pour ce qui est du jazz, hormis Jazz dans le Bocage, qui devait avoir lieu mi-mai, quasiment toutes les manifestations prévues vont avoir lieu, parfois sous des formes légèrement modifiées. La plupart du temps, les spectateurs jazzeux restent assis à l’écoute de leurs musiciens favoris. Hormis les jauges, les codntions sanitaires strictes ne changenet pas grand chose.
Enfin, rares sont les festivals de musique classique annulés. À la quasi-exception du Printemps de la Grange qui devait avoir lieu mi-mai à Evian, la plupart des autres événements de classique vont logiquement avoir lieu, souvent sous des formes modifiées. Ce sont probablement les seuls événements où rester assis sur une chaise sans boire une bière est de coutume…
En même temps, faire un headbanging en smoking sur La Flûte Enchantée de Mozart…
Laurent Borde