Paroles de Gérard, musiques de Manu, avec Ici-Bas, les Lanvin racontent le monde tel qu’il est et surtout tel qu’il pourrait être. Du beau, du bon, du blues. Du sensible et de l’espoir !
Il y a cette femme qui a appelé à l’aide mais dont personne n’a voulu écouter les cris. Plus loin, il y a ce p’tit gars qui grandit de travers et qui pourrait bien vieillir tordu. Il y a aussi cet homme devenu brutal et sauvage d’avoir trop subi à qui un jour de manif offre de tout faire basculer. Et cet autre qui se demande comment vivre et continuer à rêver dans le monde hyperconnecté qu’on lui impose, où l’algorithme omniscient fait les reines du bal et les rois du jour tout en réduisant chaque fois un peu plus les frontières de l’intime…
Ce sont des histoires de vie comme autant de pièces d’un même grand puzzle. Les couleurs et les motifs d’un même tableau, qui dépeint une époque aux contours parfois aussi inquiétants qu’incertains. La nôtre. Et celui qui raconte le siècle encore jeune, vingt ans à peine, c’est Gérard Lanvin. Un sage en hiver dont les printemps déçus n’ont su entamer ni la verve, ni les rêves.
Souvent, il a donné de la voix. Aujourd’hui, il chante. Et on oublie l’acteur qu’on aime pour ne plus voir que l’homme qu’on reconnaît en frère. Avec Manu, son fils aîné devenu l’une des grandes pointures du blues, ils ont eu la très belle idée d’un album ensemble. Ici-Bas, bien nommé autant que bien né.
Dix morceaux qui disent le monde tel qu’ils le voient. Tel qu’il est, chacun ses remparts, chacun ses prophètes. Surtout, le monde tel qu’ils l’espèrent et tel qu’il pourrait être si on voulait bien changer la couleur des murs. Tant qu’à bien faire, si on les faisait tomber.
« Je ne suis pas un mec en colère, malgré ce qu’on peut croire, explique Gérard, je suis un mec qui fait des constats. Et cet album, « l’An Vingt », c’est un constat social… Avec ce Covid qui nous a tous mis dans des situations compliquées, on a eu le temps de prendre du recul sur le contexte social dans lequel on est depuis un grand moment… « Prends un pas de recul et tu auras l’avantage » … Il se trouve que Manu a écrit dix musiques, et que j’ai pu mettre des mots là-dessus parce que j’avais des mots à dire… Ça tombait bien… Les circonstances ont décidé de cet album…
C’était important de donner des clés, poursuit Manu, et passé le temps du constat, de revenir à des choses essentielles… On parlait de bienveillance tout à l’heure, on parlait d’amour, d’énergie positive, nous quand on fait un album c’est juste pour donner un peu de plaisir aux autres et en recevoir en échange certes, mais il faut donner des clés ! Il ne faut pas juste faire un constat et se barrer en disant : « Démerdez-vous ! » (sourire)
La musique aide beaucoup déjà à arrondir les angles et je suis très content du dernier titre qui vient clôturer l’album, « Donne un peu de ton Amour » , où Gérard, parce qu’il a ça en lui, donne des clés et revient à l’essentiel justement, comme l’amour, le respect, la reconstruction ensemble, la tolérance…
Des valeurs basiques mais qu’on n’entend plus trop forcément puisqu’aujourd’hui, sur le net, partout, tout n’est que division… C’est bien de revenir à l’unité, de redéfinir ce que c’est et ce que ça veut dire qu’être ensemble et faire les choses ensemble…
Il peut être critiqué cet album, ajoute Gérard, par des gens qui n’ont pas la sensibilité qu’on a aux valeurs humaines… Moi, j’ai cette option-là et je pense que c’est ça qui va sauver l’histoire, et l’histoire je la joue en sachant qu’il y a beaucoup plus de mecs bien que de salopards… Donc, il suffit juste de se parler, de se réunir…
C’est ce qu’on a fait avec Abd-al-Malik aussi… C’est un grand privilège d’avoir été crédibilisé par lui dans les mots que j’ai écrits (sur « Ici-Bas » la chanson titre de l’album-ndlr), parce que c’est quelqu’un que j’estime et quelqu’un qui se bat pour la réunion et la force qu’on peut avoir tous ensemble à partir du moment où on y croit…
Il y a Abd-al-Malik, il y a aussi Johnny Gallagher, précise Manu, qui fait partie un peu de mon environnement naturel… C’est un bluesman , un rock’n’rolleur, on s’est beaucoup croisés sur les scènes, sur les gros festivals de blues partout en Europe… On est devenus des potes parce qu’on devient pote avec ceux qu’on croise sur la route… On est des itinérants, on est toujours sur la route, même si on l’est un peu moins depuis quelque temps (sourire)…
Et j’avais envie aussi d’amener la vision de quelqu’un qui vit dans un autre pays. Effectivement, dans la chanson « Entre le Dire et le Faire » (chanson co-écrite par Gérard Lanvin et… Francis Basset ! Talentueux parolier et fameux Rock’n’Râleur de Paris Bazaar-ndlr), on parle de notre dernier quinquennat mais j’avais envie de glisser à Gérard : « Tu sais, partout c’est la même guerre ! » Ce qu’il reprend d’ailleurs dans le dernier refrain…
Et c’était bien que Johnny Gallagher nous donne aussi la vision de son propre pays, comment il est dirigé… Lui qui voyage partout et qui voit quand même, mine de rien, à chaque fois les mêmes schémas. »
Avec Ici-Bas, Gérard Lanvin parle d’une voix éloquente, forte et sensible. Et jamais sans doute, il ne s’était à ce point livré. Jamais encore, il n’avait autant partagé et transmis. Après tous ces films à être un autre, il s’est finalement attaqué au plus difficile et au plus risqué de ses rôles. Avec les mots et les élans qui sont les siens, celui de l’homme qu’il est. Un homme qui tient son cap.
« Je ne cherche pas à être le mec qui a raison sur tout et surtout raison. Je cherche à être un mec qui a des convictions et j’ai ces convictions-là, donc elles sont faciles à tenir les histoires… À partir du moment où on me les a transmises aussi… Mon père était un homme de valeurs…
Et j’ai appris dans l’existence que j’ai eue, maintenant elle compte puisque j’ai soixante-dix balais (sourire), à être correct avec les histoires qu’on me proposait de vivre, et de ne pas me laisser déborder par des choses inutiles…
Acteur de cinéma, pour moi, c’est une expérience, ça n’est pas un métier. Si c’était un métier, on le ferait tous les jours. Tout en sachant le faire, c’est une expérience, ce sont des moments de vie qu’on partage avec d’autres gens… Il faut pas se prendre « pour », voilà, c’est tout bête. À partir de là, t’es peinard… Quelque part, ta tête va bien si tu ne te prends pas « pour ». Et moi, mon cap, c’est de ne pas me prendre « pour »…
Je circule au milieu des autres en étant en contact avec eux, j’y tiens. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu aller dans ce système qui t’oblige à être coupé des autres en te prenant « pour »… Moi, je suis quelqu’un de libre, avec ce que ça comporte de punitions, parce qu’on te punit d’être libre… Je suis comme je suis… Si les uns m’aiment bien, tant mieux. Si les autres m’aiment pas, tant pis… C’est comme ça.
Pour moi, c’était important qu’il se raconte, confie Manu. D’ailleurs, l’inspiration que j’ai eue, ces dix titres que j’ai composés en une nuit, c’est venu d’une petite soirée qu’on avait organisée pour Dani, la chanteuse, qui fait partie un peu de la famille…
Je voyais Gérard parler comme il le fait souvent et je me suis dit : « C’est cool, qu’il se livre comme ça, dans le cercle familial mais je pense que ce serait intéressant que ses mots, ses phrases, ses réflexions, son émotion puissent aussi voyager »… Et pour moi, la musique c’est le meilleur vecteur, la musique voyage sans qu’on soit obligé de voyager.
J’ai pensé qu’il y avait peut-être des mômes, des adultes, des gens un peu égarés ou qui ont besoin de savoir s’ils appartiennent à cette tribu dont on fait partie, pour entendre les paroles de Gérard… Je me suis dit qu’il fallait mettre tout ça en musique et c’est ce qui s’est passé.
Je suis rentré dans le studio qui est juste à côté (le studio la Chocolaterie, à Paris-ndlr) et l’ébauche de l’album, les morceaux, la track-list, j’ai tout composé en une traite (sourire)… Le lendemain, je l’ai appelé. Je lui ai dit ; « Tu va sortir tes carnets de notes et on va coucher tout ça ! »
Parce que ses thèmes, le social, les gens qui sont dans la merde, la guerre… Tout ça, ce sont des sujets que j’ai entendus toute mon adolescence et je pense qu’il était temps maintenant de laisser une sorte de testament, notre évangile à nous (sourire)… C’est ce qu’on a fait avec cet album…
Oui, il m’a ému… Énormément… Notamment avec « Mon Héroïne », cette chanson pour Jennifer, ma maman… Elle est dans l’ombre et elle souhaite le rester mais je trouve que c’était bien de le voir aussi se livrer là-dessus… Sur quelque chose qu’il n’a jamais livré à personne… Il le fait encore avec pudeur dans cette chanson, ça va bien avec l’homme qu’il est (sourire)…
Celui qu’est devenu Manu est plutôt pas mal non plus. Lui aussi a fait le choix d’aller où sa vérité le portait, sans trop prêter l’oreille aux jeteurs de sort. Cet album avec Gérard comme les siens avec les Devil Blues, il l’a produit seul, sans demander la permission à un directeur de major qui n’aurait d’artistique que l’intitulé sur la carte de visite.
Il dit d’ailleurs qu’il ne faut pas écouter les maisons de disque. Il l’aurait fait qu’il serait passé à côté de Calvin Russell, Beverly Jo Scott, Poppa Chubby ou Paul Personne qui tous l’ont reconnu comme un des leurs. Surtout, en laissant à d’autres le soin d’écrire l’histoire, il serait passé à côté de la sienne.
« Oui, il avance droit Manu, depuis longtemps… Tu sais, il avait six ans, se souvient Gérard, je lui prenais la main pour aller à l’école, il me la lâchait en me disant dans l’oeil :« Je suis assez grand pour pas me faire écraser (sourire). » C’est quelqu’un qui a du tempérament.
Il a commencé la guitare avec celle de « Marche à l’Ombre », avec laquelle il joue encore, qu’il a trouvée dans un coin de la maison parce qu’on me l’avait offerte. Moi, j’avais souffert dessus pour apprendre trois accords, je lui ai dit : « Prends la, mais ferme les portes ! » (sourire)
Et quand je vois le niveau qu’il a atteint, quand je vois la première partie d’Hallyday dans les Arènes de Nîmes, quand je vois tout ça… je suis ému et très fier. Et en même temps, j’ai beaucoup d’admiration… D’ailleurs, c’est l’admiration artistique que j’ai pour lui qui m’a fait faire cet exercice…
Je ne serais pas allé vers un mec que je n’aurais connu ni des lèvres ni des dents qui m’aurait dit : « Tiens, ça vous dirait de chanter ? » Je lui aurais dit : « C’est une blague ?! » Là, j’ai pris ça au sérieux parce qu’artistiquement l’homme est sérieux. Et rigoureux. »
Si le cinéma l’a rendu heureux et continue à faire son bonheur, la musique offre à Gérard Lanvin des joies nouvelles. Ici, il n’est pas dans « le costard du rôle » mais dans le sien, tout à « la vibration heureuse de l’énergie » . Avec Manu, ils n’attendent plus que de reprendre la route.
De leur aïeul maternel qui était forain, ils ont reçu en partage le goût du voyage et les semelles de vent. Alors, quand après ces trop longs mois d’enfermement reviendra le temps de vivre vraiment, ils iront sur scène porter la bonne parole de leurs chansons. Avec vous, ils prolongeront le plaisir simple et unique d’être et de jouer ensemble.
Le triste virus n’a pas su les faire taire, bien au contraire. Manu ne l’a d’ailleurs que trop bien compris : « D’une tuile, il faut faire une maison ! » Vous allez aimer habiter celle qu’ils ont su bâtir.
O.D
« Ici-Bas » , le premier album de Gérard Lanvin/Gel Production. En vente libre chez tous les bons disquaires et sur toutes les bonnes plateformes le 21 mai !
Je vous aime Mr Lanvin, je vous ai toujours aimé et je vous aimerai toujours. Merci d’être la belle personne que vous êtes. Un fils super c’est normal avec un papa tel que vous. MERCI❤️